Chapitre 9

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Quand j'arrive dans la salle de cours, il est assis au fond à droite. Je décide de laisser ma place, au risque de me la faire prendre et je me dirige vers lui.

Heureusement que la classe est pratiquement vide parce que je veux pas que tout le monde voit ça.

"C'est quoi ton soucis?" Je lui lance en posant mes mains sur sa table pour bien lui faire face.

Il sursaute un peu et me regarde droit dans les yeux. Je recule un peu quand je vois que nos visages sont vraiment proches.

Il ne dit rien, il se contente de s'adosser au dossier de sa chaise. Il me regarde, le visage sans émotion.

"Si tu veux te moquer de moi, moque toi directement. Mais cherche pas a faire ton gentil, ça sonne faux!" les mots sortent tellement vite que je ne les contrôle même plus.

"Pourquoi je me moquerai de toi?" Il me répond comme si c'était la question la plus banale du monde.

Il se fout de moi, c'est pas possible. Alors je le regarde et je cherche une quelconque émotion. Mais il n'y a rien. J'arrive pas a le cerner.

"Louis, assieds toi!" Me surprend la voix de Mme Fitz.

Alors je me calme un peu, je m'assois a coté de lui et je croise les bras sur mon torse en m'enfonçant bien dans ma chaise. J'écoute pas, je me contente de soupirer et de regarder par la fenêtre. Lui, il écrit, et il passe la main dans ses cheveux de temps en temps. Et puis il s'arrête pour faire rouler son stylo entre ses doigts.

"Je cherche pas a me moquer, les gens peuvent penser ce qu'ils veulent. Si j'ai envie de parler a quelqu'un, je lui parle c'est tout." Il me dit et se remet a écrire.

"Ouais bah, moi j'ai pas envie de te parler." Et il sourit. Je vais lui faire manger son stylo, il va rien comprendre.

"Pourquoi tu souris?" Je lui demande un peu plus fort que je pensais. Il ose me dire qu'il se moque pas et il sourit quand je suis sérieux.

"Parce que tu me fais rire, c'est tout." Il est tellement calme. C'est déstabilisant. Et puis il reprend sur un ton plus sérieux toujours en fixant sa feuille.

"Tu es différent quand tu souris." Il commence. "On dirait une autre personne.."

C'est vrai que ça m'a fait du bien de parler avec quelqu'un. J'ai eu l'impression de revivre, que quelqu'un se souciait de moi au moins pendant quelques minutes. Et puis, il avait tellement l'air insoucieux. Il a voulu s'asseoir a côté de moi, alors il l'a fait. Les autres auraient peut être préférés rester debout plutôt que d'être à coté de moi. Alors oui, je me suis senti bien. Je savais qu'il n'était au courant de rien sur moi alors j'ai lâché prise pendant un instant et je me suis ré-ouvert.

Je sais pas quoi répondre alors je ne réponds pas. Je suppose qu'il s'en fout parce qu'il ne dit rien non plus. Il s'obstine toujours a écrire tout ce que la prof dit et quand finalement ça sonne, je range vite mes affaires et je sors sans me retourner.

Dans le cours suivant, je fais en sorte d'arriver le premier et je me mets à ma place habituelle. Là, par contre j'écoute un peu plus parce que c'est des maths, et je comprends déjà pas grand chose alors si j'écoute pas, ça risque pas de s'arranger. On passe l'heure a faire des exercices et je galère tellement que je vois même pas l'heure passée. Quand ça sonne 10h, je note les devoirs et je sors de la salle avec un énorme mal de tête.

Encore 1h. J'aime le mercredi, parce que ça passe plutôt rapidement et que je peux passer mon après-midi a rien faire.

Notre dernière heure, est une heure de philosophie. Les autres se plaignent, mais moi ça me plait et je participe. Les autres ne disent rien, parce que de toutes façons, ils ne doivent rien comprendre. Alors ils se taisent. Harry ne participe pas non plus, mais il ne semble pas blasé ou ennuyé du cours. Comme à chaque cours en fait. Son visage est tellement indéchiffrable, qu'il pourrait sauter par la fenêtre ou bien éclater de rire d'un coup, on ne comprendrait rien.

Quand la dernière heure sonne, je suis quand même bien content de sortir. Je me rue vers la sortie, en cognant quelque gens au passage. De l'air, il me faut de l'air. Quand je suis enfin dehors, je prends une grande aspiration et je me dirige vers l'arrêt de bus.

"Hey!" Une voix cri derrière moi.

Je me retourne pas. Ça doit pas être pour moi. Sauf qu'une main se pose sur mon épaule et là je tourne ma tête dans la seconde. C'est lui. Le garçon du bus. Il doit savoir maintenant, et il vient pour m'insulter ou se moquer.

Il sourit et ses yeux bleus se ferment légèrement.

"Tu rentres en bus?" Il me demande et je hoche la tête, instinctivement. Il ne doit pas savoir. En 3h, c'est vrai que c'est un peu court pour bien s'adapter.

"Alors Tomlinson, on a un petit copain?" Et là, mon sang ne fait qu'un tour. C'est Chad. Évidemment que c'est lui. Je ne réagis pas. Je ne bouge plus. Mes pieds sont cloués au sol.

"T'aime bien les petits blonds?" Il continue et je crois que je vais m'évanouir. Je devrais être habitué maintenant avec les réflexions de Chad, d'ailleurs d'habitude j'y fais même pas attention. Mais là, il y a le garçon a coté de moi. J'ose même pas le regarder. Je veux pas voir le dégoût dans ses yeux. Pourtant je sais qu'il est encore à coté de moi, ses pieds se sont arrêtés au même moment que les miens.

"Alors Tomlinson, t'as perdu ta langue?" Arrête. Je t'en supplie. Vas t'en. Passe moi un tabouret et une corde et barre toi.

"Mais tu vas la fermer? Je suis pas son petit copain, mais si c'était le cas, qu'est ce que ça peut te faire?" Et là, je retourne ma tête vers le blond.

Il vient vraiment de dire ça et il a vraiment l'air énervé. C'est la première fois que quelqu'un prend ma défense et il faudrait que je me pince pour voir si c'est bien réel. Je me remets a respirer normalement et quand il se retourne vers moi, il me sourit de nouveau. Même Chad, qui n'a rien répondu est bouche bée. J'imagine que c'est la première personne qui le contredit sur moi.

Alors il se remet a marcher en direction de l'arrêt de bus et je le suis. Je ne dis rien. 

"Je suis parti plutôt rapidement ce matin, je n'ai même pas eu le temps de te demander comment tu t'appelais." Et là je réagis enfin. Mes yeux se fixent dans les siens. Pourquoi moi?

"Louis. Louis Tomlinson." Je lui réponds avec hésitation.

"Niall Horan." Et il me sourit encore. Et sans que je puisse me contrôler, je lui souris en retour.

Le bus arrive et il s'assoit a côté de moi encore une fois.

Perfectly Differents (Larry)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant