Chapitre 1 : Le Jeu mortel

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Il y a maintenant 100 ans de cela, les criminels étaient dangereusement puissants. Trop puissants. Ils tuaient sans scrupule. Des centaines de gens, d'enfants. Surtout les enfants. Alors, il a fallu passer un accord avec eux. Chaque année, des enfants leurs seraient envoyés. Les criminels pourraient en faire ce qu'ils voulaient mais en échange, ils épargneraient le reste de la population. Mais ce n'était pas assez pour étancher leur soif de cruauté. Ils créèrent un jeu télévisé que tout le monde serait obligé de regarder, chaque après-midi, jusqu'à ce que le soleil se couche. Et devant les yeux du peuple, les enfants mourraient. Les Dévoués se sacrifieraient pour eux. 

Chaque année, le spectacle se passait dans un endroit différent. Chaque année, de nouvelles horreurs amusaient les criminels. Les Dévoués avaient la possibilité de revenir chez eux couvert d'or, une fois le jeu terminé. Mais pour cela, il leur fallait survivre. Jusqu'à ce jour, seule une poignée d'enfants y était parvenue.

Depuis que je suis née, j'ai toujours regardé ces jeux avec horreur. Mais aujourd'hui, c'est moi qui y suis. Je fais partie des Dévoués. J'attends dans une cellule de préparation depuis trois jours. Je sais que, dans quelques minutes, la porte s'ouvrira et je me retrouverai en Enfer. On m'a habillée d'une combinaison rouge. Comme le sang. Mon vêtement est fluorescent et brille dans le noir. J'en ai déduit que, cette année, une partie du Jeu se déroulera dans l'obscurité. Ces combinaisons permettront aux téléspectateurs de nous suivre même dans le noir le plus complet.

Je me suis promis de ne pas trop crier. De ne pas donner ce plaisir-là aux criminels. Evidemment, je suis décidée à survivre. Mais, j'imagine que tous les enfants commencent le jeu en se promettant cela... Quelque part au fond de moi, je sais que mes jours sont comptés, qu'il m'est impossible de terminer le Jeu vivante. Mais si je pars perdante dès le début, je ne peux pas gagner. Alors, je fais ce que mon père m'a appris ; je tente tant bien que mal de croire en moi.

Malgré toutes mes promesses, j'ai bien dû pleurer une vingtaine de fois depuis que je "séjourne" dans cette cellule de préparation.

J'ai peur. Et je ne peux pas m'empêcher de trembler. Souvent, je me demande s'il ne vaut mieux pas que je meurs dès le début... Je souffrirai moins... Du moins, je l'espère...

Hier, une voix a raisonné dans ma cellule.

"NE CLIGNEZ PAS DES YEUX !"

C'est tout ce qu'elle a dit.

Dans les quelques moments où je ne pleurais pas, je me suis entraînée à ne pas cligner des yeux. Je ne tiens même pas 15 secondes. Je sais que leur but était de nous effrayer, nous et les téléspectateurs. Malgré tous mes efforts, ils ont réussi.

Soudain, un compte à rebours s'affiche au-dessus de la porte. Dans 10 secondes, il faudra que je parte.

9.

Si je reste, je mourrai asphyxiée.

8.

Maintenant, j'hésite. Dois-je partir ?

7.

Mes souffrances seraient plus brèves si je restais...

6.

Mais c'est une solution de lâche.

5.

Non, pas lâche mais réfléchie.

4.

Je ne sais plus ce que je dois faire. Partir ?

3.

Rester ?

2.

Vivre ?

1.

Mourir ?

0.

La porte s'ouvre sur l'Enfer.


A suivre...

Ne clignez pas des yeux !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant