Chapitre 15

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Emilie se réveilla aux côtés de Benjamin, qui ouvrit les yeux en même temps qu'elle. Mais qu'est-ce qu'elle faisait là ? La dernière chose dont elle se souvenait, c'était d'avoir croqué dans une pomme délicieuse.

"Où sommes-nous ? lui demanda-t-elle.

- Je ne sais pas, nous avons l'air d'être dans une ruelle... C'est bizarre... Tu es devenue... comme folle et puis, tu t'es évanouie... et ensuite... moi aussi... récapitula Benjamin.

- Tu sais quoi, j'en ai marre de me téléporter, comme ça, tout le temps, sans qu'on me demande mon avis, s'énerva Emilie. J'ai envie de rentrer chez moi, et qu'on abandonne tout ça. La police existe sûrement dans ce genre d'endroit non ? On pourra leur demander de libérer ta sœur et de nous renvoyer chez nous."

Emilie leva la main droite, sous le regard interloqué de Benjamin.

"Je jure sur tout ce qui m'est cher que j'obéirai à ma mère, et je prendrai même tout un tas de résolutions s'il le faut, mais je veux vraiment retourner à la maison. En plus, ma mère va s'inquiéter, il doit être tard, sur Terre. C'est peut-être même le lendemain. Elle a peut-être prévenu la police. Ou l'armée. Elle doit se faire un sang d'encre.

- Si ça peut te rassurer, je suis sûr que le docteur aura trouvé un moyen pour que ni ta mère ni personne ne s'aperçoive de rien, crois-moi, comme pour ma sœur avec Anaëlle. À la vue de ce qu'il est capable de faire, cela ne m'étonnerait pas qu'il ait même arrêté le temps là-bas.

- Oui... Tu as peut-être raison... Je... Benjamin ! Regarde ! s'interrompit Emilie.

- Quoi ?

- Là-bas, il y a quelqu'un ! Une femme, au bout de la rue ! s'exclama-t-elle. Attends-moi, je vais la voir.

Sans demander l'avis de Benjamin, Emilie se leva et se mit à courir en direction de la femme, qui surprise par les mouvements brusques de la jeune fille, lâcha le sac qu'elle avait dans les mains.

"Excusez-moi, madame, l'interpella Emilie, un peu essoufflée, puis-je vous poser une question ?

- Vous ne voulez pas ramasser ce que vous m'avez fait lâcher, tout d'abord, jeune fille ? lui demanda la femme, avec un regard noir.

- Oh, euh... Si, bien sûr, veillez m'excuser."

Emilie se baissa pour ramasser les victuailles que contenait le sac de la dame, qui s'était renversé, avant de le lui remettre dans les bras. Elle remarqua alors que cette femme avait un gros bracelet fluorescent au poignet.

"S'il-vous-plaît, madame, pouvez-vous nous dire où nous sommes ? lui demanda Emilie.

- Vous êtes au Royaume des Morts, dans une ruelle conjointe à la rue principale de la ville. Mais pourquoi cette question ? lui demanda-t-elle.

- Nous sommes nouveaux ici, avec mon ami, et nous aimerions avoir un peu plus d'informations sur cet endroit, si vous voulez bien.

- Ah, des nouveaux ! Cela faisait longtemps que nous n'en avions pas reçu des aussi jeunes, au Royaume des Morts. Je suis désolée, jeune fille, mais je ne peux pas vous donner plus d'informations sur la ville. Pour cela, vous devez vous rendre, avec votre ami, ce que l'on appelle couramment le BAI, le Bâtiment d'Accueil et d'Inscription, où on vous expliquera tout ce qu'il vous faut savoir sur votre nouvelle vie ici, et où on vous assignera un logement. Vous devrez renseigner la date, l'heure, et les circonstances de votre décès, notamment, pour que l'on vous donne votre bracelet d'identité" expliqua-t-elle à Emilie en lui montrant son bracelet fluorescent.

Emilie comprit qu'il ne valait mieux pas expliquer à cette dame que non, ils n'étaient pas morts, mais seulement en mission. Elle serait capable de lui poser tout un tas de questions, ce qui pourrait être dangereux pour eux deux. Il valait mieux pour eux qu'ils restent discrets, elle le sentait. Peut-être que ces gens-là n'aiment pas particulièrement les Terriens vivants.

"Merci beaucoup, madame, nous allons nous y rendre immédiatement. Excusez-moi encore pour ma maladresse, lui dit-elle.

- Ce n'est rien, jeune fille. Bonne continuation."

La femme s'éloigna, vers ce qu'elle avait décrit à Émilie comme la rue principale de la ville. Il fallait qu'Emilie aille prévenir Benjamin de ce qu'elle venait d'apprendre. Alors, elle fit demi-tour, et marcha en direction du jeune homme, qui l'attendait assis sur le sol, les bras croisés.

"Tu en as mis, du temps ! lui reprocha-t-il, j'espère que tu as au moins appris quelque chose d'intéressant !

- Oui, lui répondit-elle. Écoute-moi jusqu'au bout, s'il-te-plaît.

Emilie retranscrit à Benjamin son échange avec la femme, ainsi que le problème que posait leur non-mort, pour l'obtention de leur bracelet d'identité.

"Tu sais sûre que ce bracelet et indispensable ? lui demanda-t-il.

- Je ne sais pas, mais d'après la femme, c'est la première chose que doit faire un mort quand il arrive ici, alors ce doit être important. Mais, peut-être que si on explique à ces gens-là ce qu'il nous arrive, ils pourraient peut-être nous en donner un.

- Tu es folle ? s'exclama-t-il. Tu veux vraiment leur donner la raison pour laquelle nous sommes là ? Je te rappelle que si nous récupérons ce disque vert, puis le troisième, qui se trouve on ne sait où, leur monde sera détruit, et ils le savent peut-être ! Ça m'étonnerait qu'ils en aient envie, tu vois.

- Eh bien, faisons semblant d'être morts, alors, proposa Emilie. Ça ne doit pas être très compliqué : la femme à qui j'ai parlé tout à l'heure ressemblait comme deux gouttes d'eau à une Terrienne. D'ailleurs, elle m'a pris moi-même pour une morte. En fait, juste le fait d'être ici doit être considéré par eux comme une preuve de mort.

- Oui... Ça pourrait fonctionner, pensa-t-il tout haut. Mais il va falloir faire attention à ne pas faire de gaffe, alors. Bon, on y va ?

- Oui, allez, on y va, lui répondit-elle."

La jeune fille s'avança vers Benjamin et lui pris la main pour lui donner le courage de se lever. Benjamin parut perturbé par ce geste. Emilie trouva cela un peu étrange : Benjamin semblait bizarre depuis qu'ils s'étaient réveillés, comme s'il était un peu triste.

Une fois levés, les deux adolescents prirent chacun leur sac à dos, et se dirigèrent vers la rue qu'avait indiqué la femme comme celle du BAI.

Lorsqu'ils sortirent de la ruelle, la décoration de la rue principale les émerveilla, et Emilie en oublia tout de suite l'état de Benjamin.

Elle n'avait jamais vu une rue aussi vivante et aussi colorée. Il y avait des sourires sur les visages de toute la foule, et des couleurs vives sur les murs, les volets, et les portails des maisons et des commerces. Une musique entraînante était diffusée dans toute la rue, ce qui contribuait sûrement à la bonne humeur générale.

Emilie regarda Benjamin, qui souriait largement, et lut dans ses yeux de l'émerveillement. Apparemment, elle n'était pas la seule à trouver cet endroit magnifique.

"Regarde ! Là ! lui cria Benjamin, qui semblait aller mieux, et qui était obligé d'augmenter le volume de sa voix à cause du bruit. Un panneau ! Le BAI, c'est par là !"

Emilie vit aussi l'écriteau sur lequel était inscrit "Bureau d'Accueil et d'Inscription, trois cents mètres à droite."

Ils marchèrent donc ensemble vers leur lieu d'accueil, le regard émerveillé, dans cette ambiance joyeuse et sur un air de musique pop.

Et si... L'Univers n'était pas infini ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant