Chapitre 6 : Mission extraction

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La nuit tombe sur Massy. Le vas-et viens de la police m'empêche toujours de sortir de mon trou. J'ai trouvé refuge au final dans un local technique dont j'ai forcé l'entrée. Je suis coincé entre deux grosses armoires électriques. Elles n'ont émit que des bruits sinistres et dangereux, mais je ne dois pas me préoccuper de cela, pas maintenant ! J'entendais des personnes qui allait et venez, mais qui n'allait pas plus loin que ma cachette. Soudain, je reçois un message sur mon téléphone :
    "À 20h05 et 32 secondes, vous pourrez sortir"

S'en suit une carte, ou plutôt, un itinéraire. C'est la première fois que l'Organisation m'aide autant. Selon leurs plans, il fallait qu'en moins de deux minutes j'arrive à rejoindre l'hôtel sans me faire repérer. Serait-ce un piège de leurs parts ? Je dois leurs faire confiance pour le moment. J'attends alors, regardant attentivement l'itinéraire que me demandait de suivre le Patron. Je devais traverser les rails, remonter le peu du bâtiment qui restait, monter le grillage de séparation entre les voies et un parking, et filer tout droit vers l'hôtel. J'attends, je me mets sur les starting-blocks, prêt à bondir dans cet enfer surchauffé et renfermé. À la seconde près, je défonce la porte, et je cours. Il n'y avait personne, alors que quelques secondes plus tôt, je les entendais surveiller encore. Je compris alors pourquoi : dix secondes plus tard, je vis un train de marchandise passer, et traverser les voies à vive allure. Les policiers se sont écartés pour le laisser passer sans problème, et ne m'ont pas vu sortir. Je respecte le plan à la lettre : S+30, j'arrive au mur du bâtiment, S+50, j'arrive aux grillages, et je le passe en dix secondes supplémentaires. S+80, je traverse le parking de voiture en courant, évitant les rares personnes à pieds ou en voitures qui bougent. S+100, je traverse la route, et là aussi, pas un chat, un silence coupé encore par le passage du train. S+115, je rentre dans l'hôtel. Il n'y a personne non plus. Mon téléphone vibre à nouveau, pour me dire simplement :
    "Chambre 105, Mr Chareble"

Je me dirige vers l'accueil et vers un homme derrière, qui est surpris de voir un visiteur ce soir :
    « Bonjour, j'engage la conversation avec l'homme d'accueil, j'ai réservé une chambre au nom de Chareble.
    - Attendez une seconde, lance-t'il en tapotant sur un ordinateur, oui en effet, votre chambre est prête Mr Chareble, tout est réglé avec votre entreprise. Vous avez la chambre 105, au premier étage. Tenez ! »

Il me donne une carte magnétique blanche au nom de l'hôtel, avec le nombre 105 écrit en bleu dessus.
    « Je vous souhaite une agréable soirée monsieur, continue le maître d'hôtel.
    - À vous aussi, je m'oblige à dire avant de prendre la carte et de prendre la direction de ma chambre.
    - Et surtout, la prochaine fois, ne courrez pas, nous sommes tout le temps ouverts, il ne faudrait pas que vous ailliez un accident, rajoute-t'il dans un sourire. »

C'est vrai que j'étais encore un peu essoufflé et transpirant de ma petite course nocturne. Je lui renvois le sourire et continu mon chemin. Je suis au aguets, cet endroit serait une véritable opportunité pour un guet-apens. Je monte les escaliers en silence jusqu'au premier, et je pénètre délicatement dans la chambre 105...
Il n'y a rien, c'est une chambre ordinaire, nettoyée passablement, et avec une forte odeur de produit nettoyant : une chambre d'hôtel des plus classiques. Je regarde partout, toutes les pièces, les fenêtres, les conduits d'aérations, sous le lit, les lampes, la télé, ... rien. Rien de suspect ne m'a sauté au yeux. Je jète sur le lit la valise et le sac que je gardais toujours sur moi, et je fouille cette dernière plus précautionneusement qu'avant. Toujours rien, aucun micro, pas de traceur. À croire que tout ceci ne soit que le fruit d'une coïncidence. Je décompresse un peu, d'être tenu sur le qui-vive pendant une demi-journée me suffit pour me fatiguer mentalement. Je profite de ce moment pour demander à l'Organisation quelques explications sur le téléphone :
    "Confirmation statut"
    "Statut Stand-by et confinement jusqu'à nouvel ordre, mission accomplie, bien jouer Mr B., soyez prudent" me répond-on
    "Avez-vous des explications concernant la valise ?"
    "Tout sera expliqué à votre prochaine mission. Bonne soirée Mr B., reposez-vous" conclu le message

J'ai eu quelques extractions dans mes missions, à cause de problèmes surtout lié à des problèmes qui n'étaient pas prévisible ni par l'Agence, ni par moi, mais dans ces cas-là, je comprenais ces problèmes. Là, l'Organisation avait tous les éléments, qui prouvait que cette conne transportait des diamants, et je ne me retrouve qu'avec des papiers sans utilité et une tablette dernier crie dans une valise doublement fermé. Cette tablette se retrouvera sous l'eau, pour éviter qu'elle ne communique une quelconque localisation, même si elle est éteinte. Peut-être que la solution se trouvait à l'intérieur, mais l'éclairer serait comme ouvrir une boite de Pandore. De toute façon, ma mission n'a pas changé, je jèterais la valise quelque part, ni vu ni connu... Je m'allonge enfin sous le lit, avec mes pistolets sous l'oreiller. Si les problèmes ne m'attendaient pas au tournant, ils peuvent surgir là où je les attendrai le moins : dans mon sommeil. Demain sera un autre jour.

Bleacher [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant