STINKER

27. The drug of Poker.

           « La drogue du Poker. »

[Athéna]

Je suis réveillée par quelques secousses au niveau de mon épaule. J'émerge de mon sommeil lentement et j'ouvre les yeux.
Le visage de Rayan est penché au dessus de ma tête. Je me redresse péniblement et reste assise sur le canapé.

Combien de temps ai-je dormis?

Comme si Rayan lisait dans les pensées il me tend l'écran verrouillé de son téléphone qui affiche vingt heures et quart.

« Je te poses tes affaires pour ce soir ici, je repasse dans cinq minutes alors dépêches toi. »

J'hoche de la tête pour dire oui et attend qu'il quitte la pièce pour regarder le contenu de la boîte posée sur la place du canapé à côté de moi.

Comme à son habitude, une robe.

Je réajuste correctement la robe verte émeraude fendue au niveau de la cuisse avec un léger décolleté.
Je remet une couche de peinture sur mon visage et laisse ma perruque cacher le reste.

Deux minutes après, Rayan entre dans le bureau et m'indique de le suivre.
Nous quittons son immeuble sans un mot.

Nous arrivons devant un immeuble à la façade emblématique, les lettres Courthouse Hotel sont inscrites sur la devanture du bâtiment aux apparences onéreuses.

Un Casino.

Rayan prend mon bras et me fait entrer dans ce monde des jeux d'argent que je ne connais absolument pas.

Est-ce que son colossal empire viendrait des jeux d'argent?
J'ose lui poser la question qui me brûle tandis que nous traversons l'immense hall aux couleurs pourpres et dorées.

« Monsieur Abdas? »
Le questionnais-je d'une faible voix.

« Oui?
Son air est paisible, il est attentif à la question que je m'apprête à poser.

« C'est ici que vous avez fait fortune? »
Il sourit, son expression est calme et douce. Chose rare.

« Non, il m'arrive de m'entretenir avec mes clients ici. »

Je ne répond pas, je me contente d'analyser le décor qui m'entoure.
Des murs tapissés de miroirs et de tissus, en passant par l'immense bar où les gens s'entassent et puis les tables de jeux où se déroulent les parties de Poker.
C'est fascinant, je ne peux cacher mon excitation. Nous sommes entourés de personnes habituées à cet univers qui m'est inconnu.
Un serveur passe avec un plateau, il baisse la tête devant Rayan par signe de respect et nous propose une coupe de Champagne, le milliardaire agit comme un roi dans son palais.

Nous arrivons à la hauteur d'une table de jeu, Rayan prend place face à une personne d'une cinquantaine d'années, un homme aux joues joufflues avec de petits yeux et une fine bouche pincée.
Quelques femmes en légères tenues et des hommes en costumes sont postés derrière le fauteuil de ce personnage.
Celui-ci relève les yeux avec un large sourire.

« Mi Rayan, mio piccolo approche donc. »
S'exclame l'homme d'une voix chaleureuse.

Il lève son verre à pied qui trône à côté de lui et le tend comme pour signer le début de l'entrevue.

«Bonsoir Giovanni. »
Le ton calme de Rayan est surprenant.

«Rayan je vois que tu as emmené une marque de sympathie.. »
dit calmement l'homme qui me dévisage tout en emmenant son verre à ses lèvres.

«Une simple secrétaire. »
Son ton est sec, terriblement indifférent.

Un peu mal à l'aise dans ma robe qui laisse peu de place à l'imagination je reste en retrait, je me contente de jeter une fois de plus un long regard sur l'immense salle. C'est exactement comme je l'avais imaginer, semblable au Casino Royal dans James Bond, Même élégance, même luxe, mêmes visages de millionaires qui se prennent aux jeux d'argent.

D'autres hommes rejoignent la table, une personne qui semble bien à l'étroit dans son costume mal taillé, un autre très mince avec de fines lunettes rectangulaires et quelques autres individus rejoignent le jeu. La partie s'apprête à commencer, les cartes distribuées, le dénommé Giovanni prend la parole.

«Messieurs, faites vos jeux. »
A ses mots, un silence s'installe, tous concentrés dans leur jeu. Quelques curieux viennent jeter des regards indiscrets aux joueurs autour de la table, c'est divertissant. On divertit les plus fortunés pour en tirer quelques bénéfices.

Fascinée par le jeu je ne vois pas l'heure tourner, l'homme aux petites lunettes avec sa mine sérieuse et sévère perd rapidement sa montagne de jetons, ses jetons bleus, jaunes, rouges disparaissent dans le jeu de Rayan et dans celui d'un homme à la peau ridée par l'âge. Son visage jusque la impassible se décompose au fil de la partie, sa fortune régresse dangereusement, il perd.

Je décide de faire un tour dans les toilettes, me rafraîchir le visage me sentant étouffer dans cet espace.
Je commence à m'éloigner de la table sous les froncements de sourcils de monsieur Abdas.

Je commence à me perdre dans ce labyrinthe de couloirs, je croise un serveur et lui demande mon chemin, il me l'indique avec un sourire et je suis son indication.
J'ouvre la porte et entre dans un grand espace aux couleurs sombres. Les néons qui diffusent une lumière bordeaux apporte une ambiance particulière.

Je me penche au dessus d'un lavabo et me passe un peu d'eau sur le visage, je relève la tête et une ombre appuyée contre une cabine des toilettes me fixe avec insistance d'un regard noir dans le miroir.

«La partie n'est pas finit, tu es bien placée pour le savoir. »

«Jade.»

J'étais désemparée et bientôt totalement désarmée...

•••