Prologue

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En ce début d'après-midi, Harry s'ennuyait profondément depuis plus de deux heures dans la salle commune des rouges et or. Hermione avait, avec des arguments plutôt convainquant, réussi à pousser Ron jusqu'à la bibliothèque pour qu'il termine son devoir de DCFM pendant que celle-ci fignolait celui de botanique. Celui-ci était à rendre dans deux semaines mais Hermione fidèle à elle-même avait un peu d'avance dans son travail. Cette femme était stupéfiante lorsqu'il s'agissait de cours et son investissement dans ce qu'elle entreprenait était total.

Et depuis Harry s'ennuyait... Beaucoup trop. Il avait déjà terminé ses devoirs. Il n'avait pas commencé celui de botanique mais il ne s'appelait pas Hermione non plus ! Il s'était installé sur le rebord de la fenêtre proche de la cheminé qui périclitait peu à peu. Le mois de mars avait été froid, la neige ne cessant de tomber, mais avril et le printemps avait repris ses droits en réchauffant les terres de Poudlard et dégelant doucement le parc enneigé.

La salle commune était silencieuse. Seul quelques élèves étaient restés au château profitant de ce calme, bien loin du bruit permanent et entêtant de Pré-au-Lard. Le front appuyé contre la vitre glacée, il regardait le vent souffler dans les branches des arbres. S'il y avait bien quelque chose qu'Harry détestait c'était de ne rien faire. C'était une perte de temps ! Et du temps il en avait de moins en moins avec l'autre fou qui s'amusait à lui envoyer des visions chaque nuit, lui rappelant continuellement que le combat final se rapprochait. Et par conséquent : sa mort. Oui, sa mort. Qui peut croit qu'un jeune homme de 16 ans gagnerait contre un homme fou de puissance et de grandeur, qui, de plus, affectionne la magie noire et qui, pour clore le portrait, avait plus de 40 ans d'expérience ? Il n'était pas utopiste. La réalité était ce qu'elle était. Mais il n'était pas pessimiste non plus. Il voulait vivre. Il avait des envies plein la tête. Il voulait croire en son avenir. Il voudrait créer une famille, restaurer le manoir Potter, ou encore voyager ! Pendant longtemps il s'était refusé de penser à ce genre de chose, se retreignant seulement à son rôle de « Héros ». Mais au final, lui aussi était un homme, lui aussi devait construire sa propre vie. Alors depuis ce temps, il se permettait de penser à lui.

Une main posée sur son épaule le ramena instinctivement à la réalité. Neville, découvrant son air morose, n'osa pas parler dans un premier temps, mais voyant un petit sourire apparaitre sur le visage d'Harry, il se décida.

« Harry, je devais juste te prévenir que Ron et Hermione ont fini leur travail et qu'il t'attend vers l'entrée du château. »

Harry remercia rapidement le brun avant de se précipiter vers la sortie de la salle, ouvrant violement la porte sous le cri indigné de la grosse dame. Refermant celle-ci plus doucement, il reprit sa course mais cette fois ci en marchant. Il était pressé de retrouver ses amis et surtout d'avoir une activité après ses longues heures de réflexion. Mais il n'était pas non plus impatient au point de se prendre des retenues s'il venait à croiser son professeur de potion. Apercevant au loin la touffe brune, bouclée et abondante de sa meilleure amie et celle courte et rousse de Ron, Harry accéléra le pas. Ron fut le premier à le voir et visiblement il avait passé des heures trop studieuses en compagnie d'Hermione. Son regard suppliait Harry de venir le sauver des forces obscures que sont les cours et les devoirs.

« Harry, tu arrives à temps ! Je n'en peux plus ! Je ne survivrai pas une minute de plus si je ne fais pas autre chose que cette besogne que sont les devoirs ! » l'apostropha le jeune homme.

Cette remarque eut la malchance de croiser la route de la plus studieuse des élèves, ce qui value au rouquin une tape, plutôt musclé, sur sa tête. Bien sûr, le brun au yeux bleu-vert ne manqua pas de rigoler à ce soi-disant affront qui cachait la timide affection d'Hermione envers Ron. Harry n'était pas dupe il voyait bien le rapprochement de ses deux meilleurs amis. Il en était heureux mais aussi, ne le cachons pas, il avait peur. Peur d'être mis de côté. Pas de ne plus être aimé par eux, car cela il en était sûr, était impossible. Ils avaient vécu trop d'aventures ensemble. Ils avaient rigolé, pleuré, sourie, inventé les plans les plus farfelus contre les Serpentards, ou encore voyagé aux quatre coins du pays en quête d'Horcruxe. Ils étaient liés par des souvenirs et une amitié infinie et inégalable. Mais l'amour est cachotier et l'isolement de ses amis était de plus en plus présent.

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