Sombres murmures.

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Chapitre 1, deuxième partie.

Le lendemain , les minces rayons du soleil percèrent à travers mes rideaux troués et je me réveillai doucement aux chants des oiseaux et partis chercher mes vêtements dans la salle de bain de notre petit appartement.
Ma mère les avait déposé sur le panier de linge propre après les avoir repassé et comme promis  , quand j'enfilai ma chemise blanche , une fouttue étoile jaune y était cousue sur la poitrine. Mais pourquoi voulait-il nous identifier de notre religion aux yeux de tous ? Pour nous humilier ? Si telle était la raison , j'étais prêt à endosser le fardeau , j'étais fier de mes origines et de mes croyances.
Je finissais de m'habiller et rejoins ma famille dans la cuisine , tous étaient installés autour de la petite table ronde , sirotant jus de fruit et café.
Mes parents avaient retrouvés un semblant de sourire ,et mon frère récitait la poésie qu'il avait appris la vieille , c'était un matin comme les autres , nous étions le 29 mai 1942.
_C'est atroce , dis-je en pointant l'insigne "juif" qui ornait ma poitrine quand je rejoins mes proches pour le petit déjeuner.
_Elle ta va bien , me rassura ma mère avec un sourire.
_Elle est dangereuse , répliqua mon père sans lever le regard du journal national qu'il tenait dans sa main droite , l'autre tenant une tasse de café fumante. Tenez écoutez ça : "À partir de ce 29 mai 1942 chaque juif , âgé de plus de cinq se verra dans l'obligation de porter l'insigne juif représentant une étoile jaune pour le bien de la communauté. Si une quelconque personne de race juive ne respecte pas cet arrêté , il devra s'attendre à recevoir dans les plus brefs délais une punition sévère adaptée ." Vous trouvez ça normal ? Nous obliger à porter une étoile avec notre religion inscrit dessus , fier ou pas , ce n'est pas un devoir inscrit dans notre démocratie. Nous ne sommes pas des animaux et encore moins une sous-race bon dieu ! Nous sommes des êtres humains , avec le même nez , les mêmes yeux , le même sang !
_Mais apparemment pas les mêmes valeurs , dis-je doucement.
Notre père d'habitude calme , ne nous avez pas habitué à une telle agressivité dans sa voix. Même David avait relevé les yeux de son poème pour nous regarder à tour de rôle , du haut de ses treize ans , il savait que quelque chose de mal se passait , même si aucun de nous ne savaient jusqu'où cela pouvait finir ou même si ce n'était que le début de nos misères.
_On va être en retard , soufflai-je en attrapant mon petit frère par le bras.
Il grommela qu'il n'avait pas fini son petit déjeuner , rituel incontournable et sacré chez ce dernier , mais il m'emboita tout de même le pas sous les au revoir de nos parents.
Nous dévalâmes les escaliers en colimaçon et arrivâmes dans le hall d'entrée baigné d'une douce clarté rayonnante.
_Tu penses que c'est grave ? Papa n'avait pas l'air bien... , me demanda David quand nous sortîmes de l'immeuble , l'éclat du soleil nous aveuglant.
_Récite moi ta poésie , lui ordonnais-je en prenant le chemin de l'école.
_Quoi ?
_Récite moi ta poésie , tu as un contrôle aujourd'hui.
Je n'avais pas envie de parler de cela avec mon frère , il était trop jeune , insouciant , pourquoi lui enlever cela ? Je devais le préserver au maximum.
_Oui mais....
_David.
_Bon , d'accord , marmonna t-il avant de prendre une grande inspiration et de réciter d'une voix monocorde :
À quatre heure du matin, l'été,
Le sommeil d'amour dure encore,
Sous les bosquets l'aube évapore,
L'odeur du soir fêté,
Mais là bas, dans l'immense chantier,
Sous le soleil des Hespérides,
En bras de chemise, les charpentiers,
Déjà... s'agitent...hum..., il s'arrêta de marcher et se gratta la tête en fronçant les sourcils , désert ? finit-il par lâcher incertain.
_Alors quoi l'idiot, tu ne connais pas la suite?
_Non...Je vais me prendre une tôle...
_Dommage pour toi, c'est du Rimbaud, très beau poème d'ailleurs.
_C'est sur que c'est facile pour toi, avec tes vingt en Français...
_Je t'apprendrai la suite un jour, lui promis-je avec un sourire que celui-ci me rendit en tirant la langue.
Nous arrivâmes en centre ville , là ou il y avait tellement de monde que la foule pouvait se confondre en un fléau coloré hurlant et vociférant par-dessus le charivari des voitures.
Malgré le début de journée ritournelle , quand nous traversâmes l'avenue ,les mains dans les poches , comme à notre habitude , les yeux se tournèrent vers nous , certains nous regardaient avec haine , d'autres avec pitié , quelques murmures s'élevèrent aussi sur notre passage.
_Je ne les aurais pas vu comme eux.... Une famille si respectable pourtant ! s'indigna une passante à la perruque blonde à une jeune femme qui la suivait de près en nous jetant un bref regard. Nous la croisions souvent place du marché le samedi matin avec mon frère , elle nous adressait quelques sourires à l'habitude et discutait avec ma mère de la pluie et du beau temps mais aujourd'hui elle nous regardait avec dégout , comme si nous n'étions que de pauvres insectes nuisibles , indésirables. "Comme eux" ? À qui faisait-elle allusion ?
Rien n'avait changé dans notre apparence depuis la veille si ce n'est...l'étoile.
_De quoi parlent-ils ? me demanda David en regardant perplexe les passants qui nous évitaient et chuchotaient des choses à leur voisins en nous jetant de furtifs regards.
_On s'en fout , répliquais-je en déposant une main sur l'étoile jaune de mon petit frère pour lui éviter d'autres remarques désobligeantes.
Notre personne n'avait pas changé en une nuit , nous étions les mêmes , les mêmes gamins aux cheveux bruns , mais pourtant , avec cette étoile , on nous dénigrait désormais , alors que la veille , rien ne les dérangeait.

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Bonjour ! J'espère que ce chapitre vous a plus, n'hésitez pas à me donner votre avis en commentaire !
Bonne journée !♡

Juste une étoile ( BxB )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant