Chapitre 15
« Nous avons tout le plan... Oui... Pat se charge de vous le faxer actuellement... »
Je fermai les yeux plus fort en grimaçant. Je soulevai un œil pour voir que je me retrouvais dans la chambre d'hôtel que j'avais réservé il y a deux jours. Je n'avais pas souvenir être rentrée ici. Je me redressai sur le lit dans lequel j'étais et essayai de comprendre ce qui se passait. Pat était installé sur la table de la chambre avec un ordinateur et autres machines technologiques, alors que Jo maintenait une conversation téléphonique tout en jetant des coups d'œil par la fenêtre.
« Vous venez ? Qu'est-ce qui se passe ?... à ce point ? Le journal disait pourtant que ça ne commencerait pas avant deux semaines ! ... Oh... Evidemment... Notre présence a dû accélérer leur action. Que devons-nous faire ? ... Et Ellie ? ... Très bien, je transmettrais. On sera avec vous d'ici ce soir... Pareil pour vous. A ce soir. »
Elle rangea son téléphone dans une poche et se retourna vers moi.
« Ellie ! Tu te sens mieux ? s'inquiéta-t-elle en s'approchant de moi.
_Hum, je crois. Mais je ne sais pas comment je suis arrivée là. »
Elle s'approcha de moi et souleva une mèche de cheveux. Je m'éloignais directement en sentant une douleur.
« Tu guéris vite dis donc.
_Ah bon ? Je ne sais même pas ce que je me suis fait. »
Je touchai ma tête et fronçai le nez de douleur, je devais avoir un sacré bleu.
« Tu t'es évanouie dans la camionnette et tu es mal tombée... Tu t'es pris le bord d'une étagère, je n'ai rien pu faire... J'aurais dû prévoir que tu ne le supporterais pas. Je suis vraiment désolée. »
Je soupirai et esquissai un faible sourire.
« Ce n'est pas de ta faute. »
Jo me frotta le bras, compatissante, sachant très bien que je me forçais, mes yeux étaient encore humides. Elle se leva et alla passer ses bras autour du cou de Pat par derrière.
« Tu peux continuer de le faxer pour la Surveillance, mais le patron va arriver. On pourra le lui donner en mains propre.
_Il vient en Roumanie ? la regarda étrangement Pat.
_Ils sont passé à la phase 3. »
Un silence lourd de sens s'installa entre eux me laissant dans l'incompréhension.
« C'est-à-dire ? »
Jo se retourna vers moi, les lèvres pincées. Elle s'assit avec précaution en tournant sa chaise vers moi.
« Le plan du meurtre de Dracula se découpe en plusieurs phases. La première était de rallier le plus de chef de clan de vampires à la cause. La deuxième était de transformer le plus de personne possible sans trop attirer l'attention de tous. La troisième est de réunir tous les vampires de l'armée en Roumanie. »
Je fronçais les sourcils, c'était clairement démesuré pour moi. Je ne comprenais absolument pas.
« Il font ça pour un seul vampire ?
_De nos sources, Dracula aurait lui aussi une armée et ce ne serait pas forcément que des vampires, m'informa Pat en continuant de taper sur son ordinateur.
_Et il ne faut pas sous-estimer la puissance de Dracula, ajouta Jo.
_Justement ! S'il est si puissant pourquoi n'a-t-il pas déjà fait quelque chose ?
_Tout le monde se pose la question, avoua Jo. La SFCP a essayé de contacter plusieurs fois Dracula mais il ne nous a jamais répondu. On va pas dire qu'on était en très bon terme avec lui mais on a des accords, des accords que l'ont ne peut pas transgresser sans que les deux parties en aient conscience. C'est pour cela que nous étions venus à la base.
_Vous deviez rencontrer le maître des vampires ?
_C'est pour cela qu'on était en Roumanie, mais on n'a pas pu approcher sa demeure, répondit Pat en scannant des pages du journal.
_Parce que vous savez où il habite !
_C'est une information classée confidentielle. Il n'est pas facile à trouver, je te l'assure.
_Qu'est-ce qui vous a empêcher d'y aller alors ?
_Une barrière magique et une multitude de vampire de garde. On a essayé de leur expliquer que nous ne voulions pas de mal à Dracula mais impossible de passer. Ils doivent vraiment craindre quelque chose, termina Jo, avec une moue pensive
_Qu'est-ce qu'on va faire alors ?
_Presque tous les chasseurs ont été mobilisés, la moitié des GMW aussi. Il faut traquer les vampires.
_Faut les tuer alors qu'ils n'ont bu le sang de personne !
_Pas vraiment, les nouvelles recrues font des massacres depuis plusieurs semaines. Tu en as sûrement chassé de ton côté.
_C'est donc pour cela qu'il eut autant de contrat ces derniers temps...
_C'est vraiment une guerre, Ellie. »
Je soupirai à nouveau et passai une main dans mes cheveux avant de me mordre la lèvre quand la douleur de mon crâne réapparut.
« Que dois-je faire alors ?
_Monira veut que tu ailles à la frontière. Un groupe de chasseur de vampire va s'y réunir.
_Mais on est loin de la frontière ! Ce n'est pas logique ! Si... si on m'a donné la mission de suivre les McKinley et qu'ils sont ici, ainsi que vous, c'est que Dracula doit être pas loin. Il faut plus de monde ici.
_On sait bien, fit doucement Jo, mais tu as eu une mission difficile. Monira pense qu'il serait mieux que tu ne sois pas « au cœur de la bataille », entre guillemets. »
J'ouvris la bouche, réfléchissant un moment puis me laissai tomber sur les oreillers.
« Tu lui as dit pour ma mère.
_Je ne pouvais pas faire autrement... Nous savons ce que c'est et je vois très bien le genre de chasseuse que tu es. »
Je soulevais un sourcil sans cependant me tourner vers elle.
« Quel genre ?
_Tu es blessée. Tu veux te venger. Et souvent la vengeance pousse à se mettre en danger trop rapidement. »
Je me redressai en levant un doigt en vu de la contredire mais pas un mot sortit de ma bouche. Elle avait raison. J'avais la terrible envie de me venger. Je me sentais trahie et savoir que j'avais eu des sentiments pour celui que j'avais inconsciemment haïe toute ma vie me révulsait.
« Terminé ! s'enthousiasma Pat en refermant le journal.
_On va pouvoir y aller.
_Aller où ? demandais-je.
_On a un QG, pas loin. Les GMW doivent se réunir avec quelques chasseurs pour définir les endroits à surveiller absolument. Il y a une carte dans le journal.
_Donc vous êtes en première ligne pendant que je vais ramasser les petits vampires égarés ?
_Ellie.
_Oui, je sais, je sais. La vengeance, c'est dangereux. Mais peut-être que je peux... »
La sonnerie de mon téléphone m'interrompit et je l'attrapai rapidement.
« Papa ?
_Ma chérie ! tu vas bien ? Monira m'a appelé et j'ai... enfin... il m'a dit pour McKinley.
_Tu le savais alors... »
Je sentis une émotion me prendre subitement la gorge et je déglutis avec difficulté. Je lançai un regard au couple de GMW qui m'observait. Je ne voulais pas leur donner plus de raisons de me mettre en dehors de cette guerre. Je me levai et partis dans la salle de bain.
« Tu savais que celui qui avait... tué... Maman... s'appelait Mc... McKinley...
_Oui... Du moins on suppose que c'est lui.
_Mais... c'est possible que ce ne soit pas... lui ? »
Je secouais la tête en remarquant que je commençais à espérer. Mes yeux me piquaient et je luttais pour ne pas me laisser submerger encore. Cette histoire... c'était pire que mon point sensible. Si j'écoutais ma première envie, je serrais terrée dans ma chambre, sous ma couette, pleurant toutes les larmes de mon corps... Mais je ne pouvais pas... je ne devais pas...
« C'est de lui dont je me rappelle. »
Oh... aussi tranchant qu'un katana aiguisé en plein cœur. Ma main se posa sur ma bouche comme pour retenir tous sanglots. Je me raclai la gorge avant de pouvoir reparler.
« Tu vas... Tu vas lui donner la chasse ?
_Pas vraiment...
_Comment ça ?
_Monsieur Monira m'envoie comme support des GMW près de la demeure de Dracula.
_Tu n'es pas sérieux... »
Alors moi on me reculait au plus loin mais lui... On avait le même désir de vengeance ! Et encore en disant ça je sous-estimais largement celui de mon père ! Si une pointe de jalousie pouvait poindre en moi, c'était surtout une grande inquiétude qui me donnait des douleurs à la poitrine. Des scénarios pires qu'horribles défilaient dans ma tête et à chaque fois la mort.
« Papa... Je ne veux pas....
_Ellie, ne t'inquiète pas. Il n'y aura pas de problèmes.
_Ne dis pas, n'importe quoi ! Je sais ce que tu ressens ! Tu vas vouloir absolument le tuer, peu importe quel en sera le prix, même si ça veut dire la mort. Est-ce que je me trompe ?
_Ellie, répéta-t-il avec un ton toujours calme. Je sais ce que je fais.
_Non ! Tu ne sais pas ! Je... J'ai peur...
_S'il te plait, fais-moi confiance.
_Mais...
_Ellie ! Je ne pourrais jamais réussir à te rassurer à 100% mais crois-moi, je n'agirais pas sans réfléchir. Je ne serais jamais seule et surtout je penserais toujours à Stan et toi. Je sais la douleur que c'est de perdre quelqu'un qu'on aime et il est hors de question que je vous le refasse subir. Aie confiance en ça.
_Papa...
_Stan et toi êtes envoyé en frontières, changea-t-il de sujet, ne croyez pas que ça va être facile. Aucun vampire nouvellement transformé ne peut prendre de transport en communs donc ils vont forcément débarquer à pieds. Vous serez d'un grand secours si vous arrivez à en empêcher plusieurs d'arriver jusque dans la ville de Dracula. Faites attention à vous.
_Oui...
_On se retrouve très vite.
_Oui...
_Je t'aime, Ellie.
_Je t'aime Papa... »
Il raccrocha. Je m'appuyai contre le lavabo et me regardai dans le miroir. J'avais effectivement un grand hématome sur le coin droit du visage. Ce n'était pas joli joli, je devrais peut-être...
Je soupirai en me prenant la tête entre les mains. Qu'est-ce que je faisais ? Je m'attachais à un détail alors que tout partait en catastrophe autour de moi... J'avais besoin de parler à Stan. J'avais... J'avais terriblement besoin de quelqu'un... Tremblante, j'attrapai mon téléphone et tapai le numéro que je connaissais par cœur. Mais avant que je puisse appuyer sur la petite icône verte, un mouvement dans le miroir attira mon regard. Je m'accroupis juste à temps pour éviter le coup de l'homme qui venait de se glisser par la fenêtre de la salle de bain. Oh non ! ça puait le vampire à pleins nez ! Il m'empoigna par la gorge et me plaqua contre le mur, le craquelant. Il jeta mon portable au sol et me regarda avec un sourire machiavélique.
« Le goûter est servie, fit-il en passant sa langue sur ses lèvres. »
Il voulut se pencher sur ma nuque mais j'enfonçai mon pied dans son abdomen et retombai sur mes pieds pour l'attraper par les épaules et balancer mon genou au même endroit. Mais je ne faisais que gagner quelques secondes, il me fallait une arme et anti-vampire qui plus est ! Je fis qu'un pas vers la chambre que son bras me bloqua violemment le passage, me coupant la respiration un moment. Il m'attrapa à la taille et me poussa contre l'évier, la tête contre le miroir. L'évier se cassa me faisant une douleur inouïe au niveau des cuisses et le miroir se brisa entaillant mon crâne. Ce n'était pas possible, ce vampire était dopé ma parole ! Il pressa durement son corps contre le mien, me maintient par les épaules et sans hésiter me croqua le cou. Merde... A tâtons, j'attrapai la tringle du rideau de douche et le défit d'un coup sec pendant que ce bâtard se régalait... Avec tout ce qui me restait de concentration, j'enfonçais la barre en métal dans la gorge du vampire, dont les yeux se révulsèrent, la bouche pleine de sang. Je posais instinctivement ma main sur mon cou mais je n'avais pas le temps de me soigner. Déjà le vampire tentait de retirer la barre de fer et je savais que venant juste de boire du sang, il ne mettrait pas longtemps avant de se régénérer. Je repris la direction de la chambre mais il s'interposa tenant la barre menaçante vers moi.
« S-s-sa...lo...
_Termine pas, va ! »
Il fonça la barre de fer droit sur ma poitrine mais je n'allais pas me laisser faire comme ça. Par instinct, je sautais littéralement par la fenêtre me rattrapant de justesse à la corniche de l'immeuble. Je n'eus pas le temps de réfléchir plus que ça à ce que je faisais et je me balançais sur le ridiculement petit balcon de ma chambre d'hôtel. Je tournais la tête vers la fenêtre de la salle de bain pour voir la face énervée du vampire. Je devais me dépêcher ! Je brisais la porte fenêtre d'un coup de pied et plongeai en direction de sous le lit pour éviter la poigne du vampire une nouvelle fois. Je tirais sur ce que j'avais caché, accroché sous le lit avant que me fasse traîner par le pied par ce vampire. Dès que je fus totalement sortie de sous le lit, je levai mon arme vers sa tête et tirai. Elle traversa son crâne créant un trou béant au centre de son front. Mais il sourit avec moquerie, j'étais sûre qu'il souffrait pourtant.
« Tu crois qu'une arme à feu peut...
_C'est une arme de GMW, connard. »
La panique se dessina enfin sur son visage laissant un sourire sur le mien. Sa blessure se teinta d'une lumière surnaturelle et il eut juste le temps de crier sa rage avant de tomber en poussière. Je roulai sur le côté pour l'éviter et me relevai avec précipitamment. Ce n'est qu'une fois sur mes deux pieds que je remarquai qu'il y avait des traces de lutte. L'ordinateur avait perdu son écran, des feuilles étaient éparpillées partout, la table renversée, l'armoire penchée, les chaises cassées et plus aucune trace de Jo et Pat... Mais qu'est-ce qui s'était passé ! Je courus jusque dans le couloir, la porte était encore grande ouverte. Mais il n'y avait pas de trace des GMW, seulement des gens me regardaient avec un air paniqué.
« Vous avez vu quelque chose ? Ils sont allés où ? »
Ils secouèrent la tête, effrayés, déblatérant des paroles en roumain et ils sortirent un téléphone. Merde... ils avaient dû entendre le coup de feu et... je tenais l'arme encore en main... quelle cruche ! Je retournai dans la chambre, refermant la porte derrière moi à double tour. Je ne sais pas ce qui s'était passé mais je devais absolument prévenir quelqu'un. C'est toujours avec précipitation que je cherchais mon téléphone dans la salle de bain. Et... je le retrouvais en miette... Je fouillais activement la pièce en vue du portable de Jo ou de Pat mais rien. Ils les avaient surement sur eux... L'ordinateur était fichu aussi... Je regardai le téléphone fixe, balancé à l'autre bout de la pièce avec le câble rompu... Bon, il était temps de dégager ! Je sortis rapidement mon sac de voyage et y fourrais mes affaires et mes armes. Je cherchais si je n'avais rien oublié quand on frappa à ma porte.
« Open the door, please. »
Merde... Je récupérais plusieurs feuilles compromettantes, jusqu'à trouver le journal... Je pensais que les vampires étaient venus pour le récupérer...
« Open the door ! »
Je n'avais pas le temps d'y répondre, je le fourrai dans le sac avec les autres et passai le sac autour mon buste. Direction la fenêtre ! Je grimpai sur la balustrade, vérifiant rapidement que personne ne jouait les curieux et sautai d'un bond surnaturel pour attraper le bord du toit. Je me hissai rapidement et m'assis un moment à même le sol. Je commençais à fatiguer largement. Mes membres étaient endoloris, je devais être marquée sur tout le corps, mon crâne saignait, mon cou aussi, j'avais un état déplorable. Je sortis de mon sac un gilet que je passai et pris un T-shirt pour m'essuyer le plus possible. Et maintenant ? Je me laissai aller contre le mur en fermant les yeux. Je me débattais avec mes pensées pour ne pas sombrer ni dans le désespoir ni dans la panique. Je devais trouver un téléphone, je devais appeler Stan puisque je n'avais absolument pas le numéro du boss et je devais prévenir de la disparition de Jo et Pat. Ma tête tournait légèrement. Le salaud avait pu pomper pas mal de sang et je continuais d'en perdre même si les plaies n'étaient pas trop larges, elles étaient assez profondes... Personne ne me prêterait un téléphone dans cet état...
Réfléchis Ellie, réfléchis Ellie !
En arrivant dans la ville, j'avais vu un hôtel pourri, je ne pense pas qu'ils me poseraient des questions à cet endroit. Du moins je parierais dessus. Et ce n'était pas très loin. Je pourrais y arriver avant de perdre toute mon énergie et me soigner là-bas. Je n'avais pas d'autres idées de toute façon...
Je me relevai et me mis en route sur les toits roumains. Moins d'une dizaine de minutes après, le sweet fermé jusqu'en haut et la capuche cachant mon crâne, je passai la porte de l'hôtel. Un vieux monsieur était derrière son guichet lisant un journal.
« A room, please. »
Il me regarda derrière ses lunettes, me montrant clairement qu'il n'avait pas compris. Super, il ne parlait même pas anglais ! Je sortis une liasse de billet et les posai sur le comptoir. Il fit un petit signe de la main et j'ajoutai des billets. Il me donna enfin une clé. Je n'essayai même pas de lui demander un téléphone et allai directement dans la chambre qui était au quatrième étage sans ascenseur. J'étais crevée...
Je trainais des pieds jusqu'au lit et vis avec soulagement un vieux téléphone. Je composais le numéro de Stan et attendit qu'il décroche.
« Ellie ? Tu vas bien ?
_Oui ça peut aller mais...
_Ouf ! Tu as réussi la mission alors ?
_On peut dire ça mais...
_Je ne peux pas rester longtemps au téléphone, on se rejoint aux frontières. Tu as bien reçu les indications pour le plan ?
_Non, c'est de ça que je devais parler. J'ai eu des problèmes.
_Comment ça ?
_J'étais à l'hôtel avec deux GMW, on s'est fait attaquer et ils ont disparu.
_Ils voulaient quoi ? Tu es sûre que tu vas bien ? Ils t'ont blessé ? Où es-tu ? Il faut que tu viennes aux frontières, je préfère te savoir près de moi. Je t'envoie les coordonnées sur l'application de la SFCP. J'ai peur qu'on puisse les intercepter sinon.
_Je ne peux pas. Mon portable a pris cher dans le combat. Je t'appelle d'un téléphone fixe.
_Ah ! c'est la merde... Bon, tant pis, je vais te les dire, attends...
_Non ! Je ne veux pas vous mettre en danger ! J'ai le journal avec moi, j'irais aux indications les plus proches de la Hongrie. Débrouille-toi pour être dans le même groupe et ça ira. Il faut par contre que tu préviennes Monira que Jo et Pat ont disparu et que je ne sais absolument pas ce qu'il s'est passé. Mais dis-lui que j'ai le journal et que Pat avait fini de la faxer à la Surveillance.
_Je ne comprends pas tout là...
_Moi, non plus, mais c'est ce qu'il a dit et comme je ne pense pas pouvoir te téléphoner avant un moment, je préfère que tu saches tout.
_D'accord... Fais attention à toi, Ellie.
_On se verra au plus tard demain soir, je te le promets.
_A demain sœurette.
_Prends soin de toi aussi.
_Comme toujours. »
Je raccrochai et m'allongeai un moment. Seulement je me sentais trop poisseuse pour m'endormir. Je mis quelques affaires en place, comme mon pistolet sous mon oreiller, on ne sait jamais. J'attrapai quelques affaires de rechange et partis directement à la salle de bain. Oh... Toute petite, elle était pourtant plus dégueulasse que la chambre qui n'était pourtant pas vraiment dans la case propre. Je me dépêchai de faire un peu de ménage avant de prendre une longue douche bien chaude. J'enfilai ensuite un short et un débardeur pour me regarder dans le miroir. Ouh... Je faisais peur à voir. J'avais des bleus sur les jambes, les épaules et la tête, quelques égratignures, une plaie à la tête qui commençait déjà à guérir et pareil pour les deux trous dans ma gorge. C'était assez étrange d'ailleurs car je ne saignais déjà plus et des croutes semblaient déjà se former. Je guérissais à une vitesse incroyable... Ce qui n'enlevait rien à ma défiguration par contre. Je mis à tremper mes vêtements sales mais indispensables et les mis à sécher. Je devrais partir le plus vite possible mais il allait de soi que je devais me faire une petite sieste avant parce que clairement je ne tiendrais pas longtemps sur mes jambes. J'allais m'allonger sous la couette et fermai les yeux. Je crus pouvoir enfin me reposer... quand un bruit mit ms sens en alerte. Pourquoi sérieux ? Je ne demandais que deux heures !
Simulant le sommeil, je me tournai sur le ventre et passai une main sous mon oreiller attrapant mon pistolet. Un pas... deux pas... allez ! Dépêche-toi ! trois pas... Quatre pas... Il se penche. Oh non... Son odeur...
Je me retourne brusquement posant mon arme contre la tempe de celui qui venait de me rendre une petite visite.
« Mets ne serait-ce qu'un bout de doigt sur moi et je t'explose le crâne, enfoiré.
_Dans mes souvenirs, on s'était quitté en meilleurs termes, princesse. »
En face de moi, Alex me regardait avec amusement et voulu s'approcher encore. Je l'éloignai alors en pressant plus fort contre lui.
« Je suis sérieuse. Ne. Me. Touche. Pas. »
Il s'écarta enfin, les sourcils froncés. Je me redressais pour le garder en joug, mon index sur la détente me démangeait. C'était lui... C'était lui le tueur de ma mère... Je devais appuyer... Je devais... Mais... Ma main tremblait, il fallait que je ne montre rien de mon incapacité à le tuer...
« Qu'est-ce qui te prend ? Je pensais qu'on avait mis les choses au clair.
_Oh oui, niveau mensonge tu as vraiment su gérer.
_Je ne t'ai pas menti.
_Ah ouais ? et les vampires qui sont venus dans ma chambre d'hôtel n'ont pas essayé de me tuer ?
_Je ne vois de quoi tu parles...
_Et ça ? pointais-je mon crâne. Et eux ? montrais-je les hématomes sur mes cuisses. Je les invente ? Et la morsure ? »
Quand il vit mon cou, ses yeux s'agrandirent et son visage afficha la colère.
« Qui ? Qui t'a touché ?
_Tu crois que j'ai demandé le nom de ton sbire avant de le tuer ?
_Je n'ai pas de sbires, je comprends rien à ce que tu racontes ! Est-ce que tu peux baisser ton arme s'il te plait ?
_Non ! criais-je un peu plus fort que je l'aurais cru. Je veux que tu partes et je souhaite de tout mon cœur que mon père te tombe dessus et te tue ! »
Mince... Je craquais... Quand je le voyais, je me souvenais de sa photo qui était attaché à son dossier de vampire dangereux... son dossier qui présentait en toute lettre qu'il était le meurtrier de ma mère... Je sentais le chagrin monter et je faisais tout mon possible pour retenir les larmes. Je ne pleurerai pas devant lui.
Il baissa les épaules, avec un air attristé. Il voulu s'approcher mais je reculai d'un pas.
« Ne m'approche pas !
_Mais explique-moi bordel ! Je ne comprends rien ! Je t'ai dit que je n'avais rien avoir avec la guerre ! Je ne savais même pas qu'elle se préparait !
_Mais arrête de mentir ! Arrête ! Qu'est-ce que tu veux à te faire passer pour un innocent ? Tu viens me tuer ? Trouve autre chose !
_Princesse... Calme-toi, s'il te plait....
_Ne m'appelle pas comme ça ! »
C'était trop tard ! Je pétais littéralement les plombs ! J'avais trop de haine, de douleur en moi et une contradiction des sentiments trop forte quand il se tenait devant moi. J'avais autant envie de lui tirer une balle en plein cœur que de me réfugier dans ses bras... Mais c'était ses bras que je voulais... C'était les bras de l'homme qui ne voulait pas être un monstre que je voulais, l'homme qu'il m'a fait croire être alors qu'il a fait et prépare des choses horribles...
« J'aimerais tellement te tuer moi-même, pour tous tes mensonges, pour la douleur que j'ai au fond du cour depuis des années...
_Ellie... Je t'en supplie, explique-moi, je ne vois pas de quoi tu parles.
_Je sais que tu m'as menti pour la guerre, je sais que tu en connais tous les détails et que tu corresponds avec ta Marion. Je sais aussi que tu m'as embrassé dans une maison où une fille dormait encore dans ton lit... Tu me dégoutes à un point...
_Mais c'est faux ! C'est complètement faux !
_Et c'est faux, ça peut-être ? »
Sans me retourner, je pris le journal dans mon sac et le montrai sans le lui tendre... C'est peut-être pour ça qu'il était venu. Pour le reprendre ?
« Je ne sais pas ce que c'est...
_Je l'ai trouvé dans ta chambre, il explique en détail le plan du meurtre de Dracula et il comporte des petits mots de cette Marion qui parle à son « cher McKinley ».
_Ce n'est pas à moi, je te le jure.
_Et la pétasse blonde dans tes draps mauves n'était pas celle qui m'a craché dessus chez toi.
_Ah ah ! J'avais des draps blancs, pas des draps mauves dans ma chambre ! »
Je tiquai et fronçai les sourcils à mon tour. Je ne m'étais pas doutée une seconde que cette chambre ne pouvait pas être la sienne... Mais... la blonde... je l'avais reconnu...
« Et « la pétasse blonde » a fricoté avec mon frère parce que je l'avais repoussé. J'avais une autre femme en tête encore...
_Je ne peux plus te croire, Alex... »
Son nom m'avait échappé avec trop de douceur. Je vis dans ses yeux un regain d'espoir, alors que les miens pouvaient sûrement afficher la même chose.
« Princesse, pourquoi aurais-je mis ma vie en danger pour te faire croire que je fuyais Marion alors je préparais un plan de meurtre avec elle ?
_Elle t'a peut-être fait changer d'avis !
_Regarde la première date dans le journal alors. »
D'une main, j'ouvris le journal aux premières écritures. Elle correspondait à quelques semaines avant notre rencontre... C'est vrai que ce n'était pas logique... Ce n'est pas comme si m'embobiner lui avait servi à quelque chose... Oh non... J'étais en train de mon convaincre de son innocence ! Ce qui eut le don d'échauffer mon esprit et me mettre complètement en rogne !
« Je ne peux pas te croire ! hurlais-je une nouvelle fois.
_Princesse, dis-moi ce qu'il y a... Je vois bien qu'il y a autre chose ?
_Tu... »
Je fermais les yeux et déglutis pour laisser les larmes au fond de ma gorge.
« Tu as tué ma mère. »
Ma voix avait retrouvé subitement le calme et me semblait presque étrangère à moi. Le dire à voix haute semblait avoir changé une chose. Au fond quand je le voyais au bout de mon arme, j'aurais pu appuyer sur la détente à cet instant précis.
« Je... Je ne peux pas te l'avouer...
_Quoi ? »
Avouer... Il ne pouvait pas me l'avouer parce qu'il ne l'avait pas fait ou parce qu'il l'avait fait et culpabiliser devant moi ?
« Il m'est arrivé de tuer, je ne peux pas le nier... Mais je ne l'ai jamais fait avec l'intention de le faire ! Alors je ne sais pas qui j'ai tué...
_Tu as été à l'armé, il y a une vingtaine d'années. Elle te poursuivait. Et quelques années plus tard, elle t'a retrouvé et tu l'as tué.
_ça ne me dit rien...
_C'est écrit dans ton dossier.
_Mon dossier ?
_Je lui ressemble. C'était il y a 12 ans. C'était le 1er mars. Tu l'as tué. »
Alex baissa les yeux, les bougeant en tous sens, comme s'il cherchait dans sa mémoire.
« Je sais que j'ai tué à cette époque... Mais c'était parce qu'on s'était attaqué à moi ! Et seulement pour cette raison !
_Elle te traquait parce que tu étais dangereux.
_Non... Je n'ai jamais tué d'humains pour m'amuser, je peux te le jurer.
_Je ne te crois pas. Tu es une créature de la nuit, tu es un monstre.
_Non... Ce n'est pas toi qui dis ça...
_J'ai vu ton dossier... J'ai vu le nombre de meurtre que tu as commis ! »
Les larmes me montaient aux yeux, mes mains tremblaient tellement que je ne pensais même plus pouvoir viser correctement.
« J'ai vu le nom de ma mère sur ton dossier. Elle s'appelait Lucie. C'était la gentillesse incarnée. C'était la meilleure des mères... J'avais besoin d'elle... Et tu l'as tué. »
Et ça déborda. Mes joues furent trempées en quelque secondes. C'est à ce moment que les forces me manquèrent pour de bon et que je sentis mon bras retomber mollement près de mon corps. Alex en profita pour venir me prendre dans ses bras. J'essayai de le repousser mais ma contradiction m'avait lâché. J'avais tellement besoin de soutien à cette instant... Mais ça ne pouvait pas venir de lui. Je le poussai avec la force d'une chasseuse et il heurta le mur. Cependant je n'en pouvais plus, je m'écroulai sur le lit alors qu'il revenait à la charge. Je me débattais pour qu'il s'éloigne mais il me serra plus fort contre lui.
« Attends, attends ! Je ne peux pas être sûr de ne pas l'avoir tué mais toi, tu peux le savoir. Tu peux en être sûre et tu peux même vérifié que je t'ai toujours dit la vérité.
_C-Comment...
_Je vais te faire rentrer dans mes souvenirs.
_Quoi ?
_Quand je me suis réveillé après avoir perdu connaissance, j'ai appelé une connaissance, une sorcière. Je lui ai demandé quelques petites choses pour qu'on n'ait plus jamais peur que l'un ou l'autre se mentent, ou du moins pour que tu n'aies plus de doutes sur moi.
_Mais... pourquoi ?
_Quand j'ai vu que tu n'étais pas resté... Je me suis dit qu'il t'avait convaincu de ma culpabilité... ou quelque chose de ce genre... Je ne veux pas te perdre à nouveau... Alors elle m'a révélé qu'il y avait un lien fort entre toi et moi, pas que relationnelle mais aussi magique. »
Je le regardai complètement abasourdie.
« Si tu bois de mon sang, tu pourras toi aussi rentrer dans ma tête. »
Est-ce qu'il y a un mot plus fort que cauchemar pour décrire ma situation ?
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[Ancienne version] Une normalité bien trop vampirique ~ Tome 5 : PCM
FantasyEllie vit une vie normale enfin presque... Son père travaille dans l'armée et lui inflige à elle et à son frère un entraînement pour qu'elle sache se battre, ce qui la rend moins fragiles que les autres filles. Mais elle n'évite pas les ennuis pour...