Émotions

Chapitre 3 : Tristesse, blessures et Troubles

Il ne restait à Harry que vingt minutes avant sa retenue. Il avait passé toutes sa fin d'après-midi à travailler sur l'élixir d'euphorie, mettant de côté son devoir sur l'enseignement, dont l'humiliation était encore bien trop fraiche dans sa tête. Hermione l'avait lâchement abandonné. Elle ne voulait pas l'aider, arguant qu'il avait fait la bêtise seul. Elle avait raison d'une certaine manière mais il ne pouvait s'empêcher de lui en vouloir un petit peu. Elle était sa meilleure amie ! Ron, lui, le soutenait moralement. De tout façon il était aussi nul que lui en potion.

Harry avait fini de manger depuis un petit moment, la faim n'étant pas au rendez-vous. Et maintenant il tournait, comme en griffon en cage. Il avait peur, mais aussi était furieux contre son professeur. Il avait, certes, commencé en le provoquant dans une dispute. Mais cette dispute était privée ! Personne n'avait entendu ses dires ! Et son professeur, en bon serpentard, l'avait humilié devant une vingtaine d'élèves ! Bien sûr, la nouvelle avait vite fait le tour de l'école et depuis tout le monde le regardait. Il détestait cela. Etre le centre de l'attention était quelque chose qu'il n'aimait pas. Il ne voulait pas le revoir.

Bien trop vite, les aiguilles de l'horloge magique de la salle commune, tourna. Il était moins cinq quand le brun décida de prendre la route jusqu'aux cachots. Il y allait à reculons.

Severus attendait patiemment le jeune homme. Il était tranquillement installé dans son bureau, un verre de whisky Pur Feu à la main. L'homme regardait la montagne de copie toujours présente sur son bureau. Il allait encore passer toute la nuit debout. Se motivant il attrapa un paquet de parchemins de quatrième année. Il n'eut pas le temps de les poser qu'il entendit frapper à sa porte. Le jeune Potter était en retard, pour ne pas changer, de deux minutes. Se relevant, il alla ouvrir au jeune homme sans oublier de lui faire une réflexion sur la ponctualité. Bizarrement, le plus jeune ne répondit pas. Severus, étonné, le regarda en le faisant entrer. Harry avait un visage décomposé. Il ne cachait pas sa fatigue, ni sa tristesse. Une fois à l'intérieur, son élève se mit face à lui mais ne le regarda pas. Son regard fixait un point imaginaire dans la salle. Severus fronça les sourcils. Qu'avait le jeune homme ? Ce matin il l'engueulait abondamment, cet après-midi il le ridiculisait et maintenant il l'ignorait avec un regard attristé. Certes, il n'avait pas été des plus tendre avec lui mais il l'avait bien cherché, non ?

Tendant des gants en plastique épais noires, le professeur désigna une porte qui reliait son bureau à la salle de cours. Il amena le plus jeune de l'autre côté.

« Ce soir, vous allez commencer par ranger la réserve. »

Le jeune acquiesça sans bruit. Son silence devenait pesant alors Severus essaya de le faire réagir.

« Je vous conseille de ne rien faire tomber vous et votre extrême maladresse ! »

Encore un fois, il fit un bref mouvement de tête signifiant qu'il avait compris. Sans attendre, Harry commença son travail. Severus trouvait cela vraiment louche. Qu'est-ce que le plus jeune allait encore faire. Allait-il se venger ? Malheureusement, Severus ne pouvait pas rester plus longtemps sans paraître suspect. Il retourna chercher le paquet de copies qu'il avait abandonnées un peu plus tôt et s'installa sur le bureau de la salle de classe pour être au plus près du brun. Il se surveillait. La retenue se passa sans anicroche ou même parole. Le silence n'avait été brisé que par les déplacements des bocaux et le stylo rouge qui corrigeait les fautes ignobles des élèves. Severus vu vingt et une heure trente arrivé avec effarement. Il n'avait pas vu le temps passer. Le plus jeune arriva vers le professeur rendant, toujours muet comme une carpe, les gants au plus vieux. Severus les prit un peu déstabilisé. Le jeune quitta la salle. Aucun mot. Le professeur trouva cela un peu suspect. Il entra d'un pas précipité dans le réserve s'attendant à une catastrophe. Mais là encore, rien. Le jeune homme avait fini de ranger toute la partie de droite. Il avait même commencé celle de gauche. Il lança quelques sorts pour vérifier. Il ne perçu que les sorts de conservation et de refroidissement qu'il avait lui-même apposé. Repartant perplexe de la réserve, il décida de rester néanmoins vigilant.