« La timide, la discrète et la muette Colombe. La peureuse, la sensible et la mystérieuse Colombe. »
Colombe écrivait.
Son stylo dans la main,
elle rédigeait,
une simple lettre,
adressée à ses amis,
et à ses parents.Elle avait les larmes aux yeux,
et l'envie insensée,
trop censée,
de se laisser glisser vers la mort,
d'oublier la vie.
Elle voulait s'oublier,
oublier le sang jaillissant de ses lèvres,
qu'elle mordait sans relâche,
pour atténuer sa douleur.
Elle voulait oublier,
oublier sa peau pâle,
ses cheveux blonds,
ses yeux bleus,
qui lui rappelaient son ancienne vie.Colombe avait excessivement peur,
de la vie,
de l'humanité,
des gens,
des gestes d'affection,
des gestes tout court.Colombe avait peur du monde,
et de toute sa cruauté.
Colombe avait des blessures,
qui brûlaient intensément dans son cœur,
et des cicatrices,
qui marbraient la totalité de son corps.Elle détestait parler,
Colombe.
Elle ne voulait plus s'exprimer.
Elle avait arrêté,
elle avait cessé,
après s'être retrouvée à crier,
à hurler,
à pleins poumons qu'elle avait besoin d'aide,
devant des dizaines,
des centaines,
d'horribles personnes,
qui ne faisaient qu'observer la scène,
cette scène d'horreur,
dont Colombe était la victime.Elle avait perdu la voix,
ce jour d'hiver-là.
Elle avait également perdu son envie de vivre,
sa joie,
la passion qui l'animait,
le sourire qui habillait ses lèvres,
et la sensation d'être heureuse.
Elle avait tout perdu.
Plus rien ne la retenait à la vie.
Pas même ses amis,
pas même sa famille.Colombe était finie.
Ses lèvres étaient gercées,
et ses cheveux étaient mouillés.
Ses bras étaient couverts de marques,
qu'elle essayait de dissimuler,
sous du fond de teint à petit prix.« Perds-toi,
ça sera plus simple,
Colombe »,
était la seule pensée qui lui venait en tête,
qui lui permettait,
de tenir bon.Elle voulait mourir si fort,
qu'elle en oubliait même d'écrire,
sur ce vieux papier chiffonné,
qu'elle avait retrouvé dans son sac d'école,
sur le plancher blanc,
de sa chambre.Elle était pourtant tellement intelligente, Colombe.
Son esprit était le plus vif,
son visage était le plus beau,
et ce, de toute la bande.
Elle avait une vieille âme ;
elle avait rêvé en grand,
à une époque,
et dorénavant,
elle ne rêvait plus du tout,
elle ne désirait plus du tout.Elle voyait la vie s'écrouler sous ses pieds. Une larme noya la dernière phrase,
qui composait sa lettre :
« je me suis perdue, ce soir »C'est ainsi que,
ce soir-là,
elle avait reçu un message de Melchior,
qui lui demandait,
de le rejoindre sur la falaise.
Sans perdre une minute,
elle sortit en essuyant ses larmes,
et se mit à courir jusqu'à la falaise,
où son cœur éclata en morceaux,
devant les étoiles.
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Si on se perd, ce soir
Short StoryC'est l'histoire de la rage d'Aubin, de l'abandon d'Églantine, de l'essoufflement de Barnabé. Celle du cœur de Melchior, des cicatrices de Colombe et du dilemme de Lison. Ceci est l'histoire de leur vie. Ils se sont perdus, ce soir. « I stared up a...