1. Aubin.

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« Le fort, le dynamique, le fabuleux Aubin. Le courageux et l'audacieux, Aubin. »

Les gens du village l'admirait.
Pour tout ce qu'il faisait.
Il excellait au foot,
était brillant pour les études,
composait des mélodies au piano,
et était même le gendre parfait.

Lison,
cette tendre Lison,
était totalement gaga d'Aubin.
Elle le trouvait radieux.
Intelligent.
Drôle.
Et différent.
Aubin avait cette faculté.
Celle de vous faire l'aimer,
avec un simple sourire.
Il était l'amour de Lison,
l'unique,
le seul,
et il ne s'était jamais rendu compte,
ô combien elle l'aimait.

Mais ce soir-là,
Aubin n'avait pas envie de parler,
n'avait pas envie de s'exprimer,
et s'était enfermé à clef dans sa chambre.
Parce qu'il s'était disputé avec sa mère,
qui ne comprenait pas.
Qui ne comprenait rien.
Comment ne pouvait-elle rien comprendre ?
Et elle se demandait :
Pourquoi passait-il toutes ses soirées à traîner avec ses amis dehors,
à des heures tardives ?

Mais ce que sa mère ignorait,
c'est que, dès le soleil couché,
Aubin rejoignait ses meilleurs amis sur la falaise,
pour contempler le ciel et ses milliers d'étoiles.

Ils adoraient ça,
c'était un moment fantastique,
et ils le partageaient ensemble.
Ils parlaient de la vie,
des épreuves,
du monde,
et pleuraient parfois,
lorsque la pression était trop grande.
Trop grande pour leurs épaules,
leurs petites épaules fragiles.

Aubin ne comprenait pas.
Pourquoi sa mère lui prenait la tête pour des futilités ?
Il se sentait souvent incompris par sa famille.
Son père le détestait,
sa mère ne le comprenait pas,
sa sœur ne s'intéressait pas à lui.

Il était mordu par une profonde solitude.
Elle ne pouvait être comblée que lorsqu'il se trouvait en compagnie de ses amis,
et de Lison.

La tristesse guidait le chemin de sa vie,
le bonheur n'était que passager,
et tout ça était trop pour lui.
Il ne supportait pas,
il ne supportait rien, Aubin.
L'idée que l'humanité était en train de partir en fumée,
le révoltait,
le rendait vulnérable.

Il ne voyait jamais l'avenir,
il pensait que la vie allait s'arrêter,
que le monde allait cesser de tourner,
que les étoiles allaient disparaître,
qu'il allait se perdre,
le temps d'une nuit.
Et il se demandait :
« Pourquoi diable sommes-nous en vie,
Pourquoi respirons-nous encore ? »

C'est ainsi que, ce soir-là,
il fut le premier à arriver sur cette falaise, pour effacer sa peine,
et pour penser à un monde meilleur.

Si on se perd, ce soirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant