Chapitre 3: La chute d'un ange

42 10 2
                                    

Après s'être précipité hors de cette maison des horreurs, les deux acolytes tentèrent de retrouver leur calme. Ils suaient a grosses gouttes et leur respiration était saccadée, tremblante, et irrégulière. Ils se regardèrent, droits dans les yeux et n'eurent même pas besoin de se parler pour savoir qu'ils venaient de commettre une énorme erreur en pénétrant dans l'édifice. Le silence était oppressant et, après une longue hésitation, l'un des compères prit la parole.

-C'était quoi ce truc?! hurla Thomas, en essayant de retrouver une respiration calme.
-Je sais pas ! Mais pourquoi t'es allé dans cette pièce ? on était censé se contenter de sortir !
-Je ne sais pas, j'ai vu de la lumière à l'intérieur et...
-Y avait pas de lumière ! rétorqua brutalement Gabriel.
-Je sais quand même ce que j'ai vu, ne commence pas à croire que je suis fou !
Les esprits continuèrent de s'échauffer lorsqu'après un court moment, ils furent rapidement calmés par une sirène. Une sirène d'ambulance assez lointaine, mais qui, néanmoins, demeurait audible. Le duo se regarda nerveusement et courut à en perdre haleine à la sortie du bois. La sirène qu'ils avaient entendu fut bientôt noyée sous la sirène de plusieurs voitures de police, toutes semblaient se diriger au même endroit, à savoir, le lycée. Les amis déglutirent de manière synchronisée et se regardèrent a nouveau, les yeux emplis de terreur. Ils pensèrent alors à Chloé, restée seule en cours. Ils coururent alors, comme si leur vie en dépendait, vers leur lycée pendant que des pensées malsaines et de nombreuses questions leur torturaient l'esprit.

Ils arrivèrent quelques minutes plus tard, épuisés et à bout de souffle. Ils virent une marée énorme de professeurs et d'étudiants attroupés autour du lycée. Des gendarmes en service bloquaient l'accès au lycée et apparemment les cours étaient suspendus. Des pompiers et des infirmiers du SAMU étaient présent dans la cour, tendant un filet de sécurité. Tous regardaient fixement en l'air. Lorsque les amis montèrent les yeux afin de voir ce qui captivait autant d'attention, leur sang ne fit qu'un tour. Ils reconnurent Chloé debout sur le rebord du toit de l'établissement, ainsi qu'un individu entièrement noir, dont le corps produisait une légère fumée violette. Les secours hurlaient, tandis que certains élèves, professeurs se retenaient de pleurer à cause du stress procuré par la situation.
-Chloé ! Tu nous fait quoi la ? cria Thomas en se retenant de pleurer.
-Ne le fais pas, sois pas stupide ! hurla Gabriel, encore plus fort que Thomas.
Chloé restait immobile, les yeux vides et le sourire figé, totalement imperméable aux messages de soutien.
Gabriel gronda alors.
-Arrête cette mascarade et descend de la !
A ces mots, il entendit une voix qui lui était malheureusement familière résonner dans sa tête, accompagnée de son écho glacial. La même voix qu'il avait entendu dans la bicoque délabrée au cœur de la forêt.

"Oui, mon cher, elle va descendre"

Il fixa la scène, impuissant. Il vit la silhouette noire chuchoter a l'oreille de son amie, avant de reculer. Quelques secondes après, Chloé prit une profonde inspiration, ouvrit les bras a la manière d'un ange et fit un pas en avant, se plongeant dans une chute depuis le toit du bâtiment. La sombre silhouette humanoïde en haut du lycée semblait se tordre de rire et disparut dans une fumée violette. Tous les visages furent paniqués, impuissants et paralysés par la peur. les équipes de secours s'organisaient a la vitesse de l'éclair afin de déployer le filet de sauvetage en dessous de la pauvre fille. Ils parvinrent miraculeusement à la sauver, mais celle-ci sombra dans l'inconscience. Tous tentèrent de se ruer sur elle afin d'avoir des nouvelles de son état mais les forces de l'ordres les repoussèrent. Seul une poignée d'étudiants réussirent à entrer dans la cour et à approcher. Un brancardier s'approcha de la jeune fille et pris son pouls. Heureusement, elle semblait vivante mais dut tout de même être emmenée a l'hôpital afin de déterminer les causes de son acte et passer des test pour attester de son état, qui avait tout de même l'air préoccupant.

Bien évidemment, le proviseur décréta que les cours étaient annulés pour la semaine. Quelques élèves sans cœur n'y virent que du bénéfice tandis que d'autres furent trop attristés par l'événement pour le commenter. Chacun rentra donc chez soi, en pleine après-midi.
Gabriel entama alors la conversation avec Thomas via téléphone.
-Pourquoi elle a fait ça?
-Je suis aussi perdu que toi vieux, j'ai juste vu une espèce de type bizarre derrière elle...
Thomas renvoya un nouveau message a la suite.
-Tu crois que c'est une tentative de meurtre?...
-Probablement, ce qui est certain, c'est qu'elle n'était pas seule la-haut.
-Mais qui était ce type? Et surtout, qu'est-ce qu'il lui voulait?
Il y n'y eut plus de messages pendant plusieurs minutes. Ces minutes semblaient passer au ralenti, comme si le temps et la réalité avaient été corrompus. Gabriel renvoya donc un message.
-Je vais mener l'enquête, tu me suis?
-J'ai aucune idée de la manière dont tu veux procéder, j'ai juste envie de me reposer l'esprit pour l'instant, désolé...
-Moi non plus... Je suis complètement perdu.
La conversation s'arrêta net. Gabriel venait de rentrer chez lui. Il était seul, face a sa maison. Son cœur battait la chamade car il savait ce qui l'attendait. Il connaissait sa routine. Il connaissait son père. Il savait a quelle point la situation était chaotique. Il tremblait malgré l'habitude. Il fit un pas en avant. Puis un second. Puis continua d'avancer jusqu'à rentrer dans sa maison. Lorsque la porte s'ouvrit, il se dirigea discrètement dans sa chambre, car par miracle, son père dormait. Il se laissa tomber dans son lit et fixa longuement le plafond.

C'est alors qu'il reçut un SMS envoyé depuis le téléphone de Chloé. Gabriel fixa son téléphone, les yeux exorbités. Impossible qu'elle se soit remise en état en quelques heures après un pareil événement. Le message n'était pourtant qu'une simple phrase. Une phrase banale en soi, qui dans un contexte habituel ne ferait aucun mal. Le message disait:

"Moi, j'y crois :)"

Le message, et l'émoticône souriant suffirent a faire naître une frustration et une rage incontrôlable chez le garçon. Il envoya valser son téléphone contre un mur de toutes ses forces avant de s'effondrer en larmes sur son lit.

 Il envoya valser son téléphone contre un mur de toutes ses forces avant de s'effondrer en larmes sur son lit

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.
Le Paradis FantastiqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant