Chapitre 7

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Benjamin se dépêcha de finir son petit-déjeuner. Il ne fallait pas qu'il rate son bus, qui passait devant chez lui dans quatre minutes. Enfin, quatre minutes si sa montre était aussi synchronisée qu'hier avec l'horloge du conducteur.

Une barre de céréales à la bouche, il attrapa son manteau et ses chaussures, qu'il mit rapidement. Il souleva ensuite son sac, qu'il jeta sur son épaule droite. Il sortit alors de chez lui, et courut le plus rapidement qu'il put jusqu'à l'arrêt du bus. Heureusement, le transport devait avoir un peu de retard, car tous les lycéens prenant le même bus que lui étaient encore là, bavardant joyeusement sur ce qu'ils avaient fait la veille au soir, ou patientant à moitié endormis sur un banc.

Benjamin, lui, ne préférait pas se rappeler ce qu'il avait vécu la soirée de la veille. Il pensait à Anaëlle, bien sûr, car, après son arrivée, Benjamin a eu peur toute la soirée. Peur qu'elle ne se fasse démasquer, en disant quelque chose que la véritable Anna n'aurait jamais prononcé, ou interroger sur sa journée, qu'elle ne pourrait pas raconter, la capture d'Anna s'étant passée le matin-même. Et tout le monde sait qu'Anna était incapable de mentir, caractéristique qu'Anaëlle doit avoir acquise lors du transfert de personnalité.

Mais, heureusement, ses parents étant extrêmement fatigués par leur journée de travail, ils n'ont posé aucune question, et n'ont apparemment rien remarqué d'anormal. Le remplacement d'Anna par Anaëlle s'est donc bien déroulé jusqu'à présent. C'était au moins le point presque positif de la veille.

Le bus klaxonna, ce qui sortit Benjamin de ses pensées. Il monta dans le bus, et se rendit compte qu'il avait oublié sa carte de transports.

"C'est pas vrai ! Le chauffeur va me demander de redescendre !" se dit-il. En tout cas, c'est ce qu'il faisait d'habitude. Au moment où il passa devant le chauffeur, il lui expliqua la situation. Le conducteur parut tout d'abord mécontent, puis déboussolé. Enfin, après quelques secondes d'étrange hésitation, il lui dit de passer, que ce n'était pas grave, qu'il n'aurait qu'à lui présenter sa carte le lendemain.

Cette attitude déconcerta Benjamin. Ce n'était pas dans les habitudes du conducteur, d'être aussi clément. Et cette attitude bizarre au moment de lui donner sa réponse... Il se demanda tout à coup si les événements de la veille et l'attitude du conducteur de bus n'était pas liés.

Plongé dans ses pensées, il se dirigea vers le fond du bus, ou était située sa place favorite, et s'assit. Sa voisine dormait, et, bavarde comme elle était d'habitude, il valait mieux qu'il en reste ainsi. Benjamin était fatigué. Il n'avait pas beaucoup dormi la nuit dernière, tourmenté par sa mission étrange du lendemain. Alors, il posa la tête sur la vitre froide et humide du bus, et ferma les yeux.

À 8h28, le bus se gara devant le lycée Jules Ferry, juste après le réveil de Benjamin. Il n'avait dormi que quelques minutes, mais cela suffirait à le reposer suffisamment, pour, il l'espère, ne pas s'endormir en cours.

Benjamin descendit du bus, en compagnie des autres élèves, dont sa voisine de siège qui, elle, était bien réveillée. Elle bavardait déjà avec quiconque lui passait devant le nez.

Benjamin avança vers l'entrée de son lycée. Ce lycée qu'il détestait tant. Tout d'abord à cause de son nom. "Jules Ferry". Plus classique était impossible. Ou encore à cause des profs. Systématiquement, il fallait que ce soit d'anciens camarades de classe de ses parents, qu'ils auraient soi-disant martyrisé, il y a quelques dizaines d'années. Ce qui lui retombait dessus, évidemment. Il était donc interrogé à quasiment tous les cours sur des leçons qu'il n'apprenait jamais. Trop ennuyeux. Ses parents ne savent pas quoi faire de lui, en Benjamin non plus. Après avoir passé son baccalauréat, s'il l'a, il choisirait un métier où il n'y a pas besoin de faire beaucoup d'études, c'était certain. Mais en attendant, il continuait à perdre son temps sur les bancs de l'école.

Son premier cours de la journée était une leçon de physique. Une des seules heures où Benjamin arrivait à retenir quelques informations, parfois, grâce aux expériences qu'ils faisaient parfois avec la professeure, qui l'intéressaient parfois.

Le cours de ce jour-là portait sur l'astronomie. L'Univers, plus précisément.

La professeure leur apprenait que les connaissances actuelles des scientifiques ne suffisaient pas à déterminer si oui ou non l'Univers avait une fin ou non. Un élève leva la main.

"Oui, Enzo ? l'interpella la professeure.

- Madame, commença Enzo, un excellent élève, en supposant que l'Univers soit fini, que pourrait-t-il y a avoir derrière ses "bords" ? Parce que j'ai du mal à imaginer un Univers, soit infini, soit fini, avec du vide en dehors de ces murs. Car ce vide aurait-t-il à son tour une fin ?

- Je suis désolée, Enzo, lui répondit la professeure avec un sourire, mais je ne peux pas répondre à ta question. Même si tu la posais au plus grand astrophysicien d'aujourd'hui, il ne pourrait pas te répondre, où alors seulement par des théories. Quand tu seras plus grand, peut-être que tu trouveras la solution toi-même à ton interrogation."

En effet, Enzo avait marqué sur sa feuille d'orientation vouloir continuer ses études dans la physique et les sciences, ce qu'il avait dit à Benjamin, étant un de ses proches amis.

Benjamin se mit à regarder par la fenêtre. Ce pourrait-il qu'il y ait autre chose, derrière les possibles murs de l'Univers ?


Et si... L'Univers n'était pas infini ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant