DIARY - JOUR 3
Mon scooter n'a pas démarré ce matin, alors j'ai du prendre le métro pour aller au lycée. J'avais à peine fais trois pas à l'intérieur que je regrettais déjà mon choix. La misère était omni-présente.
Il y avait un sans-abri à l'entrée, en haut des escaliers. Un homme, qui semblait s'être endormi. Je suis passée devant lui et je lui ai déposé une pièce, mais il ne s'est même pas réveillé. J'ai regardé son corps inerte et maigre, frappée de stupeur. II était mort.
J'ai alors alerté la dame du guichet, puis je suis partie, en pensant égoïstement que j'allais être en retard.
Je me demande si cela fait de moi quelqu'un de mauvais.
Mais après mûre réflexion, je me dis que je ne pouvais rien faire d'autre, de toute façon.
En rentrant j'ai pris la feuille et j'ai tenté d'écrire au garçon du train. Et les mots ce sont imposés d'eux-même. Je me suis moi-même surprise, car je pensais ne rien avoir à lui dire. C'était visiblement faux.
Paris, le 03/03/14
Cher jeune homme du train,
J'ai suivi tes conseils finalement, je tiens donc désormais un journal. Je me suis dis que je devrais t'écrire, mais je ne sais pas tellement pourquoi. Je tiens d'abord à te dire que ne pas connaître ton prénom est plutôt déstabilisant, mais tu ne connais pas le mien non plus alors j'imagine que nous sommes quittes. J'ai quelques questions en tête, te concernant.
1. Qu'écris-tu généralement dans ton journal?
2. Pourrais-tu me confier des choses sur toi?
Cela fait une semaine que nous nous sommes rencontrés, et il est vrai que tu m'intrigues au plus haut point.
J'espère reçevoir une réponse de toi bientôt,
La jeune fille du train 6061.
Je suis allée la poster à la hâte il y a à peine dix minutes, j'ai glissé l'enveloppe dans la fente, et je me suis sentie tellement mieux.
DIARY - JOUR 4
J'ai croisé Noah en ville cette après-midi. Je l'ai aperçu de loin, et j'ai senti mon cœur s'emballer. Pendant un quart de secondes, je me suis remémorée nos moments heureux et ça a suffit à mettre un semblant de sourire sur mon visage.
Nos regards sont alors entrés en collision, et je jurerais avoir perçu un soupçon de regret dans ses yeux. Mais il était trop loin pour en juger.
Il a effectué un mouvement dans ma direction, et je suis sûre qu'il serait venu jusqu'à moi si elle ne n'avait pas été là, si elle ne l'avait pas embrassé. J'ai instinctivement détourné le regard, et me suis enfuie. J'avais déjà été remplacé.
"Il y a dans la vie de chacun un moment où il faut choisir de fuir ou de résister" aurait dit Bukowski.
J'ai fuis, j'ai fuis parce que c'était la solution la plus évidente, et la moins douloureuse. J'ai jeté un coup d'œil désespéré vers Noah mais j'ai compris qu'il avait fuit, lui aussi. Peut-être que c'était mieux comme ça.
Alors je suis rentrée et j'ai pensé à mon garçon du train. J'ai pensé à à ses yeux verts envoûtants et à son visage d'une beauté intransigeante. Et je me suis sentie mieux.
DIARY - JOUR 5
J'ai guetté le facteur toute la matinée, mais je n'avais pas de courrier. Peut-être que le jeune homme du train n'a pas souhaité me répondre. J'ai regardé l'employé de la Poste s'en aller, en espérant secrètement qu'il fasse demi-tour et qu'il m'annonce qu'il n'avait pas vu ma lettre au fond de son sac. Mais il s'en est allé sans revenir sur ses pas.
DIARY - JOUR 6
Toujours pas de nouvelles.
Je me suis sentie tellement stupide ce matin quand j'ai ouvert ma boîte au lettre sans découvrir quoi que soit. Je crois qu'inconsciemment je pensais que tout irait mieux, et que ma vie reprendrait un semblant de normalité. Minable, je sais. Comme si j'arriverai à me détacher du passé aussi facilement. Je suis la mieux placée pour savoir que ce n'est pas comme ça que cela fonctionne.
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Les échos des âmes
NonfiksiEn référence à toutes ces voix qui tourbillonnent au fond de moi. [hiatus]