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Yann posa sa sacoche en cuir et le sac contenant son ordi dans l'entrée. Il enleva sa veste et l'accrocha au porte-manteau. Il desserra sa cravate, enleva les deux premiers boutons de sa chemise et retroussa ses manches. S'approchant de sa cuisine, il s'étira, poussant un soupir de bonheur. La journée était enfin finie. Il prit la bouteille de vin rouge qu'il y avait sur son plan de travail, retira le bouchon provisoire de plastique d'un coup sec et se servit un verre. Il se dirigea tranquillement vers son salon, s'assit sur son canapé, alluma sa chaîne hi-fi, et posa enfin ses pieds sur sa table de salon. Les premières notes d'un concerto de Chopin s'élevèrent tranquillement. Yann soupira, un sourire s'installant sur son visage. Pendant qu'il appréciait la musique, il sirotait son verre de vin. Après chaque dure journée, il aimait pouvoir se détendre en oubliant chaque problème, le temps d'un verre. La musique l'apaisait. Il profitait de ces quelques minutes, chaque jour, s'enfermant dans une petite bulle tranquille, loin de tout. Ce petit moment en dehors de la réalité était une routine à laquelle il tenait. Et s'il y avait bien une chose que Yann ne supportait pas, c'était d'être dérangé à ce moment-là de la journée, qui se passait tout de même à plus de 22 heures ; il était donc presque impossible que son petit instant de bonheur soit interrompu. Le moment où les violons s'emballaient commença et Yann prit une gorgée de vin, ferma les yeux et rejeta sa tête en arrière, profitant du moment d'émotion s'offrant à lui. Il déglutit lentement afin d'apprécier le goût du rouge qui glissa dans sa gorge. Un sourire léger s'étira lentement sur ses lèvres. Et son téléphone sonna. Yann ouvrit les yeux et se redressa d'un geste vif. Il posa sèchement son verre de vin sur la table basse en verre et éteignit la chaîne hi-fi. A grandes enjambées, il traversa la pièce et attrapa le téléphone fixe qui trônait sur le bar dans la cuisine, servant de plan de travail.

-Yann Barthès j'écoute, dit-il avec rapidité en décrochant, agacé.

-Salut Yann, c'est Clément.

-Clément? Pourquoi tu m'appelles sur mon fixe? s'étonna le présentateur, tout signe d'énervement ayant disparu de sa voix et de son visage.

-J'essaie de te joindre sur ton portable depuis 18heures heure française mais tu ne répondais pas, alors j'ai fini par essayer sur ton fixe. Désolé pour l'heure tardive d'ailleurs, mais tu m'avais demandé de t'appeler dès qu'on recevrait les billets de retour, expliqua d'emblée Clément.

L'esprit de Yann s'emballa. Il était vrai que son portable n'était pas prêt de lui à l'instant, et qu'il ne l'avait pas eu à la main depuis un moment. En essayant de se remémorer la dernière fois qu'il l'avait à sa portée, il remonta à l'instant précis où il le lança sur le canapé dans son bureau avant de partir précipitamment aux studios pour enregistrer l'émission ; il allait être en retard et ses équipes l'attendaient. Il se pinça l'arête du nez. Il était passé dans son bureau assez rapidement ce soir après le direct, pour récupérer sa sacoche avant de rejoindre Laurent. Son associé voulait lui parler de l'émission du jour, mais également d'un problème technique survenu plusieurs fois déjà. Il avait courut pour rejoindre son ami, car il était évidemment en retard, et n'avait donc pas pris soin de vérifier la présence de son portable dans sa poche. L'appareil gisait toujours sur le canapé en cuir, abandonné dans les locaux endormis de l'émission.

-On part dans deux jours et l'heure d'arrivée est prévue pour 4 heures du matin. Martin m'a dit qu'il comptait faire son come-back dans l'émission le soir même du coup.

Yann sourit. C'était bien Martin. Il allait passer une nuit atroce dans l'avion, avec un décalage horaire abominable, et il comptait revenir le matin dans les studios, pour préparer son reportage et revenir dans l'émission le jour même. Malgré toutes les interdictions et tous les reproches de Yann, le reporter serait quand même présent dans l'openspace, riant avec Hugo. Son meilleur ami et lui partageaient le même bureau au milieu de leurs collègues, travaillant à la même table. Chacun sur leurs ordinateurs portables, ils s'adressaient quelques mots de temps en temps, se taquinant gentiment, ou demandant l'avis de l'autre sur une phrase plus ou moins bien tournée. Leur complicité et leurs liens étaient autant d'atouts pour l'émission, favorisant la bonne entente au sein de l'équipe.

La minuscule terrasse en béton brutOù les histoires vivent. Découvrez maintenant