Chapitre 7 - Souvenirs

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Je suis bouche bée devant ma découverte. Alors Damien disait vrai, je suis l'arrière-petite-fille de Lina. Tout prend forme dans ma tête, les pièces du puzzle s'assemblent enfin : l'arrière-petit-fils de Lina n'est autre que mon grand frère, Alec ! Et Damien était en possession de ce livre qui me révélait une partie de mon identité, c'est certainement ce pourquoi il me le cachait.

J'entends des pas dans l'entrée. Je ne bouge pas, d'autant plus que le parquet grince à chaque pas et que je ne souhaite pas que Damien sache où je suis. Même si je n'ai rien à faire dans sa chambre, c'est le moyen le plus sûr de gagner du temps. Pendant de longues minutes, la maison est totalement silencieuse, sans vie. Je retiens mon souffle du mieux que je peux mais l'angoisse qui me noue l'estomac me rend la tâche difficile.

"- Aryanne ? Tu es là ?"

Seul le silence lui répond. Je reste muette et immobile. Je l'entends s'approcher des escaliers.

"Aryanne ? Non mais c'est pas possible ! Elle est partie en plus ! Je n'y crois pas... Je lui ai dit de rester ici pourtant ! Quel esprit de contradiction quand même..."

Un sourire se dessine sur mon visage malgré moi. Il n'arrête donc jamais de râler ! Je l'entends sortir de la maison. Je me décide alors à ranger ce livre et à descendre, mon absence commence à l'énerver et rien ne sert de l'avoir en colère pour ce que je vais devoir lui expliquer.

"- ARYANNE ? Mais qu'est-ce qu'elle est partie faire ? ARYANNE ?
-Pas besoin de crier, tu sais, aux dernières nouvelles je ne suis pas sourde." lançais-je d'un ton cinglant.

Mon intervention le fait se retourner immédiatement. Il m'observe de haut en bas, puis ses yeux se posent sur mon visage, semblant chercher une raison de s'énerver. Je ne lui en donne aucune et maintiens ce duel de regard qu'il vient de lancer. Ses yeux verts semblent atteindre mon âme et sonder jusqu'à la plus infime de ses parties. Mes sentiments défilent sous ses yeux tel un enchevêtrement de couleurs, de lumières et de formes. Ma vie se dévoile lentement. Je me concentre sur ses yeux et je ferme mon esprit. Ces magnifiques yeux verts feraient rougir les filles des Villes et rendraient jaloux plus d'un. Ils sont hypnotisants et donnent l'impression d'être aussi vastes que le ciel, mais ils font remonter en moi des souvenirs que j'espérais enfouis à jamais. Par ces yeux, j'ai le sentiment de revoir mon frère. Depuis que je les observe, ils me paraissent de plus en plus familiers. Finalement, je découvre que ce regard pétillant ressemble étrangement à celui d'Alec. Ce douloureux souvenir me provoque une vague de larmes, que je peine à retenir. Puis, à bout de force, je détourne mon regard et ferme les yeux. Je refoule les larmes et déglutis, la gorge serrée. Lentement, je me tourne et avance vers les escaliers. Je ne sais pas où aller alors je vais, comme toujours, m'enfermer dans ma chambre. Je m'apprête à monter la première marche lorsque Damien attrape mon poignet droit. Il me tourne doucement pour me faire face.

"- Désolé Aryanne. Je lui ressemble c'est ça ?"

Je hoche simplement la tête. Il a dû voir Alec en photo dans le livre, je ne m'étonne plus de tout ce que Damien sait sur moi. Il lève son bras libre et pose sa main sur ma joue gauche. Précautionneusement, il essuie une larme qui, malgré moi, a dévalé ma joue. Il me lâche le poignet et passe sa main dans mon dos. Il me tire contre lui comme pour me réconforter et me chuchote à l'oreille :

"- Je ne t'en veux pas d'être allée dans ma chambre, tu avais besoin de preuves par rapport à ce que je t'avançais... Et ça t'as permis de revoir ta famille. En tous cas je te félicite d'avoir trouvé la cinquième lettre de Lina, ton arrière-grand-mère...
- Je suis désolée... Je... Je voulais pas parler de Lina avec toi... Je..."

J'éclate en sanglots sur l'épaule de Damien. Il me caresse toujours la joue avec son pouce, ce qui m'apaise.

"- Eh, calme toi, ce n'est pas grave, je t'assure. Il m'arrive de m'emporter mais je ne veux pas que tu aies peur de moi d'accord ?
- Je veux pas remettre ça sur le tapis, mais tu ne me fais pas confiance encore... Comment pourrais-je ne pas te craindre ?
- Je comprends. Écoute, la confiance viendra avec le temps, pour l'instant oublions juste toutes ces histoires de confiance et de tests, ça te va ?
- Je... Oui..."

Le mystère des lettresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant