24. Highway To Hell

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Le transport des âmes au paradis n'a pas pris beaucoup de temps. Dix minutes ? Quinze ? Pas plus. Il faut dire qu'il a délégué ce travail à beaucoup de faucheuses, ne voulant pas que cette tâche lui prenne toute la journée. Il n'a plus grand-chose à faire ces temps-ci mais devoir faire ce qu'il fait le saoule, le fatigue, l'insupporte. Surtout lorsqu'il repense à sa vie d'avant et à toutes ces choses qu'il manquera dans le futur.

T'es la Mort mec, tu t'attendais à quoi ? pense-t-il en soupirant pour la millième fois depuis trente secondes.

Il s'attendait à rien, justement. Il n'a pas réfléchi à ça. De toute façon, s'il l'avait fait, peut-être qu'il aurait hésité et pour toutes ces vies qu'il a détruites à cause de ses décisions, il se devait de prendre cette décision.

Il se demande parfois ce que deviennent Eren et Levi. Ce dernier est-il redevenu celui qu'il était ou bien ce rôle qu'il a dû endosser l'a-t-il changé à jamais ? Sont-ils heureux ensemble ?

Je devrais retourner les voir un jour, se dit-il en même temps qu'il entreprend de poursuivre le transport des âmes mais cette fois en Enfer. Il ne lui en reste plus beaucoup, les faucheuses étant visiblement très performantes. Il faut dire qu'il est très convaincant en leader...

Dean sourit, fier. Il finit son « travail » et décide de rester un peu en Enfer histoire de vérifier certaines choses.

Cet endroit porte tellement bien son nom ! Il suffit de sentir cette odeur putride pour comprendre qu'on y est. Mélange de brûler, de sang, de merde, de vomit, d'humidité et d'autres trucs indéfinissables qui vous hante les narines jusqu'à la fin de vos jours. Il y a aussi les murmures, les cris, les pleurs... Bref, un bon cocktail pour passer un excellent moment.

Mais le pire c'est l'atmosphère. Elle vous étouffe, vous prend les tripes pour ne plus vous lâcher. Lorsque vous pénétrez en Enfer, que ce soit pour une courte visite ou pour y passer le restant de vos jours, vous savez que vous ne sortirez pas le même. Car c'est comme-ci tout le Mal inimaginable était réuni dans ce lieu et que vous le ressentiez. Vous devenez parano, vous paniquez, vous devenez...fou.

Du moins c'est ce que Dean ressentez avant. Aujourd'hui, aller en Enfer est comme aller faire ses courses. Ça ne lui fait rien. Heureusement étant donné qu'il passe le plus clair de son temps à faire des sauts entre le Paradis et cet endroit.

-- I'm on the highway to hell ! On the highway to hell ! chantonne-t-il en parcourant les couloirs du repère du Diable.

Il y a des portes à certains endroits. D'ailleurs il ne les avait jamais remarqué avant. Peut-être parce qu'il n'avait jamais voulu s'attarder ici ?

La curiosité est un de ses vilains défauts. Il a beau se dire que derrière l'une d'entre elles pourrait se trouver les chiens de l'Enfer voir autre chose de plus bizarre et puissant, il ne résiste pas à l'envie de s'en approcher, surtout après avoir reconnu le nom inscrit sur la plus proche.

Est-ce qu'il est possible que...?

-- Non. Impossible, dit-il à voix haute en faisant coulisser un panneau sur la porte.

Une petite fenêtre apparaît, lui permettant de jeter un œil à l'intérieur. Ce qu'il aperçoit lui fait écarquiller les yeux de surprise.

-- Dean Winchester ! Chez moi ! En mi casa ! In my home ! s'exclame une voix derrière lui, le faisant sursauter.

L'ancien chasseur se retourne, prit sur le fait et tente de garder contenance devant le roi de l'Enfer qui s'approche de lui avec un grand sourire.

Ce dernier lui donne une franche tape sur l'épaule.

-- Inutile de te dire de faire comme chez toi, on vit un peu en coloc' tous les deux pas vrai ? demande-t-il d'un air moqueur. On est d'ailleurs de plus en plus proches toi et moi !

