Prolongement

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Je ne sais pas pourquoi j'ai continué d'écrire, encore et encore, comme si ma vie en dépendait. Je sais que mon acte était lâche, que je ne verrai personne là-bas, mais j'avais besoin.

Besoin de croire en le destin, de croire en l'espérance, car j'avais cet espoir. À ce jour, sur cette terre, c'était la seule chose qui me maintenait en vie, un minimum. C'est peut-être débile, mais...

Mais j'y croyais tout de même. Son sourire, son odeur, son être tout entier me manquait terriblement. Et, puis après tout, l'espoir fait vivre comme on dit. Ironie. Moi aussi, comme des milliers de gens, je vivais avec cet espoir, débile peut-être. Je continuais de vivre avec lui pourtant, pensant qu'il me sauvera un jour, malheureusement, c'est lui qui m'a fait sombré, tombé avec lui.

Nous sommes deux à être tombés. Je sais que nos actes ne sont pas les meilleurs, que d'autres solutions s'offraient à nous. Serait-ce de sa faute si nous en somme là aujourd'hui ? Finalement, je ne pense pas. Nous nous sommes détruits au fur à mesure, mutuellement. Aurais-je dus mentir, en croyant nous protéger ? Non, je ne n'aurai pas dû.

Maintenant que je comprends son choix, son geste final, je pardonne. Pour de nombreuses raisons, mais surtout car ce geste était pour moi, même si cette révélation ma surprise au début. J'ai compris. Je peux de nouveau comprendre clairement sans être aveuglé par cette horde de sentiments nauséabonds. Je me sens libre de toute charge, je ne ressens peut-être plus rien, mais je me sens quand même plus légère, plus libre de moi-même. Je me sens moi.

Et toi, comment vas-tu ? J'ai honte, tu sais. À force de ne pas vouloir sortir, je n'ai même pas pu changer ces fleurs blanches que tu aimes tant, je suis désolée. Tout le monde a été déçu, par ma faute, et je le regrette amèrement maintenant. Malheureusement, cela est trop tard, je ne peux plus rien changer, plus rien expliquer, penses-tu qu'ils tomberont sur mes lettres ? Je ne sais toujours pas pourquoi j'ai commencé à t'écrire sachant qu'elles ne seront jamais expédiées et que tu ne les liras jamais.

Là encore, je continue de te parler en connaissance de cause. Tu ne me répondras jamais, jamais je n'entendrais ta voix, ton rire et je ne reverrais plus ton sourire. Je dois me faire une raison, mais je n'y arrive pas. Cela s'est passé si brusquement, sans préavis, et même si ce moment date de plusieurs semaines, je revois chaque image dans ma tête, et cela, en boucle.

Je revois ton corps allongé sur le sol, sans vie. Les actions s'enchaînent : j'éteins le feu sous la poêle et jette son contenu sachant très bien ce que tu as brûlé, j'arrive vers toi avec de l'eau et commencer à t'appeler tout en te rafraîchissant. Mais surtout, je me souviens de tes yeux ouverts. Ils montraient tellement de choses en même temps. Le désespoir était mélangé à la peine et la joie était mêlée à la honte.

Je m'en souviendrai toujours. J'entends encore ma voix t'appeler, crier ton nom mélangé à mes pleurs. Je ne sais toujours pas combien de temps, j'étais resté avec ton corps dans les bras. Après, je me rappelle put très bien la suite, car tout est flou, les voisins sont arrivés en me demandant si qui s'est passés et sans comprendre, je me suis retrouvé aux urgences avec toi, brancher à tes milliers de câbles. Le bip continue de me revient et je me fais vriller le crâne.

On ressent donc la douleur ici aussi ?

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›|‹Pendant ce temps›|‹

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Les larmes ne coulaient pas sur le visage fatigué par la maladie et la vieillesse de la vieille femme qui s'avança aidé par son mari. La peine et la tristesse ne les ravageaient pas, mais, d'un même accord invisible, aucun ne prononça ces mots. Les mots du pardon. Leur fille les regardait faire, ne sachant que faire, elle, achevée par le chagrin.

Aucun d'entre eux ne savait ce qu'il fallait faire.

Devaient ils pleurer et crier à n'en plus pourvoir ? Devaient ils espérer une meilleure vie ? Personne ne savait, et c'est cela qui rendait l'atmosphère pesante. Qu'est-ce qu'il l'avait poussé à faire ce geste si répugnant ? Ses propres parents avec honte, le nom de la famille était maintenant, de nouveau, salis.

Oui, ils pensaient à l'honneur avant tout.

Sa disparition les affectait certes, pourtant, l'honneur passait avant tout. De plus, ce nom avait été sali deux fois par la même la personne, cela était trop. Leur fille les avait regardé faire, impuissante et priant que personne ne viennent ici. Elle savait qu'elle aurait dû, qu'elle aurait pu les convaincre de ne pas faire cela. Le regret lui prenant la gorge, elle éclata de nouveau en sanglots.

Personne ne vient pourtant la réconforter.

Ses parents affichaient désormais un visage vide d'émotions, froid et dur. Après avoir déposé ce pour quoi ils étaient là sur la pierre froide, ils s'en allèrent d'un même pas, sans aucun regard en arrière. Elle, elle ne put que prononcer une petite phrase avec sa faible voix pendant qu'ils quittaient la sombre forêt et que la nuit tombait.

«Pardonne-moi.»

Quand la nuit fut complètement tombée et que la lune éclairait maintenant la pierre froide de la tombe on peu apercevoir deux petits paquets de lettres. Sur le premier, on pouvait voir «?» écrit en italique. Sur le deuxième paquet, plus imposant, on pouvait lire différentes annotations : «Pour l'inconnu» écrit avec la même écriture que le premier paquet, même si celle-ci paraissait plus froide et plus sèche. «Pour toi», «Je m'excuse dans cette lettre», était aussi écrit.

Aucun nom, aucune date n'était écrits sur la pierre froide. Seul un carré dont il manquait l'angle en haut à droite était gravé. L'angle était représenté à quelques centimètres plus loin, formant un triangle au bord lisse. Quant au coin manquant du carré, il était remplacé par des pics. Ce symbole signifiait beaucoup de choses.

Dont le fait que son nom avait définitivement disparu de la famille.

??? (1) : Vous ne m'avez jamais aimer.

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