Chapitre II.1

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Mon cœur n'avait jamais battu aussi fort. Mes jambes couraient à ma place, sans que je me rende vraiment compte de là où j'allais. J'avais vu un homme, dans le noir, grand, les yeux sombres. Juste après avoir perdu Skye.

Je m'étais mise à courir presque instantanément après ça. J'entendis à peine le klaxon des voitures quand je coupais la route. Ou le crissement des pneus. Et je ne senti pas d'impact. Lorsque j'ouvris les yeux, je me trouvais à quelques mètres de la chaussée. J'étais bloquée par les mains de quelqu'un, d'un homme considéré leurs tailles. Il me maintenait dos à lui, de sorte que je ne puisse pas le voir. Il me serrait si fort que je pu presque sentir les os de mon corps se briser les uns après les autres. Encore une fois, aucun son ne sorti de ma gorge. Je ne pouvais ni crier, ni parler, ni pleurer.

Soudain, l'homme qui me tenait fit volte-face, et je me retrouvais face à une jeune femme, d'à peu près mon âge. Ses cheveux blond platine étaient regroupés en un chignon haut, et ses yeux de la couleur de la nuit semblaient chercher la première ouverture pour attaquer.

La voix de l'homme retentit derrière moi.

-Un pas de plus et elle ne survivra pas.

Je senti ses mains dégager mes cheveux, puis un souffle chaud s'abattre sur ma nuque, par vague, de plus en plus forte. Je n'arrivais plus à respirer. Ma gorge se noua, douloureusement, de sorte que je cru perdre la voix. Ma tête tournait. Mes jambes commençaient à céder, à cause de la panique. J'avais l'impression d'être en plein cauchemar.

Sa main attrapa ma gorge, et me força à rejeter la tête en arrière. Ses doigts s'enfonçaient dans ma peau pour y laisser des bleus. La douleur fut telle que je me senti tressaillir. Il serra mon cou si fort et si longtemps que des points noirs finirent par apparaître au milieu de la faible lumière et me rendre aveuglent.

Je distinguais à peine la jeune femme. Elle se déplaça si vite qu'avant même que j'ai pu comprendre qu'elle avait bougé, elle m'avait dégagé de mon agresseur pour me jeter contre le sol. Ma tête cogna contre le sol. La douleur se diffusa le long de ma colonne vertébrale, cogna contre ma tête. Je senti plus que je ne vu du sang couler de mon bras. 

J'essayais tant bien que mal de bouger, mais ce ne fit qu'accentuer la douleur. Je grimaçais. Le monde semblait tourner. Je percevais à peine le combat qui se déroulait à deux mètres de moi. Après avoir calmer ma respiration, je pris sur moi pour me relever. Je serrais les dents et réussi à me remettre sur mes deux pieds.

Déjà, ma vision se fit plus claire. Je couru le plus loin possible d'eux. J'entendis des bruits de grognements, ce qui ne fit que redoubler ma terreur. Je cherchais Skye, revenant vers le cadavre. Mais je ne pouvais pas la trouver. Je cherchais à l'appeler avec mon téléphone, mais le sien était éteint. Alors je criais son nom. Au début, aucun son ne voulait sortir. J'avais trop peur d'attirer les deux psychopathes qui se battaient de l'autre côté de la rue. Je me surprise à maudire les lampadaires et leurs stupides lumières trop faible pour qu'on puisse réellement voir quelque chose. 

-SKYE ! Hurlai-je finalement.

Le silence sembla soudain m'entourer. Je n'entendais plus rien. Ma voix semblait avoir tout briser. Puis, au bout de quelques secondes, j'entendis une respiration faible à ma droite. Mes yeux passèrent sur le cadavre, et je ne pus m'empêcher de les fermer. L'image du corps et de la tête détachée resta incruster dans mon esprit le temps d'une éternité.

-Jay, entendis-je.

