Chapitre 2 - Première journée

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Je suis réveillée par la lumière mordorée du soleil traversant le voile nuageux matinal. Je regarde par la fenêtre, le soleil est déjà haut dans le ciel. Je m'étire rapidement, m'assois et fouille dans mon sac. Heureusement, j'ai subtilisé quelques Rations pour que je puisse tenir quelques jours sans avoir besoin de retourner dans une Ville. Les Villes sont des regroupements de personnes et de familles dans d'anciennes villes peu atteintes par la guerre, où quelques maisons ou immeubles sont encore sur pied. Une poignée de Supérieurs sont présents dans chaque Ville et ils font office de ce qui se veut être un gouvernement. La Sécurité est à leurs ordres. À l'intérieur des Villes, les Restants sont maltraités, et ils n'ont pas le droit de fuir: ils sont enfermés dans la Ville, s'en échapper ferrai d'eux des Rebelles, peu nombreux et traqués, pour finalement être tués. C'est ce que je suis. Contrairement aux Restants, les Supérieurs et la Sécurité peuvent sortir de la Ville librement et changer de Ville tout aussi facilement.

Quand on est Restant, la vie là-bas ce n'est pas la vie. Les Éloignements, les assassinats et les Rations, qui ne sont autre que des rations alimentaires maigres. Trop maigres. Tout cela fait partie de notre quotidien et le rend très dur, tant physiquement que mentalement, mais surtout invivable. Je déteste être dans une Ville, mais c'est le seul endroit où des Rations sont distribuées. Je pourrais décider de rester en dehors d'une Ville et de m'établir un campement, mais on ne trouve des animaux qu'en Ville, et encore, ils sont très peu car beaucoup d'espèces ont été tuées par la guerre et le sol n'est pas cultivable, car il est plein de déchets nucléaires et radioactifs. Enfin bref, le seul moyen de survivre ce sont les Villes.

Je n'avais pas prévu de me retrouver ici avec quatre Rations dans mon sac, et c'est d'ailleurs à cause de ces Rations que je suis ici. J'ai été prise en train de voler, la Sécurité me poursuivait... Je n'ai pas eu d'autre choix que celui de quitter la Ville, en passant par la forêt qui la bordait. Je connais bien cette forêt et pour cause: c'est ma porte de sortie. Malheureusement, la Sécurité m'a poursuivie plus longtemps que je ne le pensais et ils sont eux aussi sortis de la Ville, mais pour une raison inconnue, ils ont fait demi tour.

Je trouve au fond de mon sac un morceau de pain rassi et un morceau de chocolat que j'engloutis hâtivement, ainsi qu'une bouteille d'eau à l'allure peu potable, mais dont je bois quelques gorgées quand même.

Je me lève et erre dans le couloir à la recherche de la salle de bain, afin de prendre une douche, ce que je n'ai pas fait depuis quelques jours déjà. J'ouvre la première porte à gauche, celle qui est en face de la chambre que je me suis appropriée. C'est un ancien bureau, apparemment plus utilisé depuis de longues années vu la quantité de poussière au sol et sur les meubles. Je referme la porte et c'est alors que je vois des traces de pas par terre. Des traces de pas qui ne sont pas recouvertes par la poussière. Des traces de pas qui se dirigent sur la gauche, qui s'arrêtent devant le mur et qui font demi-tour pour revenir vers la porte. Quelqu'un est venu ici récemment. Et ce quelqu'un a un grand intérêt pour le mur. Je rouvre alors la porte et entre dans la chambre. Je me dirige vers le mur violet pâle et m'arrête devant. Je trouve facilement une petite plaque de la même couleur que le mur. Je tire pour la retirer mais elle est bloquée par une étagère replie de livres. J'entreprends donc de décaler l'étagère, ce qui se révèle être impossible car elle est trop lourde. Je décide d'enlever une partie des livres pour que je puisse la déplacer plus facilement.

Après avoir vidé le premier étage, une pile de livres s'est créée au milieu du bureau. Je commence à vider le deuxième étage quand un ouvrage plus gros que les autres attire mon attention. Je le tire et l'ouvre rapidement, mais rien d'intéressant n'y est consigné, c'est un livre de famille. Je cherche quand même rapidement le nom de famille Martin mais je ne le trouve pas, j'en déduis donc que ce livre n'est pas à cette famille et le pose, à côté des autres livres sur le tapis au centre de la pièce. Je finis de débarrasser le deuxième étage de l'étagère et quelques minutes après, le tapis est recouvert de livres poussiéreux en tous genres, du livre de famille aux recettes de cuisine, en passant par des vieux romans et un livre explicatif de la Sécurité. Ce dernier livre me fait rire car quelqu'un a décidé d'écrire un livre pour expliquer la Sécurité alors que leur fonctionnement se résume en deux phrases : "Faire le plus de place en tuant ceux qui n'ont pas de pouvoir. Toutes les méthodes sont autorisées."

Le mystère des lettresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant