-Ah journée terminée. Yes!
Je ferme ma petite cabine sécurisée de caissière dans laquelle je passe toute la journée pour servir les client. Trois journées déjà que je travaille ici, dont la première où j'ai tout fait toute seule. Ma seconde formation rapide, cette fois dispensée par madame Astou est terminée. Madame Astou, c'est la caissière qui occupe la cabine à ma droite. Elle pourrait avoir l'âge de ma mère - si cette dernière était encore vivante-, et je la trouve très sympathique et bienveillante. Je devais rester à ses côtés dans le but de regarder tout ce qu'elle faisait, écouter explications et instructions afin de pouvoir occuper pleinement mon poste. Aujourd'hui j'avais un peu peur d'être seule face aux clients, mais tout s'est bien passé. Je n'ai ni eu de clients désagréables, ni erreurs dans mes comptes. J'espère continuer sur cette même lancée.
-Assia, ay koy. Kal souba ay izo (Assia je suis partie. A demain ma fille).
Je me retourne et c'est justement madame Astou qui me dit au revoir. Elle est au fond du couloir et se dirige à vive allure vers la sortie, où son mari l'attend, comme toutes les fins de journée pour rentrer à la maison.
-D'accord Tata, à demain. Crie-je pour qu'elle m'entende.
Elle m'avait dit que son mari travaille dans une société non loin de la banque, et qu'il tenait à venir la chercher après ses horaires de service. Je sors du bâtiment et hèle un taxi. J'ai hâte de rentrer à la maison, et de prendre un bon bain après cette longue journée. Ne pouvant faire d'allers retours pour la pause déjeuner puisque Leila habite loin de la banque, je fais comme tout le monde. Je m'achète à manger dans le coin. Pour moi, ce midi, c'était de la viande grillée accompagnée de pain, avec un kossam (yaourt à boire liquide) en guise de dessert. C'était largement suffisant.
Je suis encore un peu fatiguée après le weekend que j'ai eue. J'e n'ai pas pour habitude de passer mes samedis soirs, perchée sur de hauts talons, et faire nuit blanche. Quand je repense à cette soirée d'ailleurs, c'était pour moi la découverte d'un autre monde. J'avais l'impression de ne pas être au Niger mais plutôt dans un clip contemporain de rap.
Le night club était plein à craquer. C'est avec grande peine que nous avions pu nous frayer un chemin jusqu'au soi-disant salon. Les salons en boîte sont un ensemble de canapés assemblés avec une table au centre, sur laquelle est posée une bouteille d'alcool dans un petit sceau en acier contenant de la glace et des verres. Des boissons sont déposées tout autours du sceau également. L'endroit sentait énormément la cigarette, puisque les gens fumaient dans la salle. Apparement, il n'y avait pas de coin fumeur comme dans les films. Certains avaient aussi une chicha, cette grande pipe à eau. Les jeunes du quartier à Zinder passaient leur temps à s'occuper avec cette pipe dans les fadas (réunions de jeunes où ils jouent aux cartes et boivent du thé généralement sous l'ombre d'un arbre), raison pour laquelle je sais ce que s'est. Le serveur en a justement déposé une devant Leila peu après notre arrivée et j'avoue que j'étais choquée de la voir s'en servir sans aucune gêne. Quand je vivais à Zinder, pour moi c'était des pratiques réservés aux jeunes petits délinquants de quartiers, mais ici je suis surprise de voir que filles comme garçons s'y adonnent. Abder m'a demandé ce que je voulais boire. J'ai désigné du doigt la bouteille de Coca Cola. Il m'a demandé si je voulais du champagne. J'étais outrée qu'il puisse me proposer de boire de l'alcool. Djam (beurk). Je comprend pourquoi mes parents ont toujours refusé que je mette pieds en boîte. Mes yeux n'ont pas quitté Abder lorsqu'il a ouvert la bouteille de champagne, devant le regard amusé de Leila. Il lui a donné une flûte à champagne et a renversé le nectar dans son verre. Ils ont trinqué en souriant et ont passé la soirée à siroter l'alcool tout en dansant. Je n'aime pas juger les gens, mais je trouve que Leila est bien trop ouverte d'esprit. Nous sommes en Afrique, et je trouve qu'ici à Niamey, ils vivent de façon trop occidentalisée. J'avais l'impression d'avoir atterri dans un monde parallèle, parce que j'étais loin d'imaginer que d'autres personnes puissent avoir une vie aussi différente de la mienne, dans le même pays. Après, c'est vrai que de mon point de vue tout m'est étranger, puisque j'ai reçue une éducation très différente. Il faudrait donc que j'essaie de ne pas prendre les choses à coeur, puisque je sais qu'au fond, Leila demeure une bonne personne. Chacun à ses vices, et ce n'est pas mon rôle de juger les gens. Je ne suis pas parfaite, j'ai mes défauts, et je suis donc tout aussi condamnable. Tout au long de la soirée, j'ai essayé de me détendre et de profiter du moment. Leila m'avait même forcé à faire un tour sur la piste de danse, et j'ai adoré danser. Au final j'ai passé très peu de temps assise. J'ai sortie tous mes pas de danse que j'avais en réserve et je me suis bien débrouillée. A défaut d'aller à des soirées quand je vivais chez mes parents, je passais des après midis entiers dans ma chambre, à danser toute seule. Je ne suis pas une professionnelle de la danse, mais je m'y connait un minimum. Nous sommes rentrées à la maison vers cinq heures du matin, raccompagnées par Abder.
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Nouveau départ
AventuraAssia, jeune femme zinderoise quitte sa ville natale vers la capitale de son pays pour reprendre son destin en main. Ce nouveau départ sera t'il facile ? Son chemin sera t'il semé d'embûches? A vous de le découvrir.