Le Paradis Fantastique

Chapitre 1: Dure rentrée

On y a tous réfléchi. On a tous déjà eu cette pensée. Celle de vouloir tout arrêter parce-que nous pensions que ce monde ne nous correspondait pas. Cette envie de croire que ce serait plus simple, ou juste merveilleux, si nous franchissions le cap et que nous entrions dans un autre monde, par le biais du suicide. Et aussi, cette manie idiote de croire que nous seront pardonnés car le meurtrier et la victime meurent ensemble. Mais imaginez-vous un seul instant les conséquences d'un tel acte? Pour quelle raison? Un amour non réciproque, un manque extrême d'argent, la perte d'un proche? Soyez surs que si vous décidez de visiter le "paradis fantastique", il n'y a aucun retour possible.

Quelque-part en France, 6H45 du matin. Le radio-réveil vient de cesser les belles illusions nocturnes et le repos d'un jeune homme. Ce n'est cependant que 10 minutes plus tard que celui-ci s'étire et sort de son lit, guidé par une fatigue indescriptible. Il s'agit d'un étudiant en mécanique nommé Gabriel, d'un niveau ni trop faible, ni trop élevé, plutôt classique, un élève banal en soi. Il ne prit pas le temps de déjeuner, se contentant de mettre des gâteaux sélectionnés au hasard dans son sac avant de s'habiller et de partir prendre le car.

Une fois arrivé à l'abri-bus, il retrouva avec enthousiasme sa bande d'amis. Gabriel s'approcha, le sourire aux lèvres et leur serra la main. Une voix masculine s'éleva alors de la petite bande. "Salut mon frère." Frère de cœur. Un grand gaillard s'avança. Il s'agissait de Thomas, le meilleur ami de Gabriel. Les deux partageaient les mêmes goûts en matière de musiques, de jeux vidéos, et autres. Cependant, même si il faisait preuve de loyauté envers ses amis et était digne de confiance, il n'hésitait pas a dire ce qu'il pense, avec franchise, même si cela blesse son interlocuteur. Ce qui lui vaut d'être souvent seul, lorsqu'il n'est pas avec ses amis de longue date.

-Ça va mieux depuis hier? lui murmura t-il, je sais qu'en ce moment chez toi c'est un peu chaud
-Oui ne t'inquiète pas, répondit Gabriel, pas la peine d'inquiéter les autres membres du groupe avec mes problèmes personnels
-T'inquiète pas, personnellement, tu ne m'embête pas et si t'as besoin de parler je suis la !
-Merci mec
Puis, tournant la tête vers le reste du groupe, il s'approcha, toujours en arborant son sourire.
-Vous allez bien?
-Oui et toi? répondirent-ils a l'unisson
-Oui merci
Ce oui n'avait rien de sincère, c'est le genre de Oui que l'on répond machinalement, que l'on aille bien ou non, sans même avoir pleinement compris la question. La conversation continua sur des sujets sans grande importance alors que le car arriva. Lorsque Gabriel monta, il entendit les chuchotements des gens sur son passage, certains lui étaient destinés, d'autres non. Lorsqu'il vit que la place a coté de celle de Thomas était prise, il s'assit devant une fille de la bande précédemment citée.
-Ça n'a pas l'air d'aller, lui dit-elle calmement.
-C'est rien, je suis juste fatigué.
Elle s'appelle Chloé, le genre de fille qui s'inquiète trop pour les autres mais pas assez pour elle même. Le genre de personne qui souffre plus que les autres, mais qui malgré tout, s'inquiète davantage pour eux. Elle voyait clair dans l'esprit embrumé de Gabriel mais ne voulait pas le brusquer en le forçant a dévoiler ses problèmes. Le voyage fut long jusqu'au lycée et la bande avait vite remarqué le manque d'enthousiasme de Gabriel, regardant la fenêtre pendant tout le trajet.

Arrivée au lycée, la bande d'amis fut séparée car chacun était dans une classe différente, avec des cours différents dans des salles différentes. Gabriel n'était jamais a l'aise lorsqu'il se séparait de ses amis, mais il n'avais pas le choix, cette fois-ci. Nouvel établissement signifie nouveaux élèves, et nouveaux profs. Aussi était-il stressé a l'idée que rien ne se passe comme prévu, comme n'importe qui le serait dans cette situation.
La sonnerie se déclencha a l'instant même ou Gabriel posa un pied hors du bus. A croire que le chauffeur du bus était lui aussi nouveau, cette année. Thomas se tourna vers son ami et lui dit "N'hésite pas a m'appeler si besoin", avant de s'éloigner rejoindre sa classe de programmeurs. "Je suis ici aussi, si tu veux me parler" surenchérit Chloé, avant d'aller en cours de médecine. Gabriel était donc seul, livré a lui même alors que le glas signalant le début du premier cours, retentit avec fracas dans tout l'établissement. Il s'avança jusqu'à sa salle de classe, inspira un grand coup et... ouvrit la porte.

Tout les regards se tournèrent vers lui. Élèves et professeur le regardèrent fixement. Quelques rires et chuchotements se firent entendre parmi la foule d'étudiants. Mais c'est finalement le professeur qui brisa le silence.
-Qui êtes vous, jeune homme?
Gabriel répondit en bégayant:
-Je... Je m'appelle Gabriel... Gabriel Kovalsky.
-J'imagine que vous avez une raison valable pour votre retard? demanda froidement le professeur.
-Je suis nouveau, répliqua Gabriel d'une voix hésitante.
Le professeur le fixa longuement du regard, avant de porter ses yeux sur le reste de la classe. Puis il regarda Gabriel de nouveau avant d'ajouter:
-Vous êtes tous nouveaux. Vous êtes de la même classe. Et vous vous devez tous, d'arriver à l'heure. Allez vous asseoir a présent, nous avons perdu assez de temps comme cela.
Gabriel alla donc s'asseoir silencieusement a une place libre. Il entendit toujours les rires et les chuchotements de ses nouveaux camarades. S'en suit ensuite un premier cours dans une atmosphère glaciale.