Abraxas •° jιмιn

Lotto

“Je n'ai pas besoin d'argent.
J'ai seulement besoin de toi.
Je te désire tellement.”
Exo.

Mes pas semblaient confiants, la moquette rouge disposée au sol les amortissaient.
Cet endroit, éclairé de partout, dans lequel, les bruits des machines, l'alcool et la transpiration se mariaient parfaitement.
Je me sentais terriblement à l'aise dans ce genre d'atmosphère.

Mon costume tombait impeccablement, sa couleur, un noir corbeau, faisait ressortir les couleurs de mon visage.
Cette teinte sombre faisait aussi contraste avec sa longue robe rouge, elle même assortie à son rouge à lèvre, puissant et sanglant.

Elle était assise à la table de poker, elle jouait au milieu de tous ces hommes qui la dévoraient du regard.
À leurs yeux, elle était comme l'as de coeur, doux et réconfortant, vermeil avec de jolies courbes symétriques.
Pour moi elle symbolisait l'as de pique. Puissant et indétrônable, fourbe et farouche.

De mon côté j'étais son trèfle.
Mais pas celui à quatre feuille qui porte bonheur, non. Celui qui a simplement trois pétales, il semble inoffensif et sans valeur.
Je ne lui apportais pas le karma, je ne lui donnais pas les bons numéros du tirage du soir.
Pourtant, j'étais indispensable.
Dans la pelouse verdoyante je ne me détachais pas du lot mais mon rôle était primordial.

Son sourire satisfait se forma lorsqu'elle croisa la lueur de mes pupilles.

«JiMin chéri, vient donc me rejoindre...»

Tous les mâles qui étaient attablés avec elles me dévisagèrent.
Je savais tous qu'ils me jalousaient.
Ils m'enviaient pour ce que je n'étais pas.
Des lasers auraient pu sortir de leurs globes oculaires.

J'obeïssais alors à sa voix et vint jusqu'à elle.
Toujours la place la plus excentrée, la moins proche des caméras.
Elle se leva, me laissant son siège, puis s'installa sur mes genoux.

Plusieurs paires d'yeux étaient braquées sur nous, tel les projecteurs le sont sur la star ou bien les objectifs sur les acteurs.

«J'espère avoir un peu de chance... Ces joueurs sont vraiment doués...»

Elle continua son cinéma quelques minutes durant.

Quand ses lèvres rougeâtres vinrent rencontrer les miennes, sa main passa dans le col de ma veste.
Et c'est ainsi, de ses fins doigts peints de bordeaux, qu'elle prit possession de la fausse carte cachée.

Elle misa tout ses jetons et, les autres pensant que ce n'était que du bluff, la suivirent avec une once d'insouciance.

Elle dévoila son jeu et les pluma tous sans exception.
Elle simula alors la joie extrême d'une pauvre débutante, comme si elle n'était qu'une pucelle des jeux et que c'était la première fois pour elle.

Satisfaite de son gain, elle cessa de jouer et insista pour remercier ces personnes avec lesquelles elle avait passé un peu de son temps.

Ma démarche toujours confiante, nous repartîmes avec le jackpot et en tant que pourboire les portefeuilles pleins des dupés.

Et c'etait sans cesse ce même cinéma qui se répétait.
C'est comme ça qu'on gagnait notre vie, elle et moi.