Chapitre 3.
Quand tout va mal , l'amour ne suffit pas pour la majorité d’entre nous à nous remonter à la surface du grand puit dans lequel on est tombé. Non , il nous faut quelque chose de plus fort et de plus excitant. Cette chose unique qui elle seule peut nous plonger dans un monde onirique si aimé , convoité et inaccessible aux autres. Un lieu où l’on est protégé du monde extérieur , où rien ne semble nous atteindre , un endroit rien qu’à nous et à nous seul. Pour y entrer il suffit de trouver ce qui fait briller cette étincelle dans notre cœur , ce qui nous permet d’oublier tous nos maux et qui nous transporte dans une sorte de transe lointaine. Il suffit de trouver notre passion , ce qu’il saurait nous animer jour et nuit et rendre notre vie supportable malgré tout.
Cette chose , je l'ai trouvé. Rien qu'une vieille plume et une feuille de papier pour faire mon bonheur , seulement cela pour faire jaillir dans mes veines une dose d'adrénaline qui me permettrait d'illuminer le triste monde d'un sourire éclatant de joie.
À l'ombre d'un chêne , dans un grand parc Lillois , une douce brise caressant les courbes de mon visage enfantin , j'avais tout oublié.
Les jambes en tailleurs , cambré vers l'herbe sèche en manque de pluie , mes coudes chiffonnant mes manuscrits aux rythmes de mes allées et venues pour tracer des vers d'une écriture précipitée , mon cœur ne cessant de faire des bonds dans ma poitrine à chaque rime trouvée , je me sentais bien.
J’étais dans une bulle qui m’était propre , une bulle qui changeait d’aspect chaque fois que mon crayon dansait sur le papier créant de nouvelles histoires et façonnant de nouveaux personnages.
Il n'y avait encore personne pour me déranger ,tout était calme , seulement quelques oiseaux pour gazouiller aux dessus de moi profitant des derniers rayons de soleil avant que le crépuscule élise domicile sur la ville , et avec cela , le bruissement des feuillages au rythme d’un vent frêle.
J'en avais oublié les nazis , ma famille et ma routine , mon ennuie , Amber et même l’étrange sentiment que j’avais eu à l’égard du garçon de ce matin. Tout en moi semblait disparaitre et se métamorphoser en formant une nouvelle personne, toute neuve et vierge de vie dont j’écrivais les péripéties. Mes pensées vagabondaient dans un monde qui était tout leur malheureusement loin de celui de la réalité.
Mais mon esprit revint vite sur terre quand on cria mon nom d'une voix essoufflée , alors je relevai le regard, ma vision embrumée par mon écriture bancale d'une encre noire encore imprimée sur mes rétines.
Un garçon d'une tête de moins que moi se rapprochait l'air furibond , ses cheveux dégoulinant de sueur collant sur son front et le rouge se reflétant sur la blancheur de son visage.
_Isaac ! J'ai du traverser toute la ville pour te retrouver ! Maman est super inquiète ! Non mais tu es complètement fou ma parole ! Te balader seul la nuit presque tombée avec cette étoile sur le dos et ces nazis à chaque coins de rue !
C'était mon frère David. Il se laissa tomber sur le sol à coté de moi pour reprendre son souffle et je l'observai en arquant un sourcil.
_Toi ? T'inquiéter ? Pour moi qui plus est ?
Un malicieux sourire se traça sur les lèvres de mon jeune frère.
_Non c'est vrai , tu me connais si bien , avoua t-il avec un sourire espiègle. Maman m'a menacé de me priver de dessert si je ne te retrouvai pas. Nan mais tu imagines , elle a fait une tarte aux pommes ! J'aurais parcouru la terre entière pour ce délicieux met ! Quelle injustice , imagine que je t'ai retrouvé mort derrière un arbre , hein ? Eh bah pas de tarte pour moi.
_En effet , quelle tragédie , confirmais-je en levant les yeux au ciel.
Je ramassai les feuillets noircis d’encre qui trainaient à mes pieds et les fourrai dans mes poches d'un geste vif avant que David ne décide de s'en emparer.
_Exact , donc bouge tes fesses maintenant , je meurs de faim !
Je lui donnai un coup de coude et me levai péniblement , quittant l'arbre qui avait su me bercer durant ces dernières heures , hissant mon sac sur mes épaules et me mettant en chemin aux cotés de David.
_Alors ta journée ? lui demandais-je , mon cœur se serrant de peur qu'il m'annonce une mauvaise nouvelle du genre « on m’a insulté à longueur de journée à cause de l’étoile » où pire.
Il afficha alors une moue déconfite et donna un coup de pied dans un cailloux qui passait par là.
_Bien , mais ne parlons pas de la poésie... , marmonna t-il.
_Pourquoi ?
_J’ai eu cinq. Cinq ! Même pas huit , nan cinq !
_Sur dix ? répondis-je en me détendant : rien de grave pour aujourd'hui.
_Sur vingt.
_Aïe.
_Tu peux le dire.
_Maman ne te laissera jamais manger de sa tarte avec une telle note , ricanais-je.
_Oh que si car tu es un adorable grand-frère qui ne dira rien à Maman , pas vrai ?
_Pour qui me prends-tu ? Tu es sur que tu n'es pas tombé dans les escaliers par tous hasard ? Tu dis n'importe quoi mon vieux. Crois moi , je ne raterai jamais une occasion de manger ta part de dessert.
David parut déçu , il y eu quelques instants de silence avant qu'il tourne son malicieux visage vers moi en me proposant d'une voix pleine d'espoir :
_On fait la course jusqu'à la maison , si tu gagnes mon sort est entre tes mains mais si tu perds... , alors la tarte est à moi.
_Adjugé vendu, acquiesçais-je en lui tendant ma main droite comme j'avais vu le faire de nombreux hommes d'affaire dans les vieux films en noirs et blancs au cinéma pour conclure un marché d’une grande importance.
David cracha dans la sienne et serra la mienne avec conviction.
_Tu es dégoutant , marmonnais-je en dégageant ma main pour essuyer ma paume sur mon pantalon.
Mon frère éclata de rire et avec un sourire entendu , nous nous élançâmes dans les rues de la ville , courant du plus vite que nous le pouvions ,un bout de tarte aux pommes nous faisant saliver et riant aux éclats comme des gamins.Et à peine une heure plus tard j’avais la joie de me délecter de la pate sucrée qui fondait sur ma langue accompagnée de juteux bout de pommes.
David , les bras croisés sur la table et le regard haineux , me regardait avec envie , son assiette à lui étant vide. Il avait bien évidement perdu , j'étais arrivé avec quelques minutes d'avances à notre immeuble avant lui et c'était avec un visage défait qu'il avait monté les escaliers , son ventre grondant de faim et dans ses yeux s'effaçant l'espoir de pouvoir gouter à cette tarte.
_Tu me fais pitié , dis-je en faisant glisser mon assiette vers lui.
Ses yeux s'émerveillèrent et il se jeta sur la part de dessert , la dévorant sous le faible rire de mon père.
Je me sentis tout de suite mieux , mon père avait enfin affiché un sourire sur son visage fatigué ! Mes parents étaient atterrés depuis le port de l'étoile jaune , ils semblaient craindre que quelque chose d'horrible n'arrive , ils guettaient souvent au dehors en se mordant la lèvre inférieur d'inquiétude , se lançant des regards apeurés et leurs yeux paraissaient s’ensevelir dans une marre de cernes noires toujours plus grande.
Mais ce soir la routine semblait avoir repris sa place une fois de plus, bien que j’en détestais sa monotonie , aujourd'hui , dans ces conditions , elle me ravissait de bonheur. Les simple petites choses du quotidiens prenaient une toute autre ampleur démesurément enthousiaste avec l'espoir que peut-être , une fois sortis de l'abris des murs de notre petit appartement le soleil brillerait toujours au dessus de nos têtes.
Malheureusement , la météo ne s'alliait jamais à nos envies et j'aurais du m'en douter.
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Bonjour ! Ce chapitre est plus court que les précédents, j'essaierai de vous poster le prochain rapidement :) J'espère qu'il vous a tout de même plus, commenter si c'est le cas ! En plus, c'est mon anniversaire demain, j'aurai 16 ans, un petit commentaire serait un cadeau genial ! ^^
Bonne soirée !
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Juste une étoile ( BxB )
Ficción históricaIsaac Benao n'est alors âgé que de 16 ans quand sa vie d'adolescent déjà tourmentée au sujet de son orientation sexuelle se voit détruite par les nazis le traquant lui et sa famille pour l'étoile jaune qu'il se voit obligé de porter sur sa poitrine...