Et si... L'Univers n'était pas infini ?

Chapitre 11

"Afin de faire cesser quoi ? lui demanda Emilie, que voulez-vous arrêter ?

- Je... Pour vous expliquer cela, je vais devoir vous expliquer ce pourquoi vous êtes ici et ce que j'attends de vous... Alors, allons-y.

Quand j'ai enlevé ta sœur, Benjamin, mon objectif n'était pas de la tuer, ni de lui faire du mal. Je voulais juste avoir un moyen de pression sur toi afin que tu m'obéisses. Une fois que tu as eu remis la lettre à Emilie, j'ai pu vous téléporter tous deux ici, en contrôlant les mouvements et l'esprit d'Emilie pour qu'elle appuie sur le bouton..."

Emilie fut traversée par un frisson de dégoût et d'effroi. Cet homme l'avait littéralement possédée !

"Je vous ai fait venir ici afin que vous remplissiez une mission, une très grande mission, et je suis prêt à tout faire pour que y parveniez. Voyez-vous, le Royaume des Morts et le Pays des Disparus sont situés en dehors de l'Univers que vous connaissez, leur apprit-il."

Benjamin et Emilie échangèrent un regard.

"Oui, vous avez bien entendu. Vous êtes ici en dehors de l'Univers, leur dit-il avec un sourire en coin. Mais cela doit cesser. La plupart des habitants du pays veulent rentrer chez eux, sur Terre. Ils veulent retrouver leurs familles, qui leur manque. Ils veulent reprendre leur travail, leurs activités, leurs loisirs. Ils ne veulent plus rester ici. Alors, votre mission, jeune gens, va être de nous ramener sur Terre.

- M... Mais, c...comment allons-nous faire, bégaya Emilie, pour rendre cela possible ? Si vous pouvez vous téléporter, vous n'avez qu'à le faire vous-même ! Et de toute façon, pourquoi vous obéirions-nous ? Nous ne vous devons rien, et nous n'en avons pas envie. Viens, Benjamin, on s'en va."

Tentant le tout pour le tout, Emilie prit Benjamin par le bras, et essaya de se lever avec l'intention de s'enfuir, mais elle se rendit compte qu'elle avait le corps collé contre le dossier de son siège.

"Relâchez-moi, cria-t-elle au docteur, je veux sortir ! Laissez-moi partir !"

Cette fois-ci, Emilie se sentit véritablement prisonnière. Elle se débattu du mieux qu'elle put, de même que Benjamin, et hurla au docteur de les relâcher, mais aucun des deux ne put se décoller de sa chaise. 

"Oh, non, ma jolie, sûrement pas. Tu vas faire tout ce que je te dirai, sinon tu ne retourneras pas sur Terre, la menaça le docteur."

Cette menace fit se figer Emilie instantanément. Elle voulait retrouver sa mère au plus vite. 

"D'ailleurs, elle doit s'inquiéter depuis le temps que je suis partie... Je ne sais même pas depuis combien de temps je suis censée être rentrée à la maison..." se dit-elle.

"Je disais donc que votre mission sera de nous ramener sur Terre. Je vais vous expliquer comment, mais avant cela, j'aimerais vous montrer quelque chose. Suivez-moi" reprit le docteur.

Il claqua des doigts, et les deux adolescents furent libérés de leur siège. Emilie bouillonnait intérieurement. De quel droit usait-il pour les obliger à lui obéir de la sorte ?

Le docteur se tourna vers sa bibliothèque, derrière son bureau et écarta quelques livres les uns des autres. Il appuya ensuite sur un bouton dissimulé derrière. Un voyant vert au-dessus de la bibliothèque s'alluma, et celle-ci se sépara en deux, en même temps que le mur sur lequel elle était fixée.

L'ouverture dans le mur donnait sur un immense laboratoire, immaculé, éclairé par des dizaines de néons éblouissants. Emilie n'avait jamais vu un laboratoire aussi grand. Il devait être au moins dix fois plus grands que ceux de son lycée.

Un objet attira particulièrement son regard. Il se trouvait au fond de la pièce, sur une table. C'était un grand bac de verre, dans lequel avaient l'air d'être figées des représentations de galaxies et de systèmes solaires. Cet objet était magnifique.

"Monsieur Austin, l'interpella Benjamin, beaucoup plus calme qu'Emilie, et visiblement décidé à jouer la carte de la séduction, puis-je aller voir de plus près cet objet là-bas ? Il m'intrigue". Il lui montra du doigt le bac de verre.

"Cela tombe bien, c'était exactement ce que je voulais vous montrer. Venez, leur ordonna-t-il, approchez-vous."

Benjamin et Emilie s'approchèrent donc de l'imposant bac de verre, en compagnie du docteur Austin.

"Ce que vous avez devant vous est peut-être l'objet le plus précieux que vous allez voir dans toute votre vie, les informa-t-il. Ce n'est pas une reconstitution, une copie ou une maquette de l'Univers, comme vous auriez pu le croire. Non, C'EST l'Univers. Et votre lieu d'habitation, la Terre, se trouve quelque part au milieu de cette immensité, à un mètre devant vous."

Emilie regarda le docteur, abasourdie, et fut soudain prise de nausée. Elle regarda ensuite Benjamin, très pâle, qui la dévisageait aussi. Elle essaya enfin de lire sur le visage du docteur quelque trace de moquerie ou de rire, qui auraient pu indiquer qu'il leur mentait, mais non. Le docteur paraissait tout à fait sérieux.

"Se pourrait-il que ce soit vrai ?"