Chapitre I.1

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La nuit venait de tomber. Comme la pluie. Cette dernière frappait mes cheveux et mes épaules, pénétrant mes vêtements et ma peau. Je marchais sans but, sans trop savoir où aller. Je voulais juste m'éloigner de lui, le plus possible. Mon téléphone se mit à vibrer. Je ne réagis qu'en marchant plus vite. Je savais qu'il s'agissait de lui. Le centre-ville s'animait doucement, tandis que les maisons du vieux quartier s'éteignaient. Plus le trottoir se vidait, plus les voitures grondaient. Je me mis à courir. Je finis par arriver à la périphérie de la ville, là où les lumières semblaient se jeter dans l'océan. Le ciel arrêta de pleurer, mais pas moi. Et lorsque je sentis mes jambes céder, je le vus. Le sang. 

Mon souffle se coupa, alors que je criais sans bruit. Le silence s'abattit sur mes épaules. Le corps était à peine caché. La faible lumière du lampadaire suffisait à éclairer les dizaines de lésions qui avaient vidée l'adolescent de son sang. Il avait les veines et les yeux ouverts. Je le fixai, et durant quelques longues secondes, l'horreur ralentis le temps. L'océan cognait contre ma tête, en même temps que les battements de mon coeur. J'essayais de me calmer, de respirer. Il avait la gorge totalement ouverte, et la tête semblait vouloir se détacher du corps. 

Un éclair me fit sursauter, et revenir à la réalité. Je ne pus m'empêcher de vomir. J'appeler la police, totalement affolée. Quelques secondes plus tard - à moins qu'il se soit passé des années, mais plus probablement quelques longues minutes - une sirène de police retentit. Et tandis qu'elle s'approchait, je ressentis le froid. Et soudain, alors que les lumières rouge et bleu se battaient devant le lampadaire sombre, je senti mes forces me quitter. Je tombais, les yeux fermés. Je senti d'abords mes genoux heurter le sol, puis mon torse et finalement, ma tête frappa violemment le bitume. Puis plus rien.

Mes yeux s'ouvrir sur un plafond blanc. Vide. Et surtout, pas mon plafond. La lumière me forçat à les refermer presque aussi vite. Mon père s'était endormie, la tête contre mon bras, que je n'arrivais plus à bouger. 

-Papa ? demandais-je d'une voix pâteuse.

Il leva la tête, un peu trop brusquement pour que je suive vraiment son mouvement des yeux. Il avait l'air soulagé, en colère, et terrorisé. Il ne dit rien d'abords, mais me serra dans ses bras, si bien que je manquais de m'étouffer. 


Ma mère était partie quand j'étais bien plus jeune. Je n'avais que peu de souvenir d'elle, si ce n'est qu'elle m'avait abandonné pour sa carrière en amérique du sud. Mon père s'occupait de moi depuis. Elle ne me manquait pas particulier. C'est difficile de manquer quelque chose que l'on n'a jamais eu.

-Tu me dois une explication, affirma-t-il. Mais pas maintenant. Repose-toi, on en parlera à la maison.

-Qu'est ce qui s'est passé ?

Il souffla et passa sa main sur son visage avant de venir tenir la mienne.

-L'hôpital a reçu un appel anonyme hier soir, parlant d'un corps mort. Heureusement cetanonyme avait tort. Ils t'ont trouvé inconsciente, près de Tide Bay. Quand je suis arrivé, tu étais toujours en train de dormir. Ils ont dit qu'ils voulaient te garder la nuit, alors je suis resté. Apparemment tu as reçu un beau coup derrière la tête. Mais on va sûrement pouvoir rentrer maintenant.

Il se leva et ouvrit la porte.

-Papa ? On pourrait aller manger d'abords? Demandais-je.

Il se retourna et sourit.

-Et là je retrouve ma petite fille. Aller repose-toi.

Mon père sortit, et je m'endormi presque instantanément.  

-Okay, recommence depuis le début... Evan a fait quoi ??! S'exclama Skye, déboussolée.

