Bellatrix

Partie 2 - Le gamin

Sept ans plus tard

Feinter, esquiver, frapper. Ne jamais avoir un ennemi dans son point mort. Les trois Bandes Vertes étaient forts, mais elle l'était bien plus qu'eux.

 Elle n'avait jamais été aussi bonne guerrière. Comme si, soudainement, elle était devenue invincible.

 Quelques secondes plus tard, ses adversaires gisaient sur le sol, inconscient.

 Elle rejoignit les gradins pour prendre un chiffon et s'essuyer le visage. Il faisait tellement chaud qu'elle avait du mal à se convaincre de s'entrainer, bien plus encline à lézarder au soleil.

 -Madame ?

 Elle se retourna. Un petit garçon se tenait devant elle. Il ne devait pas avoir plus de six ou sept ans, mais ses mains portaient déjà des bandes marron, signe qu'il maîtrisait parfaitement le maniement d'au moins une arme. Svelte malgré son jeune âge, comme beaucoup de petits rauthrsandien, il dégageait une assurance déroutante. Ses cheveux en bataille, d'un blanc éclatant, encadraient son visage fin et angélique. Ses yeux, d'une agréable teinte dorée, reflétaient une intelligence certaine. L'un d'eux était barré d'une cicatrice d'un rouge profond.

 Premier mort à cinq ans. Un surdoué, visiblement.

 -Oui ?

 -Vous êtes bien Bellatrix Sem ?

 Elle hocha la tête. Elle se demandait ce qu'il faisait là. Les enfants ne rejoignaient l'Arène qu'en fin d'après-midi.

 -Je m'appelle Hunter. Hunter du Dragon Noir.

 Les jeunes ne recevant leur surnom qu'à leurs dix ans, ils étaient désignés par leur année de naissance.

 Elle avait entendu parler de ce garçon, qui ne recevait que des éloges de la part des entraineurs. On racontait qu'il était un véritable virtuose du poignard, fort, rapide, et d'une précision diabolique.

 Un gamin qui irait loin, disait-on.

 Il la regardait avec un mélange d'admiration et... de doute ?

 Il tira un pendentif dwairn de sous son T-shirt.

 Elle crut s'évanouir.

 C'était un triskell.

 Elle leva les yeux vers lui.

 Ermin. Hunter.

 Le bébé. Le jeune guerrier.

 Une seule et même personne.

 Il n'avait pas eu de problème de vue, finalement.

 Alors qu'elle le fixait, les iris du garçon virèrent au turquoise.

 -La directrice m'a dit que c'était vous qui me l'aviez donné, alors... J'ai voulu venir vous voir. Vous êtes une grande guerrière.

 Il avait une curieuse manière de vous regarder, sans ciller, qui vous mettait mal à l'aise : on aurait dit qu'il ne clignait jamais des yeux.

 Un instant, elle resta là, sans réagir, hésitant entre le serrer dans ses bras et s'enfuir à toutes jambes.

 Elle décida de sourire. Dans toute sa naïveté enfantine, Ermin –non, Hunter- n'avait tout simplement pas compris qui elle était.

 Elle n'avait qu'à l'envoyer au diable, et l'incapacité de Calla à se taire n'aurait pas de conséquences.

 Mais... S'il ne savait pas qu'elle était sa mère... Ne pouvait-elle pas...