L'histoire des quatre terres | Micro fanfiction

Troisième chapitre : Souveraineté oubliée

Tandis que la nouvelle concernant le triste sort de l'Ellcrys se propageait à travers le royaume, Gaïa arpentait les longs couloirs du palais tel un fantôme, à la recherche du prince Ander. Ce fût dans les jardins qu'elle finit par le trouver, assis sur un banc le regard dans le vide et le visage inexpressif. Silencieusement elle s'approcha et prit place à ses côtés. Il continua de fixer tristement l'horizon, avant de briser le silence devenu pesant.

- Vous vous demandez pourquoi j'ai menti.

La jeune femme hocha la tête silencieusement.

- Il est clair que vous étiez innocente mais vous ne vous en sauriez pas sorti si facilement si je n'avais pas témoigner avoir été avec vous. Mon frère est têtu et déterminé à prouver qu'il a raison coûte que coûte, il n'aurait jamais cessé de vous accuser. Alors il est certain que sa fierté a dû en prendre un coup et que l'opinion qu'il a de moi ne va pas s'améliorer de si tôt mais il s'en remettra, dit-il en esquissant un léger sourire.

- Je ne voulais pas créer de conflits entre vous et le prince Arion et encore moins vous mettre dans l'embarras, avoua t-elle incommodée par la situation.

Il esquissa un faible sourire. 

- Un fossé se creuse un peu plus chaque jours entre mon frère et moi mais je peux vous assurer que vous n'y êtes pour rien. Quant à l'embarras, il y a bien longtemps que j'ai cessé d'écouter les avis et les commérages à mon sujet. Les gens sont libre de me juger et de penser ce qu'ils veulent de moi. Puis à vrai dire mon histoire n'est pas tellement fausse, je vous ai bel et bien vu dans les bains ce soir là non? dit-il d'un air plaisantin, chassant alors l'expression accablée sur son visage.

Elle sourit en retour, soulagée par ces aveux. 

- Qui aurait pu s'y attendre ? L'Ellcrys mourant ... croyez-vous aux légendes ? 

- La légende est à mes yeux plus vraie que l'histoire, répondit-elle. 

Il parut amusé par la réponse de la jeune femme, puis reporta son attention sur l'horizon. La journée touchée à sa fin, le soleil déclinait peu à peu dans le ciel offrant leur offrant à tous les deux un somptueux spectacle dont seule mère nature en avait le secret. 

-  «  Maître Soleil expose ses toiles chaque soir à notre regard passionné, comme des chefs-d'oeuvre abandonnés après la mort du peintre, peintures de feu éphémères, s'effaçant dans le crépuscule, dès que notre astre disparaît derrière la ligne d'horizon, lentement aspiré par un autre hémisphère, dans une révérence, teintée de couleurs pastelles estompées peu à peu, et annonçant la nuit  », récita la jeune femme d'un ton solennel. 

Le prince se tourna vers elle agréablement surpris par cette tirade tout droit sorti d'un de ses bouquins favoris. 

- Vous lisez beaucoup de livres ? demanda t-il l'air franchement étonné. 

- Ne prenez pas cet air si stupéfait ! répondit-elle rieuse. Il m'arrive de m'instruire en effet. 

Amusé, le jeune prince décida de se prêter au jeu et continua le récit. 

- «Le soleil, avant de se coucher, met ses petites touches de couleur sur nos horizons, comme le peintre agrémente et fignole son tableau avec passion et souci de la perfection. Le pinceau dessine les nuances à travers les arbres en illuminant leurs branches comme dans les contes de fée ; en faisant scintiller l'eau des rivières comme des étoiles et des diamants ; couvrant la montagne d'ombres et de lumières époustouflantes ; épousant voluptueusement les vagues de la mer comme l'amant épouse le corps de son amante dans l'étreinte du soir. Lorsque nous posons notre regard sur l'horizon dans ces instants de flamboyance, parfois surréalistes, nous devons admirer un coucher de soleil comme si c'était le dernier, puis respirer les parfums qu'il révèle à ces moments magiques d'une fin de journée.»