[Edit partie corrigé et re publié le 28/08/2024]
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C'est un matin très frais d'avril 1999 que j'ai poussé mon premier cri dans, non pas une charmante maternité bien aseptisée, mais bel et bien l'arrière d'un camion de pompier. Ma mère, aussi gentille soit-elle, a ce défaut des gens pour lesquels rien n'est jamais, ni grave, ni vraiment pressé. Il faut croire que dès la naissance j'avais hérité du trait de caractère contraire puisque je suis, selon ses propres termes, « arrivée comme une lettre à la poste ». Je prends cette expression populaire comme datant d'une époque ancienne où les lettres arrivaient réellement rapidement, si tant est que ce temps ait jamais existé...
Toujours est-il que je suis née, en avance de trois semaines, lancé dans la vie à 150km/h sur une voie rapide du sud de la France, mais en parfaite santé. Mon caractère semblait déjà fortement défini comme voulant tout, tout de suite et sans compromis.
C'est ainsi que mon enfance se déroula sans vraiment d'encombres, hormis dans mes relations avec les êtres humains m'entourant... Je n'avais, il faut bien l'avouer, aucune patience, je n'aimais pas attendre, et encore moins prendre la peine d'expliquer mon raisonnement aux gens, soit ils comprenaient, soit ils étaient indignes de moi...Je me retrouvais souvent seule à l'école, puis au collège, élève brillante, mais continuellement agacée par la lenteur du système scolaire. L'entrée au lycée ne fut pas plus concluante pour ma popularité, néanmoins, j'y trouvai un groupe d'élèves avec qui former une petite « bande » et devint ainsi un peu plus sociable. Avec le recul oui je dois reconnaître j'étais une version très agaçante d'Hermione Granger volume 1, une petite prétentieuse, imbue d'elle-même et qui n'appris que très tardivement à quel point elle ne savait rien de la vie.
Après le bac, je m'orientais vers l'université, première preuve que je n'étais pas si brillante que je l'imaginais, pas d'école prestigieuse, pas de prépas, pas d'HEC ou de Normale Sup non une université banale de province, on m'aurait encore pardonné Assas ou la Sorbonne mais même pas. Mon ennui fut trompée par une multitude d'options et activités extrascolaires : création d'un club de lecture, bénévolat à la médiathèque, élue étudiante... J'avais également dû prendre un petit job pour financer mes études, certes dites « gratuites », mais qui n'incluaient ni logement ni nourritures non intellectuelles... Mes parents n'étant pas des gens très aisés et malgré toute leur bonne volonté, dans l'incapacité de m'aider financièrement. De plus nos relations ont eu tendances à être très limité, polie, courtoise, j'étais aimée et désirée mais nous n'avons jamais eu de complicité, probablement par ma faute je m'en rends compte avec le temps. Toujours est -il qu'à ce moment-là je n'aurais jamais pu accepter leur argent sans me sentir beaucoup trop redevable et dépendante.
Tout ceci me mène à ce jour fatidique de mes vingt-cinq ans, mon quart de siècle, que je célèbre, seule, dans mon douze mètres carré d'étudiante, une pathétique bougie plantée sur un éclair bon marché ( en réalité deux éclairs sous blister plastique).
Je suis la seule de notre groupe de lycée à avoir persévéré jusqu'au master, puis au doctorat que je dois achever d'ici quelques mois...
Ainsi, en cette triste soirée, je n'ai le cœur à rien, même monsieur Darcy ne me semble pas suffisant pour apaiser ma peine. Pour la première fois de ma vie, la solitude me pèse. J'ai passé vingt-cinq années à plus ou moins fuir la compagnie des autres, à ne jurer que par mon ego surdimensionné et ponctuées de « on n'est jamais mieux servi que par soi-même » et voilà que tout me rattrape.
Vingt-cinq ans, je dépasse la moitié de la vingtaine, décennie durant laquelle je suis supposée construire ma vie future. Or je n'ai ni job sérieux, ni perspectives réelles de job sérieux, pas de plan d'avenir, je ne suis pas propriétaire et très loin de l'être, j'ai finalement très peu d'économies, pas même de voiture (heureusement mes parents avaient insisté pour que j'obtienne mon permis), pas de petits copains et donc encore moins de projets de mariage ou de vie à deux... J'envisageais sérieusement l'adoption d'un chat, quitte à finir catherinette, autant aller jusqu'au bout du cliché non ?
De cette terrible et déprimante liste, seul un point me semblait pouvoir être changé dans l'immédiat...mon célibat...
Me pesait-il vraiment ? Ou n'était-ce que la pression de la société qui commençait à influer sur moi ? Je ne pourrais réellement le dire, mais, toujours est-il que je m'étais mise en tête l'idée de mon vieillissement inéluctable et cela me faisait peur.
En effet qu'allais-je devenir ?
Pouvais-je rester ainsi seule à passer mes soirées le nez dans un livre, des journées entières à ne parler à personne ?
N'allais-je pas finir aigrie et folle ?
Et si je commençais à parler seule dans la rue ?
De plus, vingt-cinq ans et aucune relation stable ce n'est pas très engageant, mes études restant le prétexte idéal, mais qu'en sera-t-il plus tard ?
Comment justifier un état de célibat si long ?
On se dira nécessairement que quelque chose ne va pas avec moi, il y aura de la méfiance voire du rejet, puis soyons honnête ; s'il reste encore actuellement quelques célibataires de mon âge, la plupart souhaitant se ranger d'une jeunesse de Dom Juan, d'ici dix ou quinze ans, les hommes de ma tranche d'âge seront tous mariés ou divorcés, peut-être avec des charges parentales...
NON, il fallait que je réagisse pendant qu'il était encore temps !
Je voulais moi aussi connaitre les joies de la vie de couple, de l'amour naissant, grandissant, que diable des engueulades et des réconciliations aussi, les grandes envolées lyriques de mes livres, je voulais les vivre pour les comprendre !
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Journal d'une éternelle célibataire
Literatura FemininaInès, 25 ans et toutes mes dents. Malheureuse en amour et pas plus heureuse au jeu, faut dire ne jouant pas ça n'aide pas! J'ai décidé de donner un petit coup de pouce au destin, qui semble avoir oublié de m'ajouter sur la liste de cupidon. C'est...