Chapitre 5 : Résignation et Jalousie

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Severus rêvassait depuis quelques instants sur ses derniers jours. Assit confortablement dans son fauteuil préféré, le sombre professeur était détendu. Il attrapa un verre de jus de citrouille, il n'était pas un alcoolique non plus, et se laissa emporter dans un souvenir récent.

« Professeur, vous aussi vous avez étudié à Poudlard ? »

Cette question me prit au dépourvu. Certes, ce n'était pas notre première discussion mais habituellement Harry ne posait jamais de question aussi personnelle. Je le regardai, jaugeant le pour et le contre. Puis, avisant l'air innocent du plus jeune, je pris la décision de lui raconter un peu de mon vécu. Je n'avais rien à perdre et ces discussions me permettaient de me libérer de mon passé.

« Oui, j'ai réalisé mes sept ans à Poudlard. » Je n'ajoutai rien de plus. Il n'avait rien demandé d'autre et je n'étais pas un grand bavard.

« J'en était sûr !»

Je souriais, amusé par sa réponse. Il reprit :

« Et vous êtes un sang-mêlé ? Vous avez découvert la magie lorsque la lettre est arrivée ou vous avez eu la chance d'en faire ou d'en voir avant ? »

J'avais eu écho que le jeune Harry Potter était arrivé à Poudlard en découvrant par la même occasion sa vrai nature. Mais je ne m'attendais pas à cette question.

« Non, ma mère en pratiquait devant moi depuis l'enfance et j'ai pu en pratiquer un peu, comme tous jeunes sorciers, en volant la baguette de nos parents. »

Je ne loupai pas le visage un peu rembruni du plus petit. Il n'avait pas eu cette chance, ces parents étant parti trop tôt. Je soupirai essayant de changer de sujet mais rien ne me vint à l'esprit avant qu'il ne reprenne.

« Et quelle a été votre plus grosse bêtise lorsque vous étiez petit ? »

Je le regardai un peu déstabilisé de par sa question mais aussi par ce changement d'émotion. Il avait une certaine facilité à passer de la tristesse, à la joie, ou encore à la curiosité qu'il m'épatait. Mais ça, il ne devait jamais le savoir. Je n'avais qu'une règle pour survivre : 'Tais tes émotions et reste neutre.'. Mais ce gosse avait ce petit quelque chose qui détruisait petit à petit ce mur que j'avais mis si longtemps à construire. Je devais faire attention.

« Je pense que c'était aux alentours de mes dix ans. J'avais une amie à côté de chez moi. Nous nous voyions pratiquement tous les jours. Elle n'avait pas vu la mer depuis longtemps et moi je ne l'avais jamais vu. Nous avons donc décidé de partir les deux à pied. Il y avait une heure de marche environ. Mais nous nous croyions invincible. Nous étions des sorciers ! Bien sûr, nous ne sommes jamais arrivés à bon port, la nuit tombait et pour parfaire le tout, nous étions en février. Aucun de nous deux n'avait le sens de l'orientation. Nous avons rebroussé chemin. Enfin, on s'est encore plus perdu. Ma meilleure amie commençait à grelotter de froid. Je me souviens encore des pointes de ses cheveux roux qui gelaient et des bouts de mes doigts que je ne sentais plus. On était congelé, perdu et complètement déçu de ne pas avoir vu la mer. Mais ce qu'on avait oublié, c'étaient nos parents. Ils avaient été tellement inquiet que je me rappelle encore de la punition. Ma mère avait été furieuse. »

Je relevai la tête en entendant le plus jeune rigoler. Il se moquait ouvertement de moi. Mais je ne lui en voulais pas. C'était plutôt relaxant. Comme se confier à quelqu'un qui compte.

Severus ouvrit les yeux qu'il n'avait pas eu l'impression de fermer. Ce petit flash-back le fit sourire et en même temps réfléchir. Sur le coup il n'avait pas parlé de son père et de la réaction qu'il avait eu à son encontre lorsqu'il avait été retrouvé. Il avait été d'une violence inouïe et le maitre de potion n'était pas encore prêt à révéler cette partie de son passé. Il préférait oublier. Une deuxième chose le tracassait. Il avait omis de dire au plus jeune que la petite rousse qui était devenue sa meilleure amie au fil du temps s'appelait Lily Evans. Elle était la mère de son élève. Il avait le droit de savoir mais une partie de lui ne voulait pas qu'il sache. Il était protecteur et possessif. Il était tombé sous le charme des boucles ocres et du sourire resplendissant de la jeune femme qu'était Lily. Il voulait garder cela pour lui. Non pas qu'il en avait honte. Seulement, depuis quelques temps, le petit brun à lunette était devenu beaucoup plus intéressant. Severus commençait à l'apprécier. Il ne voulait pour rien au monde gâcher cette nouvelle relation et s'il devait cacher des informations pour cela, alors il le ferait. Peut-être qu'un jour il lui dirait. Mais aujourd'hui il avait trop à perdre. La relation qu'il avait entretenu avec la mère de son élève pouvait devenir un obstacle. Il n'était pas protecteur et possessif envers Lily, non, mais bien envers le fils de cette femme. Car notre grand maitre des potions, Severus, venait d'accepter ses sentiments qu'il avait pour le plus jeune.

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