-- Arrêtes ça, tu sais très bien que je te tuerais à la première occasion Lucifer, le menace Dean en serrant les dents.

L'homme soupire.

-- Tant de blabla et si peu d'action... (Il regarde à travers la porte et daigne un regard sadique vers Dean.) Au cas où tu te le demandais, oui, c'est bien Hitler. J'ai chargé un de mes démons de le torturer à mort toute la sainte journée et tout ça, sous l'apparence d'un Juif gay.  Voilà pourquoi il beugle comme un âne. 

Il referme la trappe et se met à marcher, invitant Dean à le suivre.

-- Mais tu n'es pas là pour ça j'imagine. Sauf si tu as décidé de reprendre du service...

-- La ferme ducon ! s'exclame le Winchester en serrant les poings. Je viens m'assurer que t'as faits ton boulot et que Méphistophélès n'est pas prêt de se barrer d'ici.

-- Tu peux me faire confiance Dean, il n'a aucune chance de s'envoler.

-- Te faire confiance ? J'espère que tu plaisantes !

Lucifer hausse les épaules, un sourire en coin. Il ne répond pas et continue de déambuler dans son repaire, tel le maître des lieux qu'il est. Dean garde le silence, se demandant comment il a pu en arriver là. C'est vrai quoi ! Il travaille pratiquement avec Satan maintenant ! Et pourtant avec tout ce qu'il leur a fait subir...

-- Hé Mémé ! Regarde qui est venu s'assurer que tu souffres mille tourments ! s'exclame soudain le roi de l'Enfer, ramenant Dean à la réalité.

Ce dernier tourne la tête vers ce que Lucifer regarde et...explose de rire. Réaction étonnante qu'il ne s'imaginait pas avoir dans un pareil endroit, dans une pareille situation, face à pareils individus mais il faut dire que la scène sort tout droit d'une comédie.

En effet, dans une pièce ressemblant fortement à une salle de trône façon Game of Thrones, Méphistophélès est habillé en femme de maison. À quatre pattes, il éponge le sang qui jonche le sol, les chevilles solidement attachées par des chaînes plantées dans le mur.

-- Tous les jours je le laisse nettoyer son propre sang, explique Lucifer sadiquement. Je trouve ça très...cocasse.

Un cri de rage venant de la part de l'esclave emplit la pièce alors qu'il s'arrête momentanément de travailler. Il lance un regard noir vers Dean mais ne dis rien.

Le Winchester lui fait d'ailleurs un coucou de la main tout en lançant un : "chouette tenue !" remplis d'humour.

Mephistopheles fulmine et Dean fronce les sourcils, surpris de ne pas l'avoir entendu protester. Ce n'est que lorsque Lucifer s'approche de sa nouvelle victime pour le prendre par l'oreille en lui intimant de reprendre son travail et qu'il lui brûle les yeux d'un simple claquement de doigt que l'ancien chasseur comprend.

-- Maintenant tu n'as plus qu'à te servir de ton flaire pour nettoyer la moindre trace de ton sang de petit furet arrogant, lâche Lucifer en envoyant valser son esclave d'un coup de pied. (Il revient vers Dean et le pousse gentiment vers l'extérieur de la pièce, un sourire taquin sur le visage. Puis s'explique :) Je lui ai arraché la langue et la lui ai fait manger en petit morceau. J'en avais marre de l'entendre psalmodier des paroles sans queue ni tête.

Dean grimace et se tourne vers Mephistopheles, heureux de ne pas être à sa place mais pas vraiment rassuré de le savoir encore vivant.

Le roi de l'Enfer pose soudain une main sur son épaule, attirant l'attention du Winchester qui se dérobe à son geste.

-- Tu vois, commence l'homme, il ne risque pas de sortir d'ici de sitôt. Je suis son geôlier personnel.

Ces paroles qui avaient sûrement pour but de le rassurer, inquiètent encore plus Dean qui plonge son regard dans celui de Satan.

-- C'est bien ce qui me fait peur...

I Am DeathOù les histoires vivent. Découvrez maintenant