Les démons du passé

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Quel dommage que tout cela ait cessé...

Je sens les larmes rouler sur mes joues. Me souvenir de mon enfance est si douloureux...

Les plaies du passé sont encore là, ouvertes, malgré les années durant lesquelles j'ai tant de fois essayé d'oublier.

Comme un couteau, inlassablement, les démons d'avant reviennent, comme des cauchemars que je tente en vain d'effacer de ma mémoire depuis si longtemps. Toujours plus nombreux, toujours plus forts...

Ils attaquent ma conscience, et ramènent à la surface les derniers souvenirs de quand j'avais encore la vue, avant de les effacer, sans pitié. Ils emportent avec eux les derniers instant de lumière, mes dernières visions du ciel, des oiseaux, des fleurs, des visages... tous... tous... mes... souvenirs...

En vain, j'ai repoussé mes démons... mais ils reviennent à chaque fois... Chaque fois... plus... nombreux...

Les larmes dévalent mes joues par centaine.

Avec volonté, je tente de recommencer à jouer. Mais mes accords sonnent faux, mes mains dérapent.

Dans un élan de colère, j'appuie de toutes mes forces sur le clavier, toutes touches confondues. Le son, la plainte du piano, résonne longuement dans ma tête.

Je me lève, et marche autour du piano en le caressant du bout des doigts.

Peut-être une sorte de rituel, pensais-je soudain, mais il me calme, et éloigne de moi les démons du passé...

-Protège-moi, mon beau piano, murmurais-je dans le vide, écarte les démons qui me rongent, soigne mon esprit...

Je prends une longue respiration et ri doucement.

-Merci, ajoutais-je, sentant que je me calmais.

Enfin sereine, je repose le couvercle sur les touches bicolores et range le tabouret.

-Je reviendrais peut-être dans quelques heures, dis-je à voix haute, comme s'il allait me répondre. Si j'ai de nouveau besoin de toi... mais si tu ne me revois que demain, c'est que tout va bien.

Je sourie, et quitte la pièce.

Dans le couloir, le parquet grince. J'ai mainte fois essayé d'imaginer la lumière blafarde de ce long et mystérieux couloir que mon père m'avait décrite, une fois.

Mais j'ai du mal à me rappeler ce qu'est « lumière »... le monde autour de moi est si sombre... si noir...

Je pose ma main contre le mur, simple précaution, puisque je connais cet endroit par cœur, mieux que n'importe quel autre lieu. J'ai tellement de fois traversé ce long couloir reliant la salle du piano au reste de la maison...

Repensant à la crise de colère et de tristesse que j'ai passé, je ri, et commence à trottiner en chantonnant.

Soudain, j'entends des voix. Je cesse mes gamineries, pour me porter mon attention sur ces voix, et me comporter en dame, comme on ma l'a appris.

Je me redresse, et lève légèrement la tête.

J'identifie rapidement la première voix, celle de mon père. Ce dernier était duc en Angleterre, mais est venu en France par amour pour ma mère, d'après ce qu'il m'a dit. Etant fille de noble, j'ai reçu une éducation digne de ce nom, jusqu'à ce que ma vue baisse, et s'éteigne après une impitoyable maladie.

J'ai continué à être éduquée, mais plus doucement, au ralenti, par insistance de mon paternel. Depuis ce jour où le monde est à mes yeux devenu un océan de noir, je ne suis plus qu'une petite chose fragile pour lui. Un objet de verre sur lequel il faut constamment veiller, sous peine qu'il se brise.

Mon père discute avec quelqu'un... quelqu'un dont je ne connais pas la voix. Ce peut-il que ce soit un inconnu ?

J'ai une excellente mémoire concernant les sons, car c'est tout ce que les démons n'emportent pas... mais cette voix ne me dit rien...

Très bien. Je sais quelle attitude prendre :

Inconnu est égal Prudence.

Je n'ai pas peur, mais je suis toujours prudente avec ce que je ne connais pas.

Toute l'attention dont je suis capable, je la porte sur cet inconnu.

-Vous le savez, duc ! Vous ne pouvez refuser ! La demande vient du Roi !crie t-il à mon père sur un ton que je n'aime pas. Violent, cinglant.

Mon père ne répond pas.

J'ignore de quoi ils parlent, mais ça ne peut être qu'important. Si ça vient du Roi, ce n'est pas une demande, mais un ordre.

J'essaye d'imaginer mon père dans cette étrange discussion, mais je ne parviens à me rappeler son visage... pour moi, il est devenu quelqu'un dont le visage n'existe pas vraiment, comme tous les autres.

-Duc, je vous ordonne de remplir ma demande !

Ils se rapprochent de moi...

Par peur d'être surprise en train d'écouter leur conversation, je m'enfuis vers salle du piano.

Juste avant de refermer la porte, j'entends l'inconnu dire à mon père :

-Je vous ordonne de me mener à votre fille !


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Excusez-moi pour la monotonie (c'est français?) de ce chapitre, je l'écris alors que j'ai 39 de fièvre, après deux heures de révisions pour le brevet blanc.

Vraiment joyeux.

Bref, j'avais jusque là tout bien noté sur papier, mais maintenant que je suis arrivée au bout de mes écrits... ben...

FREESTYLE TOTAL!!!

Je vais faire au rythme de mon inspiration.

C'est à dire que les prochains chapitres seront publiés de façon totalement aléatoire.

Ce qui était déjà un peu le cas.

Bonne lecture (pour quand la suite sera sortie...)

Allez, à plus!

Piano StoryWhere stories live. Discover now