Chapitre 6

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C'est alors que j'ai dis ces quelques mots. D'une voix sereine et calme. 

- Je vais partir. Et tu viens avec moi. 

En temps normal elle aurait pu se poser des questions. Pour allez où ? Combien de temps ? Dans quel but ? Mais il n'y en eu rien. Elle a regardé son petit frère dormant dans le vieux canapé et a replongé ses yeux dans les miens. 

- Comme tu veux. J'arrive tout de suite. 

Je pense qu'elle est tout simplement désarmé face à l'absence de son père. Qu'elle ne sait plus quoi faire. 

On a marché une bonne demi heure en direction de l'arrêt de bus. Je ne sais pas si c'est le fait que Kaeru soit endormi sur mes épaules ou que je ne sois pas très bien réveillé mais le chemin me semble durer des heures. Les lampadaires grésillent et je sens de plus en plus le poids du petit frère de Lia sur mes épaules. Elle marche lentement regardant les alentours. Le silence est étrange. Il me réconforte. Nous n'avons pas besoin de parler quand on est ensemble. Les mots sont de trop.

 Arrivés à l'arrêt de bus nous nous asseyons sur le banc. Il doit arriver dans cinq minutes si je me réfère au panneau. La pluie vient mouiller mes vêtements. J'ai l'impression que ce n'est qu'un rêve. Que rien de tout cela ne s'est passé. Tout se déroule si vite.

Kaeru se réveille. Je sens ses cils sur ma nuque. Il émet un petit gémissement. Lia s'approche et lui caresse les cheveux. Je n'avais pas eu l'occasion de la voir aussi maternel avec lui. Sa mère. Elle doit lui manquer. Comment fait-elle pour sourire ?

Sa force me dépasse. J'en ai plus mots. Elle me déconcerte.

Le bus arrive sur le bas côté et nous ouvre les portes. Je laisse passer Lia et la suis. Nous nous mettons dans les rangers du milieu. Nous ne parlons toujours pas. Je lui ai donné son petit frère, elle le regarde tendrement. Je n'ai jamais de frère et sœur. Mon père était plus là et ma mère n'a jamais voulu se remarier. Elle est encore attachée à lui.

Lorsque j'étais jeune, elle me contait des histoires plus folles les unes que les autres à son sujet. J'ai vite compris que rien de tout cela n'était vrai. Le sujet est tabou à présent. Son teint devient pâle quand je lui parle de lui. Mais j'aimerais comprendre. C'est trop demandé ? Sûrement oui.

Les paysages défilent sous mes yeux. Nous sommes dans les banlieues. Ma mère n'aimerait pas que j'aille ici. C'est pour ça que j'y vais. Je viens souvent dans cet endroit. Pour me reposer. Réfléchir. J'ai trouvé un espace calme à deux rues de l'arrêt de bus. Je fais signe au chauffeur qu'il peut s'arrêter et c'est ce qu'il fait.

Nous sortons du bus. Lia me regarde, confuse. Elle n'a pas peur. Elle ne comprend simplement pas la situation.

- Viens. Il y a un endroit où nous serons tranquilles pour la nuit.

Elle me suit sans rien dire. On marche encore un peu pour se retrouver dans une ruelle inhabitée. Parmi toutes les habitations en ruine il y en a une qui me sert d'abri lorsque j'ai envie d'être seul. Il est vrai que ce n'est pas très confortable mais ça conviendra pour la nuit.  

Elle rentre dans l'abri et je fais de même. Son petit frère s'est endormi. Nous nous mettons face à face sans nous regarder. Elle contemple Kaeru de ses yeux tendres et soupir. Ce n'est pas la vie qu'elle aurait voulu pour lui. Ce n'est pas la vie qu'un petit garçon devrait avoir. 

Je regarde les étoiles. Elle brille plus que hier. Plus que tout les autres jours. Je repose mes yeux sur Lia. Elle me regarde aussi. Je n'ose pas briser le silence qui règne entre nous. Il est reposant. J'aperçois sa cage thoracique se lever et descendre délicatement.

- Quand j'étais plus petite, mon père partait souvent à l'armée, et ma mère, bienveillante me disait que si jamais j'avais peur je n'avais qu'à fermer les yeux très fort en répétant "je n'ai pas peur ! Je n'ai pas peur !". Elle me disait qu'après avoir ouvert les yeux mes démons et mes peurs disparaitrait. Pourtant, aujourd'hui, j'ai beau me répéter que je n'ai pas peur, je suis terrifiée. Quand je vois Kaeru dormir je me demande qu'est ce que je vais bien pouvoir faire pour le protéger.

- Mais il a confiance en toi. Tu y arriveras. 

- Je ne suis pas sa mère. J'arriverai pas à le protéger du monde extérieur. Pas toute seule.

- Tu n'es pas seule. Je suis là moi. 

Le silence reprit. Je ne sais pas combien de temps on est resté comme ça à s'éviter du regard, à attendre que son frère se réveille. Trop longtemps je pense. Du moins assez longtemps pour que ma mère accompagnée de plusieurs policiers nous trouvent. 

C'est en repensant à cet instant que je me dis que je n'aurais jamais dû m'enfuir avec elle. 

Je n'ai fait qu'empirer la situation. 

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Voici le chapitre 6 et avant dernier chapitre de cette nouvelle. J'espère que l'histoire vous plait. N'hésitez pas à commenter ça fait toujours plaisir. 

Bisous. Je vous aime ❤🌹




























She  ×TERMINÉ×Où les histoires vivent. Découvrez maintenant