Chapitre 24

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[Point de vue Louis]

C'est en marchant en direction de chez Harry que je regrette de pas avoir été plus têtu à propos de ce putin de devoir.

Quand je rentre dans la cour de sa maison, mon cœur s'accélère.

Je monte les quelques marches qui me sépare de la grande porte d'entrée en bois et je frappe sans réfléchir. J'enlève un de mes écouteurs et je peux entendre le son de pas s'approchant de la porte. Il y a un scénario auquel je n'ai pas pensé et pourtant très probable : que ça soit quelqu'un d'autre que lui qui ouvre la porte. Mon cœur se resserre et je me sens nauséeux.

Il m'ouvre la porte vêtu d'un simple jogging noir, un gros sweat shirt gris et d'un bonnet gris en laine. Oh.

"Rentre." Me dit il et j'avance en regardant l'immensité de sa maison. Je retire mes chaussures, par habitude je suppose et je scrute les murs blancs, couverts de photos et de peintures. C'est vraiment très beau, très bien rangé et tellement pas Harry. Je le vois monter les escaliers, alors sans comprendre je le suis. Je monte lentement les escaliers en épiant les photos sur le mur sur lesquelles apparaît un homme sur chacune d'entre elles.

Quand j'arrive en haut de l'escalier, je ne le vois plus. "Euh.. Harry?" Je hausse la voix en marchant dans le couloir. Il passe la tête par la porte du fond, affichant un sourire sur son visage. "Là."

Quand j'arrive dans sa chambre, je manque de trébucher dans un des cartons présent par terre. Sa chambre est très simple et spacieuse. Un grand lit au milieu de la pièce avec une télé en face, un bureau a droite mais c'est l'étagère pleine de vinyles qui attire mon attention. Autrefois, je passais mes journées a écouter les vieux vinyles de mon grand père et depuis, je rêve secrètement qu'il me donne le tourne disque qu'il n'utilise plus. Des objets traînent par ci et par là, et je souris a la jolie vue qu'offre son balcon. On peut voir l'ensemble de la route, complètement recouverte de neige et le quartier d'en face.

"Bureau ou lit?" J'avais presque oublié qu'il était la.

"Hein?" Je demande ne comprenant pas le sens de sa question.

"Tu veux travailler sur le bureau ou le lit?" Il rigole un peu a ma réaction.

Son lit est géant. Les draps un peu dérangés sont gris et je devine qu'il devait y être avant que j'arrive. Si je me mets sur son lit, je risque fortement de m'endormir.

"Vaut mieux que je prenne le bureau." Je dis en regardant la manière dont le matelas se cambre quand il s'assoit.

"Okay." Dit il avant prenant un bloc note, un stylo et de s'allonger sur le ventre. Il ne fait plus attention a moi et se met aussitôt a mordre son stylo. Je retire ma veste, que je mets sur le dossier de la chaise et je m'assois.

Est t'il raisonnable d'aimer?

La question écrite en gros et gras sur ma feuille me tire un soupire. Mr Martinez a dit qu'il voulait d'abord notre avis personnel sur la question et je pense qu'il ne sera pas déçu de ma réponse. Pendant 25 bonnes minutes, j'écris tout ce qui me passe par la tête. J'écris, je rature, je recommence. Mes pensées se confrontent, j'essaie de peser le pour et le contre, pour en fait voir que je n'y vois que du contre. Je sais que le verbe "aimer" dans cette question est lié a beaucoup de choses. C'est une question tellement vaste et pourtant, peu de choses me viennent en tête quand je la lis. L'abandon de mon père, la trahison de Chad et l'amour inconditionnel que je porte a ma mère. Pourquoi serait il raisonnable d'aimer alors que tout cela semble provisoire? Pourquoi devrait t'on se permettre d'aimer quelqu'un si c'est pour la voir partir sans remord par la suite? Pourquoi aimer si c'est pour finir le cœur brisé? Personne ne devrait aimer. Personne ne mérite l'amour. D'accord, l'amour c'est beau. L'amour ça donne des ailes. C'est bien. Quand on aime, on oublie tout. Mais justement, il est la le problème. On oublie qu'il y a forcément une fin a toute cette mascarade. Et que forcément, on fini par tomber. Face a la réalité des choses. Et quand on tombe, on tombe de haut et on s'écrase sans pouvoir se relever. Et puis déjà c'est quoi l'amour? Ça se caractérise comment? A partir de quel moment peut on dire qu'on aime quelqu'un?

Je laisse tomber mon stylo sur la table et je soupire fortement. Je me tortille sur la chaise, qui commence vraiment a être inconfortable alors je décide de m'asseoir par terre. J'ai toujours eu des habitudes assez étranges et être assis par terre ne m'a jamais dérangé. Je prends mes affaires, et je vais m'adosser contre le mur, en face du lit. Le lit d'où Harry me regarde les sourcils relevés et un air amusé sur le visage.

"Quoi?" Je demande tandis qu'il me fixe en se moquant. "J'ai mal aux fesses sur ta chaise." Il ne répond rien et se contente de sourire en mâchant son stylo pendant qu'il se remet a écrire.

Et on reste là en silence, peut être 20 minutes, peut être 40 ou même 5 et franchement, je m'en fiche. Je n'ai rien écris depuis que je suis assis là et j'observe. J'observe chaque recoin de sa chambre. La manière dont ses vêtements sont rangés, des pochettes de vinyles que je reconnais, les cadres photos sur les murs. Nos regards se croisant a chaque fois que je sens qu'il me regarde.

"Je vais me chercher un truc a boire, tu veux quelque chose?" Me demande t'il en se levant du lit.

"Non, merci." Je le regarde sortir de la chambre et laisser son odeur envahir toute la pièce. Il revient avec une tasse entre les mains et je souris. "Tu t'attendais a ce que je revienne avec une bouteille de Vodka?" Rigole t'il en prenant une autre gorgée. "Plus ou moins, ouais." Je dis en souriant.

"Tu veux pas faire une pause?" Commence t'il en s'asseyant sur le lit. "J'en peux plus."

"M'en parle pas!" Je soupire.

"On fait une partie?" Propose t'il en montrant la console a coté de la télé.

"Tu me le demanderas pas deux fois." Je me lève, tout excité. Je suis pas sûr d'être doué, étant donné que j'y joue uniquement avec mes cousins. Donc autant dire que c'est pas souvent.

Il tapote le lit a coté de lui, me disant de m'asseoir et il se lève chercher les manettes. Je m'assois en tailleur, sur le lit incroyablement moelleux, comme je l'avais imaginé et il s'installe a coté de moi en me tendant la manette. Ses grandes jambes devant lui, il allume l'écran qui affiche FIFA écrit en gros. Ugh. La dernière fois que j'ai joué a ce jeu, ça a plutôt mal tourné. Je n'aime pas perdre. C'est aussi simple que ça.

"T'aime pas ce jeu?" Me demande t'il en voyant l'expression de mon visage.

"Oh si si. J'espère juste que toi, tu l'aimeras toujours une fois que je t'aurai foutu la raclée de ta vie." Je le regarde, un grand sourire innocent sur le visage.

"Ah..." Commence t'il en rigolant. "Tu veux te la jouer comme ça??" Dit il pendant qu'on choisit notre équipe. "Sans pitié alors!" Dit t'il tandis que le sifflement annonce le début du match.

Je crois que j'ai jamais été aussi stressé devant un jeu vidéo. Mes yeux sont complètement bloqués sur l'écran, mes doigts bougent a toute vitesse, je ne veux pas perdre.

"Allez!" "Allez!" Dit il pendant qu'il se rapproche de mes cages.

"Et nooooon!" Je dis en contrant la balle, fier de moi. Et il grogne.

"Ouuuuuh!"

"Ahhhh presque!"

"Allez!!!!"

"Mais vas y!!!"

Les cris fusent, les insultes aussi d'ailleurs. Plus le match avance, plus l'ambiance se détend.

"Et c'est le buuut!!!" Je cris en levant la manette en l'air pendant qu'il soupire. "Bah alors?" J'approche mon visage de son oreille. "Tu parles plus ?" Je le provoque. Je suis très mauvais perdant, mais également mauvais gagnant. J'en fais toujours des tonnes dans les deux cas.

Il tourne violemment la tête et je me retrouve a quelques centimètres de son visage. Pris de court, mon sourire se transforme en surprise et c'est a lui de sourire. Il est chiant. "Le match est pas encore fini." Dit il en prenant sa lèvre inférieur entre ses dents. Ces magnifiques lèvres qui sont tout aussi belles que délicieuses. S'il essaie de me déconcentrer, c'est vraiment pas efficace.

Perfectly Differents (Larry)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant