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Nous sommes dans les rues noires de la capitale, essayant de ne pas se faire repérer car, bah, on tient à la vie.
Je comprends maintenant son comportement de toute la journée. Elle n'a cessé de me cacher tout ce qu'on allait faire, mais elle avait cette lueur d'interdit dans les yeux.
J'aurais dû m'en douter. M'en rendre compte.

Nous marchons tête baissée tout les cinq. Je comprends aussi pourquoi elle nous a dit de nous habiller en sombre et de prendre un sweat à capuche. J'aurais dû la questionner. Peut-être même la torturer

- C'est étrange. Nous souffle Leo quand on passe à quelques dizaines de mètres du lycée, regardant au loin les élèves y entrer.

Je ne le leur dirais jamais parce que j'ai trop d'égo, mais je suis littéralement fascinée par ce spectacle.
Ils sont habillés tout de noir, gris, marron, bleu foncé enfin que des couleurs sombres, super joyeux les gars. C'est clair que moi à côté avec mon haut rose, je suis pas hyper discrète.
Ils sont livide. Leur peau est étrangement pâle, presque blanche. C'est dur de les décrire plus, dans le noir je vois plutôt mal. Ils boivent, fument et n'ont pas de sac. Des cancres, on dirait un putain de cliché sérieux.
Quel est l'intérêt d'aller en cours au juste là ?
Ils sont presque tous adossés au mur, certains ont dégotés, rafistolés des motos. Les diurnes n'ont pas beaucoup de motos, jugées trop, eh bien je ne sais pas trop en fait. Ca donne une mauvaise image d'un diurne et il fallait qu'on leur laisse quelque chose, vu qu'ils n'ont pas le droit aux voitures.

- C'est fascinant ! Renchérit Gaëlle un sourire aux lèvres, les yeux ronds.

Nous nous échangeons un sourire espiègle compris. Même si je lui en veux pour ça, ça nous fait délirer qu'on pense toujours la même chose. Ce spectacle est incroyablement inédit et totalement interdit. Cela dit, on a vraiment l'air de voyeurs, c'est dérangeant.

- Il est qu'elle heure ?

Je tourne la tête vers Pauline qui chuchote sans quitter les jeunes des yeux, sort mon portable et remarque que j'ai des messages de mes parents qui me demandent comment se passe ma soirée.

"Génial papa ! À vrai dire nous sommes enfermés dehors et si tu le dis à ton patron il vas nous jeter tous les cinq en prison ! Bonne nuit"

Non, je ne vais pas écrire ça.

Je tape sur mon portable :

"Oui, très bien. Gaëlle, Neli et Pauline sont légèrement éméchés. Bonne soirée à vous"

- 2h48.

- On bouge ? Demande Neli en se levant.

On le suit et nous retournons nous balader dans la rue, essayant de se fondre dans la masse. Malgré nos efforts, on doit avoir l'air très louches emmitouflés comme on est car plusieurs personnes nous lancent des regards de travers. Mais nos peaux ont l'air tellement sombre à côté des leurs que sans ça, on se ferait repérer en deux secondes chrono.

Je reste avec Leo un peu à l'écart et nous contemplons de nouveau la Seine en marchant.

- Avant, il y avait des lumières qui illuminaient les couples assis sur les bancs.

Je souris et balance ma tête en arrière en réfléchissant. C'est à moi de jouer, de faire rêver plus que lui.

- Avant, les lumières scintillaient sur la Seine qui était si propre, si pure qu'on pouvait s'y baigner.

Il pouffe légèrement et moi aussi, ayant du mal à imaginer l'eau autrement que polluée et remplie de déchets.

- Avant, on aurait pu sortir la nuit sans que ce soit illégal et contempler les étoiles. Me murmure t il en me pointant le ciel du doigt.

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