Partie 6 - L'orphelin

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 Assise dans son salon, elle réfléchissait.

 Hunter était devenu Elite.

 Il ne s'était pas trompé.

 Depuis qu'il était parti pour Linngard, elle se sentait seule. Mais, en même temps, elle le savait en sécurité.

 Ce n'était pas ça qui l'inquiétait. Ce qu'on lui avait dit sur le combat entre son fils et l'Elite qui l'avait précédé était bien plus inquiétant.

 Ses yeux étaient devenus totalement rouges. Malgré ses tentatives pour les retenir, les ténèbres vivant en lui commençaient à se manifester.

 Elle aurait dû lui dire. Lui avouer ce qu'il était, la menace qu'il représentait. Mais elle avait cru que le laisser dans l'ignorance le préserverait.

 Elle l'avait mis en garde contre Ouranos. Mais serait-ce suffisant ?

 Soudain, elle bondit sur ses pieds.

 En temps qu'élémentaliste complète, dwairn capable de contrôler les quatre éléments, elle avait avec la terre un lien particulier.

 Et elle décelait nettement des milliers de pas sur le sol de Stanja.

 Une attaque.

 Il y eut un bruit sourd, et la porte fut défoncée.

 Cinq soldats, vêtus d'un uniforme noir, firent irruption dans la maison.

 Elle connaissait ces vêtements.

 C'était les même que ceux du garçon à qui elle avait parlé dans l'Arène, sept ans plus tôt, couleur en moins.

 Ouranos venait chercher Hunter.

 Elle devait agir, et vite.

 Une idée lui vint.

 Elle s'immisça dans le Neuro, le réseau mental dwairn, et approcha l'esprit de Corbeau, un jeune Elite qu'elle avait rencontré un jour, et qu'elle appréciait, malgré un certain malaise qu'elle éprouvait en sa présence.

 -Corbeau. Nous avons un problème.

 Elle lui envoya une image de la situation.

 -Je vais sans doute mourir dans les minutes qui suivent, alors soit attentif. Mémorise bien ces uniformes. Ces hommes ont envahi Stanja. Ils sont là pour Hunter. Et ils le trouveront. Tu dois le protéger, même au détriment de ta vie, même au détriment de Rauthrsandr.

 Elle crut, un instant, ne pas avoir la force de terminer son discours.

 -Et si c'est impossible, si tu ne peux pas empêcher sa capture...

 Elle n'y arriverait pas. Elle ne pouvait pas dire ça, elle...

 -Si tu ne peux pas l'empêcher... Tue-le.

 Choquée par ses propres paroles, elle ne réagit pas quand les hommes la saisirent. Elle tenta de se débattre, mais un vertige l'empêcha de bouger. Ils l'attachèrent à une chaise.

 Ils voulaient savoir où était Hunter. Ils la frappèrent. Malgré la douleur, elle ne dit rien. Elle en aurait presque rit. Quels imbéciles étaient-ils, pour croire qu'une mère trahirait son fils ?

 Le chef du groupe, l'air agacé, déclara:

 -Ecoutez. Ouranos désire vraiment voir ce jeune homme. Parlez.

 -Plutôt mourir.

 -Soit.

 Il dégaina son épée, s'apprêta à lui trancher la gorge.

 -Maman !

 -Tiens, l'oisillon est sorti de son nid, on dirait.

 Hunter venait de faire irruption dans la pièce, une épée double à la main. Que faisait-il ici ? Pourquoi Corbeau ne l'avait-il pas retenu ? Les soldats firent un pas vers le jeune homme.

 -Ne le touchez pas ! hurla-t-elle.

 Elle invoqua un puissant coup de vent.

 Elle ne laisserait personne emporter son fils. Personne. PERSONNE !

 D'une pression de la volonté, elle fit brûler ses liens. Ses doigts saisirent la lame dissimulée dans sa botte. A son ordre, la terre s'éleva pour transpercer l'un des hommes. Elle en poignarda un second.

 Soudain, une vive douleur la fit se figer.

 Elle ne comprit pas immédiatement ce qui venait de se produire. Une lance venait de la transpercer.

 Elle allait mourir. Pour de bon, cette fois.

 -Sauve-toi, ordonna-t-elle à Hunter.

 Le soldat qui venait de la frapper arracha l'arme de son corps. Elle eut l'impression que des ronces s'agitaient dans ses entrailles. Elle s'effondra. Elle sentait le sang qui s'écoulait de son corps. La clepsydre de sa vie finissait de s'écouler. Sauf qu'il serait impossible de la retourner.

 -Non !

 Hunter se précipita vers elle, la prit dans ses bras.

 Non ! Il ne devait pas rester ! Il devait s'enfuir, au plus vite !

 -Hunter... Il faut... que tu partes...

 -Pas sans toi !

 Sa voix déraillait dans les aigus, comme lorsqu'il avait mué. Mais cette fois c'était pour une toute autre raison.

 Elle ne voulait pas qu'il soit triste. Pas à cause d'elle.

 -Mon... petit garçon... j'aurais tant aimé... te voir grandir...

 Elle avait du mal à respirer. La souffrance était insupportable.

 Elle mourait. Mais elle mourait pour lui.

 Elle ne pouvait espérer une plus belle mort.

 Elle expira, et, pour la dernière fois, se laissa envahir par ses émotions.

 Elle l'aimait.

 Même s'il était...

*******

 Salut tout le monde !

 J'avoue, j'aurais pu choisir plus joyeux, comme nouvelle « spécial Noël ». Mais je me suis dit qu'il vous plairait de découvrir quel genre d'enfant était Hunter.

 Pour ceux qui n'ont pas encore lu Hunter's Shade, j'espère que cette nouvelle a avivé votre curiosité.

 Petit cadeau spécialement dédiés à mes lecteurs familiaux et du lycée.

 J'ai récolté une belle migraine en le tapant.

 Tout ça pour vous dire que je vous adore, les amis.

 Joyeux Noël !!!  

BellatrixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant