Lorsque tout se complique

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-Putain de merde, fallait qu'ils me trouvent maintenant. S'exclame Fara d'une voix rageuse.

Bastien et Gwen se jettent un coup d'oeil surpris par le soudain changement de comportement de Fara. Elle s'est arrêté en plein milieu de la passerelle reliant l'avion au terminal, son regard fixé sur un point au loin.

Gwen ne voit rien, le couloir est vide et derrière eux la porte de l'avion est fermé, ils étaient les derniers à sortir. Soudain les lumières vacillent, les plongeant par intermittence dans le noir.

Lorsqu'elles se stabilisent, la valise de Fara jit sur le sol. Elle a lâché son sac à dos et tient dans la main ce qui ressemblerait le plus à un pistolet.

Gwen se fige, le corps tendue à l'extrême. Son coeur se met à battre à un rythme infernal tandis que son cerveau met en place un nombre incalculable de théories pour justifier l'apparition d'une arme dans la main de Fara.

-Vous feriez mieux de fuir. Ravie de vous avoir rencontré. Elle les regarde juste un instant avant de tourner sa tête.

Les lèvres de Gwen bougent sans qu'aucun son n'en sorte lorsqu'elle voit les formes qui rampent sur le plafond de la passerelle.

Un déclic s'opère et des barrières invisibles se rompent. Un long crie d'horreur s'échappe de sa bouche tandis que ce qu'elle prenait d'abord pour de vague forme rampant au plafond s'avère être des êtres à tête de grenouille dont la peau est écaillée.

Le visage de Bastien prend une teinte blanche, sa lèvre inférieure tremblote légèrement.

-Fuyez ! Pour l'amour de votre Dieu ! S'énerve Fara avant d'appuyer sur la gâchette.

Le son de verre brisé se répand dans le couloir, un projectile file pour venir se ficher dans le plafond à quelques centimètres de l'une des créatures. Le champ de force est tel que plusieurs d'entre elles s'écroulent au sol mortes,celles qui sont encore valides se remettent immédiatement sur pied et reprennent leur progression tels des robots.

Alors que les tires de Fara prennent un rythme infernal, Gwen sort de l'état de latence dans lequel elle s'était plongée. Son regard évalue rapidement les possibilités, la porte de l'avion est scellée, le couloir menant au terminal est impraticable et envahit, il ne reste que l'issue de secours, derrière eux, qui pourrait donner sur le vide. Gwen ne réfléchit pas, elle préfère une chute de plusieurs mètres plutôt que faire face à ces créatures.

A ses côtés, Bastien ne bouge pas, il est pétrifié. Ses yeux fixent un point lointain, vide de toute émotion. Pousser par l'urgence de la situation, Gwen l'attrape par le bras et le secoue jusqu'à ce qu'il tourne la tête vers elle. D'un geste du menton, elle lui indique la porte. Il acquiesce silencieusement, perdu.

Soudain, alors qu'elle le prend par la main, une créature se laisse tomber du plafond à seulement quelques centimètres d'eux. Les yeux du batracien les étudient attentivement, avant que la membrane ne se rétracte sur sa rétine.

Gwen sait pertinemment que Fara ne leur viendra pas en aide, elle est actuellement en corps à corps avec plusieurs de ces bêtes et Bastien à ces côtés est aussi actif qu'un légume.

Elle c'était préparer à faire face à plusieurs situations, une inondation, une troisième guerre mondiale voire même un hiver nucléaire, mais pas à ça. Une sorte de grenouille se déplaçant aussi bien à quatre pattes que deux. Non certainement pas !

C'est pour ça que durant les quelques instants que le grenouille bipède utilise pour humidifier son globe oculaire, Gwen saisit sa valise et l'abat violemment sur le crâne du batracien. Plusieurs fois. Jusqu'à ce qu'un craquement significatif se fasse entendre et qu'elle ne rencontre aucune résistance.

Il y a quelque chose de sauvage et effrayant dans l'expression de son visage lorsqu'elle relève la tête vers Bastien, mais il ne ressent rien d'autre que de l'admiration.

-On y va. Dit-elle en le menant fermement par la main.

La jeune femme saisit la poignée d'urgence et pousse la porte de toutes ses forces. Celle-ci s'ouvre, la nuit et l'air frais frappent Gwen de plein fouet, la ramenant à une réalité moins violente. Son regard tombe sur les escaliers et elle remercie la providence.

-Ils mettent du temps là-haut. Tu crois qu'il faudrait aller aider ?

Une voix gutturale raisonne dans la nuit, glaçant le sang de Gwen. Elle s'arrête dans les escaliers, les sens en alerte. D'un mouvement de la main, elle fait signe à Bastien de se baisser.

-Non, mais on ferait bien d'aller voir la machine, le champ magnétique fluctue et qui sait combien de temps, elle peut tenir ces maudits humains à distance.

La réponse qui se fait suivre est un grognement animal. Gwen se colle à la paroi de la rampe, espérant passer inaperçu . Bastien l'imite immédiatement, son regard rencontre le sien. La peur et une incompréhension profonde se lisent dans ses pupilles.

Gwen lui offre une pression de la main pour tout réconfort, elle ne le laissera pas tomber quoi qu'il arrive.

Le coeur de Gwen rate un battement lorsqu'elle voit deux formes massives se diriger vers le pied de la rampe. Instinctivement, elle se fait plus petite, les yeux rivés vers les premières marches.

Soudain, ils sont là. Deux formes immenses, vêtues d'uniforme de cuire. La seule chose que Gwen note sont leurs peaux rocailleuses et leurs nez aux nombreuses membranes tels les tentacules d'une pieuvre.

Elle retint son souffle alors qu'ils passent sans un regard vers eux. Sitôt qu'ils sont hors de vus, elle entraine Bastien à sa suite.

Le tarmac est vide, les machines semblent endormies sur place comme abandonnées, et toute vie a désertée la zone environnante. Dans le terminal la vie bat son plein, gwen peut voir le flux sans fin de passager qui avance sans se rendre compte de ce qui se joue sous leurs yeux.Une fraction de seconde, elle s'imagina traverser le terminal parmi la foule, sa valise roulant tranquillement derrière elle.

Un bruit de tole froissé se répand dans l'air et la réalité la frappe brutalement. Une partie de la passerelle vient d'exploser, révélant une scène de combat intense.

Gwen et Bastien ne l'aperçoivent que du coin de l'oeil, Fara et son visage déformé par la rage dont combat à prit une toute autre intensité. Prise d'un nouveau sentiment d'urgence, Gwen cherche à s'éloigner. Son regard tombe alors sur les deux humanoïdes rocailleux qui courent dans leur direction, alertés par le bruit. La panique s'empare de son corps et fait dérailler son cerveau, aucune pensée cohérence ne semble pouvoir parvenir à elle. Elle ne voit que la fatalité de la situation et la finalité qui s'impose en elle. Une suite de lettres se grave dans son esprit alors qu'elle abandonne : Mort.

Son corps soudainement tiré par une pulsion extérieur, se met en mouvement, le regard de Gwen passe lentement des hommes pierres à Bastien qui la tire par la main. Elle l'observe un moment sans vraiment comprendre ce qu'il se passe. Il la tire jusqu'à un container, ouvre la porte et s'engouffre dans le noir, Gwen à sa suite.

Gwen observe les derniers éclats des illuminations qui disparaissent alors que Bastien scelle la porte derrière eux. Alors qu'ils plongent dans l'obscurité, elle comprend qu'elle vient d'échapper à une mort certaine. 

La promesse de l'aube.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant