Face à Face

Mes yeux seront mieux qu'un miroir

Aspasie et Perrine sont voisines en prison. Aspasie est une femme coquette tandis que Perrine est plutôt "au naturel". Aspasie désire voir son amant et lui plaire par sa beauté.

"Ah Georges vient me rendre visite aujourd'hui et j'ai aucun moyen de me faire belle ! s'inquiéta Aspasie.

- Tu es très bien comme tu es, affirma Perrine. Pas besoin de te faire une beauté.

- Mais je ne peux même pas me voir ! C'est vraiment l'horreur de ne plus pouvoir se regarder dans un miroir ! J'ai l'impression de ne plus exister.

- Alors regarde-moi Aspasie. Tu peux te voir dans mes yeux et exister à travers eux. Ne te trouves-tu pas sublime ?

- Bien sûr que non. Comment pourrais-je me trouver belle sans me voir pour en être sûre ?

- Que tu es bête !

- Je ne te permets pas !"

Perrine rit de bon cœur.

"Mais ce qui t'importe n'est-ce pas de savoir comment les autres te trouvent ? À quoi ça te sert de te regarder ?

- Pour voir ce qu'ils voient.

- Mais le regard est subjectif ma belle Aspasie. Moi je te trouve ravissante et pétillante. Jacques dans la cellule d'en face te trouve sûrement sexy, vu comment il te zieute et se rince l'œil. Peut-être que Bertrand dans la cellule d'à côté te trouve moche. Pourtant tu n'as pas changé ton physique !

- Tu crois que ça va me rassurer ce que tu me racontes ?

- On s'en fiche de notre apparence. Je préférerais que tu te vois à travers mes yeux. Tu te trouverais sublime.

- Mais c'est justement en contrôlant mon apparence que je peux réussir à paraître belle aux yeux des autres. Si je me ramène mal peignée et non maquillée, Georges risque de me repousser !

- S'il t'aime, il te trouvera belle dans toutes les circonstances, assura Perrine.

- Oh tu crois ? Je n'en suis pas si sûre. Je connais bien les hommes. Je sais que l'apparence compte beaucoup pour eux.

- Tu me sors des clichés là, Aspasie ! Ce n'est pas la question. On parle de miroir. Et tu devrais plus souvent m'utiliser en tant que tel.

- Qu'est-ce que tu veux dire ?

- Je veux dire que si tu te regardes dans un miroir avec tes yeux, tu trouveras des défauts, tu chercheras ce qui ne va pas. Et ce n'est pas sain ! Alors que si mes yeux te servaient de miroir, tu n'aurais plus besoin de te soucier de ton apparence.

- T'es en train de me draguer ? s'indigna Aspasie.

- Peut-être, laissa entendre Perrine. Mais je suis on ne peut plus sérieuse et objective quand je dis que si c'est ce que les autres pensent de toi que tu désires savoir, tu dois d'abord te voir par leurs yeux. Ce n'est pas un miroir qui te le dira. Après, si ce que tu veux est contempler toi-même ta beauté, c'est sûr que c'est le plus pratique.

- Oui. C'est tout à fait juste. Mais je ne veux pas de l'image que tu me donnes Perrine. Je veux celle de Georges.

- Alors je ne peux rien faire pour toi Aspasie."