Chapitre 8 : Zygon

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Je sens une main qui me tire par le bras.

Je pense un instant que quelqu'un est venu me sauver des Anges. Quelle naïveté ! Qui ferait ça ? La réponse est : personne ! Iris m'envoie à ma mort, ce n'est pas pour me sauver après. Julia et Oryx, les deux seules personnes qui savaient prendre les choses en main, nous ont abandonné. Et je ne me suis liée "d'amitié" avec personne.

La main descend jusqu'à la mienne.

Elle est dur.

Elle est froide.

Elle est en pierre.

Je hurle encore plus fort.

- Arrête de crier, me souffle une voix.

Je me tais. Pas que je lui obéis mais je suis surprise : je ne savais pas que les Anges parlaient... !

- Je ne suis pas un Ange.

- T'es en pierre mais tu n'es pas une de ces foutues statues, je rétorque.

J'essaie de prendre un ton assuré mais intérieurement, je suis complètement affolée. J'entends mon cœur battre de plus en plus vite, mes mains tremblent sans que je puisse les arrêter, mes jambes sont à deux doigts de se dérober sous mon poids, ma lèvre supérieur tremblote toute seule.

Je titube. Mais la main me retient.

- Qu'est-ce que tu perds à me suivre ?

Je reste silencieuse, tentant de réfléchir à la question. La créature ne me laisse pas le choix et m'entraîne à sa suite. Elle a une telle force ! Je bloque mes jambes, m'empêchant ainsi de marcher, de la suivre, et pourtant, elle parvient à me traîner malgré moi.

Je crie, sans fin.

Je me débat, en vain.

J'abandonne, enfin.

J'entends une porte s'ouvrir puis se fermer. On me fait passer dans une autre pièce. Une pièce où résonne un concert d'exclamations, de voix qui se mélangent, de mots qui se confondent, de timbres qui s'entremêlent. Et puis des respirations, des pas, des toussotements...

On m'enlève le bandeau qui m'aveugle.

Des visages sont penchés sur moi, m'observent, me scrutent, me détaillent, me sourient. Des filles, des garçons. Je reconnais Julia, Marco, Marine, Loïc. Un soulagement euphorique me submerge. Je suis à deux doigts de pleurer. Des larmes de bonheur.

Et des larmes d'horreur ; lorsque mes yeux se posent sur l'Ange Pleureur qui se tient à leurs côté. Ce même Ange qui m'a conduit jusqu'ici. Moi qui pensais leur avoir échapper... Je m'apprête à hurler aux autres de s'enfuir quand je me rends compte qu'ils l'ont déjà vu.

Julia lui sourit. Elle le remercie. Elle le remercie !

Je ne comprends plus rien.

L'Ange se transforme. Il devient une horrible créature rougeâtre, indescriptible.

 Il devient une horrible créature rougeâtre, indescriptible

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J'ai l'impression d'être folle.

Cette même créature se transforme en Oryx.

Julia m'attrape, comme si elle avait prévu que je fuis - ce que je comptais faire en réalité.

- Oryx n'est pas humain. C'est un Zygon. Ces créatures ont des capacités de changement de forme, leur permettant de reproduire l'apparence d'un autre être. Oryx s'est changé en Ange et t'a sauvé, débite-t-elle à toute vitesse.

- Rien que ça, je marmonne.

J'encaisse les informations.

- Alors l'histoire de l'ancien soldat, c'était un mensonge ? je demande, en me souvenant que j'avais décidé de faire confiance à Oryx car, d'après ce qu'il nous avait raconté, c'était le plus apte à survivre.

- Non. Le vrai Oryx était un soldat. J'ai pris sa place pendant six mois à l'armée. Donc je suis en quelque sorte moi aussi un soldat...

Julia intervient :

- Il faudrait qu'on se mette en marche vers notre planque : c'est bientôt l'extinction des feux ! Et se retrouver dans le musée dans le noir, personnellement, ça me tente pas trop...

Tout le monde se met en marche. Sauf moi.

Un phrase me retient. Une phrase d'Iris. "Compte pas sur Julia. Elle nous a abandonné avec Oryx et quelques autres."

Est-ce que je peux le faire confiance ? Pourquoi ont-ils abandonné les autres ? Vont-ils me laisser tomber aussi ?

Marco a remarqué que je ne les suivais pas. Il s'arrête pour m'attendre.

- Tu viens ?

- Je sais pas...

Il fronce les sourcils.

- Pourquoi vous avez abandonnés Iris et les autres ?

Une ombre passe sur son visage.

- Haley... Quand vous n'étiez pas là avec Vitto et Grégoire...

Sa phrase reste en suspend. Il me regarde comme pour me demander si je veux savoir. La lueur de désespoir qui brille dans ses yeux me dissuadent. J'hésite... Je ne veux pas savoir. Mais j'ai besoin de savoir si je veux leur faire confiance. Et il me faut quelqu'un à qui faire confiance. Ne serait-ce que pour ne pas mourir seule. Je ne veux pas mourir seule. Je ne veux pas être seule. Pas encore une fois. La solitude a trop de fois été ma seule et unique amie. Lorsqu'il n'y avait personne. Et il y avait souvent personne. Alors elle m'enlaçait, jusqu'à m'étouffer, jusqu'à me noyer dans mes larmes, jusqu'à ce que je fasse semblant de l'apprécier. Puis, elle posait sa main sur mon épaule et me suivait. Où que j'aille.

 Alors, pour ne plus jamais sentir ce parfum, doux et amère, qui m'emplissait  à chaque fois qu'elle me prenait dans ses bras, je soutiens le regard de Marco.

Il baisse les yeux.

Enfin, sa bouche s'ouvre et des mots s'échappent du fond de sa gorge.

- Haley... Il y a eu un meurtre. Quelqu'un est mort. Mais pas à cause des Anges. Il y a eu un sacrifice humain.

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⏰ Dernière mise à jour : Dec 05, 2018 ⏰

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