Quatrième chapitre : Destin croisé

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« Lumineuse à se refléter de couleur argentée dans le plancton. Elle guide les marins dans leur navigation. Jouant à cache-cache sans être mauvaise joueuse, elle s'infiltre au travers des passagers du vent, les transperçant, ou se dissimulant, mais toujours chaleureuse, La reine de la voie lactée, triomphante, absente ou présente ,périodique et fidèle à son cycle, ne cesse jamais d'être majestueuse »

Assise au bord de la cheminée de sa chambre, elle feuilletait un bouquin relatant de la lune et de l'univers, gentiment déniché par Catania. Entre deux âges elle jeta un bref coup d'œil à la lettre de sa mère posé là sur le sol. Elle se pencha, ramassa le bout de papier et le plia soigneusement avant de le glisser dans la poche de sa cape quand quelqu'un frappa à la porte.

- Entrez, s'étrangla t-elle la voix encore pleine de sanglots.

Non sans surprise le druide apparut dans l'encadrement de la porte telle une ombre, plus ténébreuse que la nuit elle-même. Son visage habituellement neutre et dépourvu d'émotions, reflétait en ce moment la compassion et la peine qu'il éprouvait à l'égard de la jeune femme. Il saisit une chaise en bois et s'installa face à elle. Elle observait en silence le bout de châtaigner en train de se faire consumer par les flammes, tout en cherchant ses mots.

- Toute ma vie mes choix m'ont été dictés par mes parents, finit-elle par dire calmement. Je n'avais qu'à obéir aux décisions que l'on prenait à ma place. Au fil des années j'ai commencé à contester ce choix de vie, je n'arrêtais pas de me plaindre et voilà qu'aujourd'hui je donnerai n'importe quoi pour que l'on prenne cette décision à ma place. La vérité est là, je suis incapable de prendre cette décision Allanon. N'est-ce pas là un comble que de se lamenter sur son sort pour choisir sa vie ? demanda t-elle faussement amusée.

- Beaucoup n'ont pas le luxe de choisir leur destinée princesse.

- Oui je sais bien, murmura t-elle. Une vie aisée dans un des plus beaux royaume des Quatre-Terres pour passer le reste de son temps au service d'un roi et de sa famille ou bien une vie plus modeste dans un petit village, à travailler pour soi-même loin de tous les problèmes de royauté. Le choix serait facile pour certain alors pourquoi suis-je incapable de me décider ? Avant que vous me donniez cette lettre tout était clair..

Le Druide continua de l'observer en silence, puis intervint. 

- Prenons le problème sous un autre angle. Avez-vous des talents particulier pour l'agriculture ? pour les soins ? ou bien pour le commerce? non, pas à ma connaissance du moins. En revanche vous avez des talents dans le maniement des armes, dans la stratégie guerrière, dans les traditions et les affaires royales.

- En effet, même si il y a un petit moment maintenant que je n'ai pas utilisé mes armes. 

Allanon esquissa un sourire. 

- Cela peut s'arranger.

Il se leva de la chaise et lui tendit la main comme pour l'inviter à le suivre. Au début hésitante elle finit par céder et attrapa le bras de l'homme qui les conduisit à l'extérieur du palais dans les jardins de la Vie. Au pied de l'Ellcrys mourant, Gaïa saisit la poignée en cuir de son arme, dévoilant le somptueux pommeau orné d'un saphir de la taille d'un grain de raisin, la lame grise à double tranchant se mit à scintiller malgré la faible lumière environnante. L'épée était un vrai chef-d'oeuvre en matière d'arme. Gaïa ne s'en séparait jamais, cette épée avait vu plus de batailles que la jeune femme elle-même, elle appartenait à sa mère jadis avant que cette dernière ne lui en fasse cadeau lors de son seizième anniversaire. Allanon sortit à son tour un manche de son fourreau, puis sous les yeux ébahis de la jeune femme, une immense lame crantée se matérialisa comme par magie. Gaïa serra la poignée de son arme à s'en faire blanchir les phalanges, prête à en découdre. L'homme commença à attaquer, assénant la jeune femme de coups répétitifs. Elle roula sur le côté pour esquiver l'un d'eux puis attaqua à son tour d'une manière plus gracieuse et féminine que la sienne, sans pour autant manquer d'ardeur. Les lames se croisaient et s'entrechoquaient dans de bruyants fracas. D'un coup de pied magistral il fit perdre l'équilibre à la jeune femme qui alla s'écraser sur le sol, sa tête heurta le terre battue ainsi que le haut de sa colonne vertébrale. Amicalement le druide s'approcha et lui tendit sa main pour l'aider à se relever, les yeux verts étincelants se rivèrent hardiment dans ceux d'Allanon, elle repoussa son bras d'un revers de main trop fière pour s'avouer vaincue et se remit sur ses jambes par elle-même. Le Druide baissa son épée et contempla la jeune femme d'un air suspicieux.

L'histoire des quatre terres |  Micro fanfiction Où les histoires vivent. Découvrez maintenant