Le docteur Austin était satisfait. Tout s'était passé comme il l'avait prévu. Il avait manipulé ce charmant jeune homme, Benjamin, qui était à présent sous ses ordres.
"Tu peux remercier ton grand-frère, dit-il à Anna, ligotée et bâillonnée dans un coin de la pièce aux murs gris, qui lui servait de bureau. Grâce à lui, tu as droit à quelques jours de vie supplémentaires..."
La jeune fille lui lança un tel regard noir et haineux, que le docteur en fut lui-même légèrement déstabilisé.
"Ne me regarde pas comme ça, où je vais t'ordonner d'aller nourrir les bêtes affamées de la section viande du garde-manger, la menaça-t-il."
Anna détourna aussitôt les yeux. Elle ne savait pas de quels animaux il s'agissait, mais elle n'avait pas envie de faire leur connaissance, aussi sympathiques et aussi mignons pouvaient-ils être... ou pas. Elle savait que cet homme était assez fou pour mettre sa menace à exécution.
"Anaëlle, apostropha le docteur, vient me voir s'il-te-plaît."
Il avait parlé dans un talkie-walkie posé sur son bureau. Et il avait donné l'autre à Anaëlle, son assistante.
"Oui, monsieur, lui répondit-elle, d'une voix qui grésillait, j'arrive tout de suite. Dois-je vous apporter quelque chose à boire ?
- Non merci, Anaëlle, j'ai déjà ce qu'il me faut à côté de moi. Mais peut-être que ma charmante petite prisonnière voudrait un verre d'eau ? dit-il en regardant Anna."
Anna hocha vivement la tête. Elle était assoiffée. Elle était ici depuis ce matin, et elle n'avait toujours rien bu, ni rien mangé. Le docteur raccrocha.
"Ne t'imagine pas que je fais ça par bonté, lui déclara-t-il alors qu'il cherchait une canette de soda dans un mini-frigo à côté de son bureau. Je veux juste te garder en vie. Morte, tu ne me servirais plus à rien.
À ce moment-là, la porte du bureau du docteur Austin s'ouvrit, et une ravissante jeune fille apparut dans l'encadrement de la porte.
"Voilà ce que vous avez demandé, dit-elle en posant le verre d'eau sur le bureau du docteur. Pourquoi m'avez-vous appelée ?
- J'ai une mission à te confier. Assieds-toi, je vais te dire ce qu'il en est."
Anaëlle pris une feuille de papier et un stylo dans son petit sac qu'elle avait toujours sur elle, pour ne rien oublier de ce qu'allait lui demander son tuteur. Elle était très excitée à l'idée de recevoir sa première mission.
"Comme tu le sais, commença le docteur, nous avons capturé cette jeune fille alors qu'elle se rendait au collège, ce matin, vers 9h, dit-il en désignant Anna."
Anaëlle jeta un coup d'œil vers Anna, recroquevillée par terre.
"C'est un de nos agents qui s'en est chargé, continua-t-il. Mais il faut à présent la remplacer. Car si nous avons pu trafiquer le site internet du collège d'Anna pour qu'elle ne soit pas inscrite absente et que ses parents ne se rendent pas compte qu'elle n'est pas allée en cours, il serait beaucoup plus difficile de leur faire oublier qu'ils ont une fille, ainsi qu'à la totalité des personnes qui connaissent Anna. Je voudrais donc que ce soit toi qui la remplaces le temps que Benjamin remplisse la totalité de sa mission, et que je puisse renvoyer Anna sur Terre.
- Mais, monsieur, dit Anaëlle, comment voulez-vous que je la remplace si je ne connais rien d'elle, et si je ne lui ressemble même pas ?
- Je savais que tu allais me poser la question." Cette remarque le fit sourire. "Et c'est pour ça que j'avais déjà réfléchi à une solution, avant même d'informer de mes intentions mes plus proches collaborateurs, déclara-t-il fièrement.
- J'attends votre explication, dit Anaëlle, impatiente.
- Je vais utiliser une de mes nombreuses inventions pour te donner l'apparence d'Anna, expliqua le docteur. Cela résout donc le problème physique. Pour ce qui en est du comportement et des connaissances, je vais procéder à un transfert de personnalité."
Le docteur se leva et se dirigea vers une machine avec deux casques, qu'Anaëlle avec toujours pris pour un poste de radio, mais qui n'en était apparemment pas un.
"Détache Anna, enlève-lui son bâillon, et fais-la venir ici, ordonna le docteur Austin à Anaëlle."
Anaëlle obéit. Elle se leva de sa chaise, enleva la corde qui nouait les mains d'Anna dans son dos, et celle qui lui attachait les pieds. Elle la fit se lever, difficilement, car Anna était à bout de forces.
"Donne-lui le verre d'eau", dit le docteur à l'intention d'Anaëlle, qui voyait qu'Anna ne ferait pas deux mètres sans un minimum vital.
Anaëlle repartit chercher le verre, avant de le ramener à Anna. Elle lui enleva le morceau de tissu qui l'empêchait de parler, et Anna but à grandes gorgées, reconnaissante, avant de rendre le verre à Anaëlle. L'assistante du docteur prit ensuite Anna par un bras, afin de l'aider à marcher. Elle la fit parcourir les quelques mètres qui les séparaient de la drôle de machine, avant de l'aider à s'asseoir à l'endroit que le docteur lui indiquait.
"Bien, dit le docteur, satisfait. Maintenant, Anaëlle, mets le casque sur ta tête, et mets l'autre à Anna."
Cela fait, le docteur tourna quelques boutons sur la machine, puis un compte à rebours apparut.
VOUS LISEZ
Et si... L'Univers n'était pas infini ?
JugendliteraturVous êtes-vous demandé un jour où pourraient aller les personnes disparues de la Terre ? Celles dont on n'a plus aucune nouvelle ? Benjamin et Emilie sont lycéens, et le jour où la petite sœur de Benjamin se fait enlever par un dangereux "disparu"...