Ses pommettes rougirent de colère, ce qui cachapresque les centaines de taches de rousseurs qui parcouraient son visage, dudessous de ses yeux clairs jusqu'au haut de ses joues, et qui débordaient surson nez.

-Il... Il m'a trompé. Je soufflais. Je voulais lui faire une surprise. Je savais que ces parents n'étaient pas chez lui ce soir-là et qu'il serait tout seul. Enfin je croyais qu'il serait tout seul. Quand je suis arrivée, il ne l'était pas.

Dave et Skye me regardèrent tristement, je pouvais sentir leur pitié jusqu'au bout des doigts. 

-Je suis désolé Jay, dit Dave. Ça va aller ?

Il me donna son sourire de charmeur espagnol qu'il était, ce qui me fit rire. Je passais ma main dans ses cheveux bruns et les secouait dans tous les sens.

J'acquiesçais finalement. Ça irait. Parce que ce n'étais pas Evan qui hantait mes pensées et mes rêves. C'était la pluie. Le froid. Le lampadaire. L'océan. Le sang. Le cadavre. J'avais passé le week-end à revivre la scène. Encore encore et encore. 

-Jay ?

Je sursautai et regardai Skye. Elle fronça les sourcils et retroussa son petit nez, avant de plisser les yeux. Ses grands yeux verts rétrécirent.

-Qu'est ce qui t'arrives ? Accusa-t-elle.

-Je te l'ai dit, j'ai surpris Evan en train de...

-Jay ? Tu sais que tu peux nous dire la vérité, continua Skye. Et ne me dis pas que c'est la vérité, parce que si c'était vraiment par rapport à Evan tu serais énervée ou triste ou les deux, mais pas comme ça.

-Comme quoi ? Demandais-je.

-Effrayée. Perdue. Qu'est-ce qu'il y a ?

Je baissais les yeux. Je ne voulais pas en parler. Mais si je ne le fessais pas, ça allait finir par me tuer.

-J'ai... Hum... Après avoir vu Evan, je suis sortie, et je me suis mise à marcher. Je suis allé jusqu'à Tide Bay.

-À pied ? Mais ça fait au moins deux heure de marche, c'est...

-Oui, à pied, interrompis-je Dave. Bref... Quand je suis arrivée là-bas... Je ne sais plus exactement où j'ai... Enfin... J'ai vu un corps. Il y avait du sang et... Enfin bref, j'ai appelé le 911, parce que j'ai paniqué et que je ne savais pas qui d'autre appelé. Puis j'ai perdue connaissance et je me suis retrouvée à l'hôpital. Le problème c'est que quand j'ai demandée à mon père ce qui c'était passé, il a parlé d'un coup de téléphone anonyme, ce qui était le cas mais il avait l'air de dire que j'étais le corps. Comme s'ils n'avaient jamais trouvé l'autre.

Ils se regardèrent, puis Skye haussa les sourcils. En réponse à cela, Dave rigola, puis il passa son bras autour de mes épaules comme il avait l'habitude de le faire depuis qu'il me prenait pour sa petite sœur - alors que j'étais plus grande que lui - et m'entrainât vers notresalle de cours. La petite rousse nous suivit de près en affirmant :

-Ce n'est pas tes affaires Jay, on obtient rien de bon en s'impliquant dans des histoires de meurtres. Essai de ne plus y penser. La police va s'en occuper, il n'y a rien que tu puisses faire de plus qu'eux. 

-Oui t'as sûrement raison. Mais je ne peux pas m'empêcher d'y penser. C'est comme si j'avais était guidée jusqu'à lui...

-Jay arrête ! S'exclama-t-elle. Je ne veux plus qu'on parle de mort. Noël est dans une semaine. Donc je veux de la bonne humeur et des sourires sur vos visages jusqu'à nouvel ordre. Compris ?

Dave rit en secouant la tête.

-Ça marche pour moi petite dictatrice, dit-il.

La sonnerie m'empêcha de répliquer. Stupide sonnerie.   



Raven HillsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant