Cinquième chapitre : Conjonction

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Désormais seule dans sa chambre, habillée et couronnée comme elle en avait l'habitude jadis, la princesse attendait patiemment le retour de la servante, se prenant à rêver en contemplant le ciel étoilé. Lorsque l'on frappa à sa chambre, elle fut bien étonnée d'ouvrir sa porte à un membre de la Garde Noire venu pour l'escorter. Pensant que Catania avait envoyé l'homme afin de gérer d'autres obligations, elle suivit l'homme sans rechigner. Dehors il faisait nuit depuis des heures déjà. L'homme silencieux escorta la souveraine jusqu'aux extérieurs du palais, en passant devant les jardins et les écuries d'Arborlon. Ne pensant pas à mal, la jeune femme continua de suivre son guide dans l'immensité de la forêt.

La nuit, la pleine lune pour seule lumière. Des lieux plongés dans le noir, il n'y avait aucun bruit à l'horizon, tout était extraordinairement calme. Malgré la mauvaise visibilité le garde avançait étonnement vite parmi les nombreux obstacles qu'offrait le terrain.

- Allanon a vraiment de drôles d'idées .. murmura t-elle en s'imaginant ce que le druide avait bien pu prévoir.

Au bout de dix longues minutes de marche, le garde se stoppa net à la lisière de la forêt.

- Que se passe t'il ? êtes vous perdu ? demanda t'elle gracieusement. 

En guise de réponse et d'un geste brutal, l'homme attrapa les bras de la jeune femme. 

- Mais, arrêtez lâchez moi! s'écria t'elle.

Elle tenta de se débattre aussi violemment que possible, en vain, l'emprise de l'homme sur elle était bien trop forte. Il arracha la couronne de sa tête, la jeta par terre et lui lia fermement les poignets à l'aide d'une corde, puis il entoura ses yeux d'un bandeau noir. La jeune femme totalement désorientée et apeurée voulut crier à plein poumon mais l'homme lui enfonça un immonde bâillon dans la bouche avec une telle agressivité qu'elle manqua de tomber à la renverse. Désormais prisonnière, elle comprit le piège dans lequel elle venait de tomber. Dénuée de tout espoir, les larmes se mirent à couler le long des joues rosies de la jeune femme, elle se laissa tomber genoux à terre, abandonnant par ce fait le peu de foi qui lui restait. Elle sentit alors dans son dos le gant froid de son agresseur qui la força à se relever et à avancer. Privée de son sens de la vue et abattue par la douleur lancinante dans sa tête, la jeune femme manqua de s'écrouler à terre plus d'une fois.

Ainsi effrayée et désorientée le temps semblait s'écouler encore plus lentement. Les longues minutes défilaient et Gaïa se demandait sur quelle distance encore ses jambes arriveraient-elles à la porter. Puis elle entendit des sons différents des bruits de pas de son agresseur et d'elle même, des hennissements. Sans doute un bataillon d'une armée ennemi, pensa t'elle peu enthousiaste à l'idée de découvrir la vérité. 

- Général les voici ! hurla un homme au loin devant eux.

L'agresseur saisit la jeune femme par le bras et la tira vers l'avant en redoublant de vitesse. Plusieurs dizaines de personnes devaient se trouver autour d'eux à en juger par les sons métalliques des armes qui s'entrechoquent sur les armures et les chuchotements.

- Détachez la commandant. Voilà bien des manières de traiter notre invité d'honneur. 

Les hommes autour du général se mirent à rire. Gaïa mesurait peu à peu la gravité de la situation. Son kidnappeur ôta violemment le bandeau qui entourait ses yeux, elle poussa un cri de douleur qui s'étouffa dans le tissus coincé entre ses dents quand il effleura sa blessure. Il extirpa le chiffon de sa bouche et finit par sectionner les liens de ses poignets. Gaïa aveuglée par les nombreuses torches enflammées autour d'elle, ne reconnut pas son ennemi fièrement perché sur son cheval et entouré d'une vingtaines d'homme, jusqu'à ce ce dernier s'approcha à quelques centimètres de son visage. Ses yeux bicolores son armure orné d'un aigle rouge à deux têtes ne le trahissait pas. 

L'histoire des quatre terres |  Micro fanfiction Où les histoires vivent. Découvrez maintenant