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PDV Louise

La journée de cours est enfin terminée. Elle a été plutôt bizarre et j'avouerais que je sens mon cœur battre plus vite et ma respiration se saccader.
Je commence à stresser pour le rendez vous sans aucune raison...

J'ai fini tôt aujourd'hui comme tous les vendredis et j'attends ma mère pour le rendez vous, mais bon elle est déjà un peu en retard... Je repense à cette journée en l'attendant et ce qui me vient en tête directement est le fait qu'Erfan soit dans mon lycée alors que c'est la dernière chose à laquelle je m'attendais et que je souhaitais.
Je me rappelle surtout du cours de Français où il est littéralement resté bloqué sur moi.
Où je suis bien évidemment restée bloquée sur lui aussi.
Je sais pas trop ce qu'il se passe dans sa tête mais bon. Mieux vaut que je laisse tomber.

Quelques minutes après avoir tourné en rond pendant 15 minutes je vois enfin ma mère arriver. C'est pas trop tôt...
J'emmène ma mère vers la salle où les rendez vous par rapport à l'internat sont pris, et c'est plutôt loin surtout quand on voit la taille de notre établissement.
Elle a l'air de se sentir bien aujourd'hui, c'est plutôt bon signe.
Pendant que l'on marche, il n'y a d'abord pas un mot. Puis une discussion vient finalement.

-Tu sais comment ça s'organise à peu près l'internat?

-Oui, à peu près.

Ce fût de courte durée...
Après quelques longues minutes silencieuses, nous arrivons enfin dans cette salle. En fait, c'est tout simplement une sorte de salle d'attente, et je suppose que derrière la porte, il y a une sorte de bureau dans lequel se passe l'entretien. Je suis la seule pour l'instant à être ici. Avec ma mère bien sûr.
Je ne pense pas qu'il y aura d'autres nouveaux internes, on n'est plus au tout début de l'année donc je vais devoir m'intégrer comme je peux aux internes, et aux soirées, des internes...

Je m'assois sur l'un des multiples sièges et regarde mon téléphone. C'est un message de Nicolas.
Encore lui...

"Hey du coup pour l'SVT, on s'est pas parlé aujourd'hui."

Bah oui bravo Gérard, on s'est effectivement pas parlé.

Quelle perspicacité...

Honnêtement je sais même pas quoi répondre à ça. Je lui dis qu'on en parlera lundi? Je ne sais pas... Bref je répondrai plus tard.

Je laisse mon regard se poser sur la porte d'entrée et ne le bouge plus. Je reste le regard vide et immobile, ma tête uniquement animée par mes pensées. Je repense encore à cette journée si bizarre... Je n'arrive pas à m'imaginer que maintenant Erfan est ici. Il fera partie de ma routine. Je le verrai tout le temps sauf le week end.

Bref.

La poignée de cette porte est toujours mon seul centre d'intention. Je n'arrive pas à ôter mon regard de celle ci. Elle est immobile. En métal. Rien ne bouge dans cette pièce, tout est inanimé.
Mais elle se baisse.
Je vois le métal émettre un reflet.
La porte bouge.
Mon regard se déplace, il redevient vivant comme cette pièce.
Des yeux noirs.
Ce sont les siens.
Il rentre.
Et cette pièce revit au même moment que mes yeux sont dans les siens.
Le destin s'acharne sur moi.
Dieu en a décidé ainsi.
Je suis vouée à être avec lui même lorsque je ne le désire vraiment pas. Toujours. Pour toujours.
Depuis ce lien, impossible de me détacher de lui.

Fait chier.

Je ne sais pas comment je dois réagir quand je me rends compte que je suis encore bloquée à le regarder et qu'autour plus rien ne bouge excepté sa poitrine soulevée par sa divine respiration. Ses yeux sont immobiles, dans les miens. Que suis-je supposée faire?
Je lui souris, laissant apparaître mes fossettes.
C'est mignon des fossettes non? Personne ne peut y résister...

Il Suffit D'un RegardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant