Chapitre 8

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Aux alentours de 10h, à l'heure de la récréation et après un énième cours extrêmement ennuyeux, Benjamin se dit qu'il serait peut-être temps d'aller trouver Emilie, pour lui donner la lettre qui lui était destinée.

Il tourna sur lui-même, dans la cour de récréation, en regardant un peu partout pour la chercher, et se dit qu'il devait avoir l'air d'un parfait idiot.

Enfin, après deux minutes d'intenses recherches, il l'aperçut, discutant avec un garçon qui la dévorait des yeux.

Tout l'enthousiasme de Benjamin retomba. Elle avait donc un petit ami. Cette pensée se confirma lorsqu'il vit le fameux garçon embrasser Emilie, qui devint rouge comme une pivoine.

Cette vision rendit Benjamin tellement triste, qu'il s'apprêta à faire demi-tour, et à s'enfermer dans les toilettes pour y pleurer un bon coup. Mais il repensa tout d'un coup à Anna, et cette vision lui redonna du courage. Il devait à tout prix remettre cette lettre à Emilie.

Alors, il s'avança vers elle. Il la regardait fixement, sans détourner le regard. Arrivé à deux mètres d'elle, Emilie tourna la tête vers lui, et le regarda à son tour. Elle souriait, mais pas son ami.

"Bonjour Benjamin, comment vas-tu ? lui demanda-t-elle.

- Bien, merci. Écoute, je n'ai pas beaucoup de temps, et j'ai une lettre à te donner de la part de... d'une connaissance à moi. Ne l'ouvre pas maintenant, surtout. Fais-le ce soir, quand tu seras chez toi.

- Euh... oui, d'accord, lui répondit-elle, un peu surprise. Je le ferai. Merci Benjamin !" lui lança-t-elle, alors qu'il s'en allait déjà.

Benjamin ne l'avait même pas saluée. Il était trop triste pour cela, et n'avait pas envie qu'Emilie lui pose des questions. Il avait bien vu comment le copain d'Emilie l'avait regardé pendant qu'il lui parlait. Un regard rempli de jalousie et de haine. Ce qui, en gros, voulait dire : "Si tu t'approches de ma copine, attention à ce qui va t'arriver."

Alors, Benjamin n'allait pas tenter le coup. Il repartit donc en direction du bâtiment de cours, et monta les deux étages qui le séparaient de sa salle d'histoire-géo, son prochain cours.

"Si seulement j'avais au moins pu obtenir son numéro de téléphone, pensa-t-il, adossé à un mur du couloir, ce serait plus facile, je pourrais parler avec elle librement..."

À la sortie des cours, vers 17h, alors qu'il était sur le chemin du retour pour rentrer chez lui, à pied car il avait besoin de réfléchir sur le cas "Emilie", il l'aperçut soudain au coin d'une rue peu fréquentée.

"Tiens, elle a eu la même idée que moi" se dit-il.

Il vit alors qu'elle avait un objet dans les mains, blanc et rectangulaire, entouré d'un ruban rouge.

"La lettre !" cria-t-il, puis il se mit à courir vers elle.

Emilie l'entendit, et cacha précipitamment l'objet derrière son dos.

"Coucou, Benjamin, que fais-tu là ? lui demanda-t-elle d'un air lunaire.

- Ne fais pas comme s'il ne se passait rien. Je t'ai vu. Je t'avais dit d'attendre chez toi pour l'ouvrir.

- Oui... lui dit-elle rêveusement. Désolé, mais cette lettre m'appelle... Elle me dit de l'ouvrir..."

Alors, Emilie sortit la lettre de derrière son dos, en arracha le ruban rouge, et, comme possédée par un esprit qui ne lui ressemblait pas, ouvrit précipitamment l'enveloppe, la jeta par terre, pris la main de Benjamin, et se calma enfin. Il ne lui restait plus que le petit boîtier noir dans la main droite.

"Benjamin, es-tu prêt ?"lui demanda-t-elle.

Benjamin vit à ce moment-là qu'elle avait les yeux de couleur violette, au lieu de leur vert émeraude habituel.

"Je... Quoi ? Prêt à quoi ? Non... Emilie ne fais pas ça !"

Mais il était trop tard. Tout en s'accrochant à la main de Benjamin, Emilie avait appuyé sur le bouton rouge.


Et si... L'Univers n'était pas infini ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant