Chapitre 6

2 0 0
                                    

  Avec le temps arriva la maturité et le pardon. 4 mois, c'est le temps qu'il fallut pour qu'elle pardonne mes mots. Des mots que j'ai regretté, bien entendu, mais jamais je n'en ai tiré des remords. Je pensait, et pense toujours, que mes actes n'étaient à ce moment-là pas dénués de sens. J'avais le coeur et l'esprit clair quand elle se dressa devant moi. Je n'ai jamais su ce qu'elle voulut dire. Elle n'aurait jamais su comment j'allais réagir. D'abord un ricanement d'hystérie. Elle ne comprit sûrement pas. J'avais été puéril, de me croire important. J'étais qu'un nom et un visage après tout, qu'un souvenir disparaissant dans la foule quotidienne. La futilité de l'homme m'est alors apparu dans la plus belle des parures, celle d'une femme. Et j'ai compris que je n'avais rien compris. J'ai compris que je ne comprendrai pas. C'est un mécanisme sans créateur, un esprit sans coeur. Certains appellent ça l'amour, moi j'appelais ça la folie. La folie fait commettre des actes insensés. Pourtant, le fou a toujours un sens à ses actions. Mais des fois, même un sens ne suffit plus. Car sens il n'y a pas, quand dans la tourmente nous agissons.
  -J'y ai cru, mais c'était faux. En vérité, à quoi je sers ici. Je ne suis qu'une attraction, un décor. Et bientôt je serais figurant, devenant l'une des nombreuses pièces du puzzle que représente votre environnement. Je ne viens pas d'ici, je n'y viendrais jamais. Je me suis réfugié dans une utopie, mais le rêve est utopique, non la réalité. Vous, tu... Ce ne sont que des mots, et les mots n'ont pas été inventé pour penser. Je t'ai divertit quand tu n'allais plus. Je vous ai remonté alors que vous chutiez. Et j'ai échoué à remonter avec vous. Car je viens du fond, je vis dans les ténèbres. Je ne suis qu'un ambassadeur du bas-monde, et le bas-monde est ma maison. Alors que fais-je ici si je ne suis pas d'ici ? Alors qui suis-je si mes pensées sont volatiles ? Aussi volatile que mon amour...
  Et d'un pas sûr, aguerri, j'ai traversé le couloir, en regardant l'incompréhension dans ses yeux. Avait-elle comprit ? Comprendra-t-elle un jour ? Ai-je moi même comprit ? Comprendrai-je un jour ? Autant de questions auquel je n'avais pas voulu de réponse. Je voulais vivre, pas l'inverse. J'ai descendu les escaliers, fier d'avoir fait face à ma némésis. J'ai croisé des regards, encore plein de joie, et puis quelque chose est tombé... Un vase, un tableau ou une assiette, peu m'importait. Mais je le vis, au loin. Ou peut-être était-ce moi qui était au loin. Lui avait compris, dans son innocence des plus purs. Mais déjà j'avais passer la porte, déjà j'avais passer la cour, déjà j'avais quitté son monde, et rejoint ce que je pensais être le mien.

  Rien ne bascula dans le monde. Rien ne changea. Je repris rapidement mes habitudes, et élit domicile sur les quais, face à la défilante Tamise. Elle me rappelait ma vie, un long torrent qui coule trop vite pour être controlé. Je n'eu pas de nouvelles tout de suite, surement parce que je ne les cherchait pas. J'avais quitté mon confort de mon plein gré, hors de question de rebrousser chemin. Je pris rapidement service chez un écrivain publique. Ce fut plutôt facile d'y entrer, la seule compétence requise étant d'avoir eu une éducation correcte. Foule ne se précipita pas pour ce travail, vous vous en doutez. Mais la foule se précipita pour profiter de ce travail. Je vis se succéder devant moi des centaines et des centaines de cas différents. Certains étaient très simple, comme ce jour où j'ai dû écrire une lettre à une mère perdue dans les Highlands. Mais d'autres fois, cela nécessitait plus qu'une simple plume, mais aussi un jugement. Je n'étais pas payer pour donner mon avis, je le savais, mais je ne pouvais m'empêcher de conseiller les clients, d'ajouter mon style dans leur déclaration, de savourer leurs histoires. J'avais en quelque sorte embrassé mon existence de souvenir volatile. Mais cette exigence vacilla un jeudi...
  L'aube tardait à se lever, alors je lui vint en aide. À peine mon employeur était il arrivé que j'avais déjà dégainé mon matériel. J'avais noirci des pages et des pages d'un petit carnet noir que j'avais acheté avec ma première paye, noirci d'histoires du quotidien. Et un matin encore, je passais en revue mes trouvailles de la veille. Un vieil homme voulait obtenir sa rente plus rapidement ce mois-ci pour pouvoir se payer son petit plaisir personnel avant que la faucheuse s'arrête à Londres. Un petit garçon voulait emprunter un livre, mais il lui fallait une autorisation de ses parents, sûrement car ce livre contenaient des secrets inavouables. Ainsi, je rêvassait dans mes feuilles jusqu'à ce que le premier client s'assit devant moi. Il était caché au fond d'un manteau de bonne facture, et quelque chose me fut familier dans son regard.
  -Je voudrais que vous me donniez des infos sur un certain Jack Symon.
Je frémis à l'écoute de mon nom. Qui était-il, que me voulait-il ?
  -J'ai certaines informations qui pourraient le concerner.
-Pourquoi venir me demander ça ?
-Votre travail consiste à écouter des gens vous raconter leur ennuis pour que vous puissiez rédiger leurs solutions. Vous en connaissez donc plus que n'importe qui.
-Et qu'est ce qui me pousserait à vous donner satisfaction ?
Alors ce monde ne pouvait me laisser partir, il fallait qu'il envoie un émissaire me chercher jusqu'à dans les tréfonds de la capitale ! Il dû remarquer cette pointe de rage dans ma voix, ou alors fut-il pourvu d'un sens de la déduction hors norme, mais je vis ses yeux scintiller de satisfaction.
-Dites lui juste que Elizabeth est fiancé, ça suffira à le persuader.
  Et il lâcha quatre livres sur ma table.

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Jan 06, 2018 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

JackOù les histoires vivent. Découvrez maintenant