I Am Death

11. QI Apocalypse

-- Winchester, taisez-vous ! Vous faites baisser le QI de toute la ville !

Dean se tait, ravalant sa fierté sous le regard moqueur du Docteur. Il serre les dents et recule, s'éloignant du célèbre détective par crainte d'envahir son palais mental de ses ondes négatives.

Ducon.

Il croise les bras et s'appuie contre un arbre, n'ayant plus aucune envie d'intervenir et de proposer ses idées. Après tout, son QI est inférieur à la moyenne non ? Qu'ils se débrouillent entre intellos !

Ils sont à Baskerville depuis presque deux heures, essayant de résoudre cette affaire qui semble laisser du fil à retordre à Sherlock Holmes lui-même. Des chiens de l'Enfer ont été signalés dans cette partie de la forêt mais le détective n'y croit pas. Il cherche une explication logique et rationnelle tandis que le Docteur penche pour un extraterrestre. Quant à lui, son opinion est déjà faîtes, ayant déjà eu affaire plusieurs fois à ces molosses bouffeurs d'âmes.

-- Sherlock est comme ça. Il ne faut pas lui en vouloir, le rassure Watson en venant lui tenir compagnie pour observer la scène étrange qui se déroule à quelques mètres.

À savoir : un débat entre le Docteur et Sherlock Holmes.

-- Je sais, répond Dean qui ressent soudainement un profond respect pour l'homme à ses côtés. Je me suis toujours demandé comment vous faisiez pour le supporter.

John sourit.

-- C'est drôle, vous parlez comme-ci vous nous connaissiez.

Dean aimerait lui dire à quel point il a raison mais se retient et répond à son sourire.

-- C'est une façon de parler. Ces deux heures avec eux m'ont simplement semblé longues...

-- C'était pareil pour moi lorsque j'ai commencé à suivre Sherlock sur ses enquêtes. Enfin, c'est surtout lui qui m'y a entraîné pour une raison que j'ignore encore. Mais chaque fois il avait ce mot pour blesser et j'avais envie de lui briser tous les os en les nommant un par un...

-- Plutôt violent, commente Dean en riant.

Watson rit avec lui.

-- Il faut dire qu'il est insupportable quand il s'y met. (Il rit encore puis garde le silence un moment avant de reprendre plus sérieusement :) Mais il est très attachant aussi. Il faut juste apprendre à le connaître et ne pas hésiter à intervenir quitte à ce que notre ego en prenne un sacré coup.

-- Comme le mien il y a dix minutes, lâche Dean.

-- Parfois c'est pire, répond John en haussant les épaules.

Le silence s'installe entre eux tandis que les voix de Sherlock et du Docteur leur parviennent en fond. Ils continuent d'émettre des hypothèses, le détective hurlant par la même occasion à tout le monde de la fermer. Mais avec le charabia du Docteur à côté de lui, ça semble impossible qu'il puisse se concentrer un jour.

--...Il y a quelque chose qui ne va pas avec cette affaire, réfléchit-il en faisant les cent pas. Ce n'est pas logique. Il y a un élément qui ne colle pas. Un élément que je n'ai pas pris en compte, mais lequel ?

--...c'est comme une espèce de...wibbly wobbly timey wimey qui influerait sur le comportement humain, dis le Docteur de son côté. Et je pense pouvoir dire que si nous recherchons la solution à ce problème en ne nous basant que sur des faits relatés à partir d'une conscience collective...

-- Je comprend rien ! s'exclame Dean.

-- Je vous rassure, moi non plus ! lui apprend John en souriant.

Sam les rejoint soudain en soupirant.

-- J'abandonne, j'arrive plus à suivre.

-- Moi qui pensais que la QI Apocalypse t'intéressait ! rétorque Dean amusé.

Son frère sourit, ce qui laisse penser à Dean que son humour n'est pas aussi mauvais qu'on aime le lui faire croire. Une discussion s'ensuit entre Sammy et Watson, mais il n'y prend pas part. D'ailleurs il ne les écoute même pas.

Il leur reste plus qu'un marche-rêve à trouver et la seule pensée qui lui vient est celle qu'il devra bientôt renfiler le costume de La Mort, se remettre dans la peau du cavalier et mettre un terme à la chasse.

Mais le pire c'est de penser qu'il laissera Sam. Et Castiel. Il va simplement reprendre sa vie, ses activités, faucher des gens comme si c'était normal...

Ce n'est pas possible, il le sait, mais s'il y avait une solution pour qu'il n'ait pas à rendosser ce rôle et surtout à ne pas interférer sur la vie d'un innocent en faisant ce choix, il abandonnerait.

Quittes à mourir. De toute manière en étant La Mort c'est un peu ce qu'il ressent à l'intérieur.

Il change, il n'est plus le même et seul Sam arrive à le maintenir en tant que Dean Winchester. Alors s'il repart, il redeviendra ce cavalier de plus en plus froid, de plus en plus...mort.

Il aimerait pouvoir rester là pour toujours, retirer cette bague qui, pour le moment n'a plus d'effet sur lui, mais sa conscience le rappelle à l'ordre. Il doit rentrer et plus tôt il rentrera, moins ce sera dur pour Sammy. Et moins ça le sera pour lui...

-- Dean ? Vous êtes avec nous ? lui demande soudain Watson en passant une main devant ses yeux.

-- Oui, pardon. J'étais dans mon palais mental, dit-il en souriant.

-- Toi ? Un palais mental ? Je serais curieux de voir à quoi il ressemble, se moque Sam.

Mais cette remarque sonne aux oreilles de Dean comme un rappel à la dure réalité à laquelle il faisait face dans ses pensées et sans le vouloir, sa réplique se fait plus brutale qu'il ne l'aurait voulu.

-- Crois-moi tu ne veux pas. (Devant la réaction de surprise des deux hommes, il se reprend et sourit.) Il est temps de calmer les deux intellos et d'intervenir !

Il se dirige vers le Docteur et Sherlock, toujours occupés à imposer leurs idées sans écouter celle de l'autre. Il les imagine soudain sur un ring, engagés dans un combat de catch, se demandant lequel des deux gagnerait.

S'interposant entre les deux hommes tandis que Sam et John se sont rapprochés pour admirer le spectacle et que, plus loin, Castiel observe des abeilles qui butinent, Dean s'exclame :

-- Vous n'avez jamais pensé que les chiens de l'enfer étaient de vrais chiens de l'enfer ? En chair et en os ? Au lieu de chercher une explication ailleurs ?

Aussitôt un échange de regards a lieu juste sous leurs yeux entre Sherlock, son ami et le Docteur. Sans que les Winchester ne s'y attendent, les trois hommes explosent de rire comme si Dean venait de raconter la blague du siècle.

Face à leur réaction, l'aîné des deux frères lève les yeux au ciel.

-- Après tout ce que vous avez vu dans ce monde vous ne croyez même pas à ça ?

-- Non, répondent le détective et l'alien d'une seule et même voix tout en continuant de rire.

-- Remarquez, ça pourrait faire un bon sujet pour mon blog, ajoute John en ayant l'air de réfléchir sérieusement à cette possibilité.

Sam se tourne vers Dean, un petit sourire en coin. Alors qu'il allait apparemment intervenir pour plaider la cause de son frère, Castiel se fige, réclamant à tous le silence.

Ce n'est que lorsque Dean le voit froncer les sourcils en se retournant et que des grognements viennent meubler le silence, qu'il comprend ce qui se passe.

-- Qu'est-ce que..., commence Sherlock.

-- Courez ! hurle Dean tout en sachant très bien que rien ne pourra arrêter les chiens de l'enfer.