Je me retournai et me laisser guider par la faible voix qui venait de chuchoter mon nom. Je cherchais une chevelure rousse des yeux, essayant de distinguer quoi que ce soit dans l'obscurité de la nuit. Je fis le tour de la voiture, m'appuyant sur cette dernière. J'entendis une nouvelle fois sa voix m'appeler. Je repris enfin entièrement mes esprits. Je couru vers elle et la vis enfin, dans le coin d'un bâtiment. 

-Skye ?? Ça va ? Oh mon dieu...

Elle saignait beaucoup. Je ne savais pas exactement d'où. Je la vis ouvrir les yeux. Ils étaient effrayés, faibles. Je l'aidais à se relever, puis la fis difficilement s'asseoir sur le siège passager de la voiture. J'en oubliais presque tout ce qui venait de se passer. Malgré la douleur, je réussi miraculeusement à conduire jusqu'à l'hôpital sans avoir d'accident.


Après deux heures d'attentes, on finit par me laisser entrer dans sa chambre. Elle était allongée et éveillée. Encore plus pâle que d'habitude. Ça ne l'empêcha pas de me sourire lorsqu'elle me vit.

-Ça va ? Demanda-t-elle.

Je haussai un sourcil avec un sourire en coin.

-Skye, c'est toi qui est sur le lit d'hôpital, je te rappel. C'est moi qui devrais te demander ça, je baissais les yeux sur l'aiguille plantée dans son bras, une perfusion. Les médecins ont appelé tes parents, ils prennent le premier avion pour rentrer. Ils pensent te garder ici pour la nuit. Tu veux quelque chose ? Comment tu te sens ?

-D'accords, rien et bien. Je vais m'en sortir ne t'inquiètes pas.

On entendit un ange passer durant quelques secondes. Je m'assise sur la chaise en face de son lit. Cela me rappelait étrangement ma situation deux semaines plus tôt. Lorsque j'avais trouvé le premier cadavre. Le deuxième était pire. Je soufflais et secouais la tête pour me chasser ces images de la tête.


-Désolée de ne pas avoir prêté attention à ce que tu nous avais dit la dernière fois, dit-elle finalement. Tu avais raison... Quelque chose ne va pas.

J'acquiesçait d'un mouvement de tête.

-Ça me paraît peu probable que ce soit une coïncidence à moi aussi.

-Quoi ? Non, elle rit. Je parlais du fait que quelqu'un enlève les corps. Tu nous avais bien dit que la première fois, c'est comme s'ils n'avaient jamais trouvé le cadavre ? (Je fis oui de la tête.) Il faut qu'on creuse ça de plus près, affirma-t-elle.


-Pourquoi ? Demandai-je d'une fois fatiguée.

-Que te dis ton instinct ?

Je réfléchis pendant quelques secondes. Je ne m'étais jamais vraiment posée la question, me contentant simplement de le suivre.

-Que peu importe ce qu'il se passe, on a un rôle à jouer.

Elle approuva et insista pour que je rentre chez moi, ce que je fis après avoir débattu pendant plusieurs longues minutes. Les médecins examinèrent mon bras avant de me laisser partir, mais la blessure n'étais que peut profonde, et il suffit d'un gros pansement pour que j'en sois débarrassée.

Sur le trajet, je ne pus m'empêcher de penser qu'il ne s'agissait pas d'une coïncidence si j'avais trouvé deux corps, dans le même quartier, avec tous deux la gorge découpée. L'angoisse commença doucement à retomber, mais mon ventre resta noué toute la nuit. Mon père ne posa pas de question lorsqu'il me vit rentrer, mais je savais qu'il avait compris que quelque chose n'allait pas. J'avais mis Skye en danger, et je n'arrivais pas à me le pardonner. 

Comment trouvais-je ces cadavres ? Voilà la question qui obséda mes rêves cette nuit-là, lorsque je réussi à m'endormir.

Raven HillsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant