Lune Bleue

Chapitre 1

30 Mars 1866,

Deux heures avant la Lune bleu de sang,
Royaume de Marhne, côté Sud,
Salle du trône.

*

Ce soir, tout change.
Tout changera à jamais à partir de maintenant.

Désormais il ne sera plus le jeune homme avec qui je pouvais partager mes sentiments.

Non, dès à présent tout s'arrête. Comme si rien n'étais jamais arrivé. Je redeviens la servante que j'ai toujours été et lui, le nouveau roi de Marhne.
Présentant la comtesse de la conté voisine à ses sujets.
Celle qui deviendra reine à ses côtés.

Oui, à compter de cet instant tout s'efface. Tout disparaît et plus jamais cela ne sera comme avant. Je l'ai compris depuis quelques heures maintenant. Il a ainsi effacé mes espoirs et rêves en un revers de main. Mes larmes n'arrivent même plus à couler, comme si mon corps tout entier me témoignait une nouvelle fois que tout cela n'était qu'une illusion auquel je m'étais rattachée. Tout cela était trop beau pour être vrai.

Les invités affluent sans cessent, emplissant la gigantesque pièce ornée de nombreuses tables garnies de met raffinés.

Je me tiens là, avec ma robe abimé et mon tablier tâché. Assouvissant les désirs et souhaits de ses nombreux convives, leurs servant vin et amuse bouche concocté par les cuisiniers. Les petits plats mis dans les grands pour cette cérémonie des plus importantes. Chaque détail prenant tout son sens et m'arrachant davantage de douleur et de peine.

Leurs conversations tournant autour des parures des femmes plus extravagantes les une que les autres. Mais, également autour du jeune roi et de sa futur compagne.

Tout cela me débecte, je n'aime pas ce genre d'événement débordant de monde et d'argent. Là où chacun narre ses derniers exploits, ses dernières acquisitions. L'orchestre quant à lui joue une mélodie des plus douces poussant nombre de personne à s'élancer dans des danses d'une grande élégance.

Alors que je continue d'observer tout ce petit monde se pavaner et dépeindre je sens une main se poser sur mon épaule. Prise de court, je sursaute légèrement avant de me retourner et de tomber nez à nez avec Jeanne qui doit certainement venir me remplacer. En remarquant mes yeux gonflés elle ne pu s'empêcher de passer sa main sur ma joue.

-Vas-y Nala tu peux rentrer. Je m'occupe de la suite, m'annonce t'elle tendrement

Je me contente de hocher la tête avant de m'éloigner en vitesse. Mes pas pressés résonnent dans les couloirs de pierre plongés dans le froid de cette partielle obscurité.

Tout me semble si fade et froid ce soir...

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Un siècle et demi plus tard,

Au "Grand Méchant Loup" un bar de la capitale de Marlorh, côté Nord
Minuit passé.

*

La musique résonne dans mes oreilles tandis que je déambule à travers les tables. Le bar est bondé ce soir, mes cheveux de jaie attachés en une couette se balance de droite à gauche. Je tiens fermement mon plateau sous le bras et me dirige vers le comptoir. L'odeur habituelle de cigarette flottant dans l'air que je pensais détester lors de mes premiers services noctures a finalement eu raison de moi. Elle me détend et donne à ce lieu un charme que j'apprécie davantage jour après jour.
D'ailleurs je crois que le Grand Méchant Loup est l'un des rares bars où la magie est encore interdite. Il est vrai qu'avec des employés humains il vallait mieux prendre cette décision enfin, à une exception prêt...

En arrivant à destination je tombe nez à nez avec mon adorable supérieur au calme légendaire :

-Ava dépêche toi les clients ne vont pas attendre toute la soirée !, me hurle t'il en s'affolant dans tout les sens

-Oui je sais ! Je fais ce que je peux Paul, répliqué-je en levant les yeux au ciel

Ce vieil homme finira par me tuer s'il ne cesse de hurler à tout bout de champ haut et fort ses ordres.

Je remplis mon plateau de la commande que je viens de prendre et me dirige vers la vieille femme qui me dévisage depuis quelques minutes déjà. Arriver face à elle, je dégaine mon plus beau sourire et sort mon calepin ainsi qu'un crayon de mon tablier.

-Bonsoir, que puis-je pour vous madame ?

Elle me détaille sans décrocher un mot puis finit par me faire signe d'avancer. Je l'observe à mon tour quelque peu suspicieuse. Je veux bien croire qu'il y a beaucoup de bruit mais j'espère que cette femme n'est pas un vampire en quête de sang...
Elle repousse ses cheveux grisonnant en arrière et son parfum me prends aussitôt au nez. Elle porte sur elle une odeur de sapin quelque peu atypique tout comme cette espèce de collier fait de je ne sais quels pierres. Ses vêtements semble quant à eux, venu d'un autre temps. Tout chez elle ne colle pas avec notre époque actuel. Elle doit sûrement être une comédienne de théâtre. Il me semble qu'une célèbre pièce est jouée en ville en ce moment ce doit être sûrement pour cela qu'elle est vêtue de cette façon...

Après quelques instants je finis par m'exécuter et me penche vers elle pour écouter ce qu'elle a à me dire. Sans que je m'y attende ses doigts se renfermèrent sur ma gorge et soudain je ressentis une brûlure des plus insoutenables. Je lâche brusquement mon plateau dont le contenu s'écrase lamentablement au sol en poussant un cri de douleur. Rapidement, les clients se mirent à paniqués tout comme mes collègues qui coururent dans ma direction.

-Il est temps..., souffla t-elle

Paul arriva en une fraction de seconde puis la souleva avant de la jeter dehors en furie. Ce loup-garou a beau être une vieille bique têtue aboyant à tout va, sa force n'en est pas moins négligeable pour intervenir. Gwen se pencha vers moi et effleura mon cou des doigts en grimaçant.

-Pas de magie dans mon bar ! , hurle le propriétaire avant de japper une nouvelle fois

J'aurais aimé sourire à cette intervention plus que déplacé comme j'en ai l'habitude mais je n'en eu pas le temps. Tandis que je tente de me relever tout se mit à valser autour de moi, puis le noir vint m'entourer de ses bras...