2

7.9K 450 127
                                    

La candidate me dépasse avec un sourire hautain. Je prends une grande inspiration et la tête haute, je rejoins celle qui m'attend devant la porte. Elle me toise. De haut en bas. Je n'arrive pas à déceler son approbation ou désapprobation. Elle semble totalement impassible. Soudain, mon cœur s'emballe. J'imagine que la poupée russe qui m'a précédé, de bien dix ans de moins que moi , va me passer devant haut la main. J'ai besoin de ce job. 

L'entretien commence par des formalités d'usage. Elle me demande ensuite mes motivations. Je ne tiens pas à mélanger vie professionnelle et vie privée, tirant une leçon du passé. Je lui explique simplement, avoir besoin d'un second emploi pour m'installer ici convenablement. J'omet volontairement l'existence de mon fils. Je sais déjà, que je ne serai pas retenue si je parle de lui. Un emploi de nuit, en plus de celui de jour, pour une maman solo avec un petit garçon de trois ans, c'est une addition un peu chargée. J'ai la chance d'avoir une voisine en or je dois l'avouer. La meilleur amie de ma cousine vit avec ses deux enfants dans le même immeuble, elle est souvent seule, son mari partant souvent en déplacement à l'étranger et m'a toute suite proposé de s'occuper de Noah, le temps que je prenne mes marques dans cette nouvelle vie. 

Mon salaire pourrait être doublé en travaillant trois week-ends par mois. Je regarde autour de moi tandis que mon interlocutrice épluche mon cv. La pièce est très féminine, du velours, de la dentelle, des fleurs partout. Une poigne de fer dans un gant de velours. Cette femme semble mener ses affaires d'une main de maître.Son téléphone sonne. Elle répond tout en continuant à regarder mon document.

- Oui...Merci de m'avoir prévenue.

La porte s'ouvre d'un coup et un homme pénètre dans le bureau. Il est grand, mince, vêtu d'un costard sombre. Ses cheveux sont plaqués sur l'arrière. Ses mains et son cou sont ornés de tatouages. 

- Bonjour Camille. Allez y continuez.

Sa voix est ferme et autoritaire. Madame Aston semble irritée par la présence de cet intrus.

Il s'installe dans un grand fauteuil en velours prune, derrière moi, sur ma gauche. J'ai envie de me retourner pour le regarder comme je viens de le faire lors de son entrée, mais ce serait mal venu. Mon interlocutrice le fusille du regard.

- Bonjour Elias. Que me vaut cette visite? J'aurai pu prévoir un rendez vous rien que pour toi si tu m'avais prévenu. 

Sa voix se fait tout à coup mielleuse. Je me sens vraiment de trop. Je n'ose pas bouger. 

- Continuez. Faites comme si je n'étais pas là. 

- Si tu es là, profitons en. Viens près de moi. 

Elle a presque chuchoté, comme pour elle même. Je le sens se déplacer dans mon dos. Il pose délicatement, sa main sur le haut de mon fauteuil et la déplace lentement. Je le sens me regarder pendant tout ce temps. Il fait volte face et s'assoit sur le rebord du bureau juste devant moi. Je regarde d'abord ses chaussures, de grande marque assurément. Son pantalon est parfaitement serré sur une paire de chaussettes de la même couleur. Sa veste est ajustée sous ses bras croisés. Une chemise blanche entrouverte laisse entrevoir le haut de son torse, lui aussi tatoué...

Si vous passez par ici laissé la date et l'heure de votre passage pour un petit aperçu.
PEACE S.D.

Rêve sombreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant