Chapitre 5: Réaction en chaîne

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Les jours passèrent. Les cours reprirent mais rien ne fut plus comme avant. L'esprit de Gabriel étouffait, suffoquait, se noyait, à cause des paroles que Smiley avait prononcé. Les graines du doute germaient et guidaient toutes ses pensées vers une incompréhension totale. En effet, le monstre, tapi dans l'ombre, contemplait machiavéliquement sa proie dont l'esprit agonisant ne sut plus quoi croire.
Gabriel n'était plus le même, il n'écoutait plus en cours, s'isolait pour manger le midi, et tentait de fuir les conversations. Et ça, Thomas l'avait bel et bien remarqué. Un jour, a l'heure du repas, il s'installa face à lui, pour le fixer du regard et lui demanda, sur un ton dénué de sentiments:

-Ça va?
Gabriel ne répondit pas, il semblait totalement perdu et embrumé. Thomas en profita donc pour continuer.
-J'ai bien remarqué que t'es plus le même depuis ce qui est arrivé a Chloé
Gabriel quitta son regard vide afin de soutenir celui de Thomas.
-Tu ne sais pas ce que j'ai vu, et entendu par la suite, Thomas, annonça l'étudiant, avant de replonger son regard dans le vide.
Ce fut la première fois que le jeune homme appela son ami par son prénom et non par un surnom affectif. Celui-ci fut surpris, mais garda son calme malgré tout.
-Je pourrais dire la même chose, tu sais, y'a un type assez flippant qui voulait que j'aille, je sais pas où pour faire je sais pas quoi...
Gabriel le fixa, les yeux exorbités, un profond malaise s'installa. Un silence de mort. Seul le cliquetis des fourchettes s'entrechoquant dans les assiettes était audibles. Gabriel brisa alors le silence avec un rire nerveux empli d'angoisse et de peine.
-T'as vu Smiley, hein?
Thomas ne put contenir sa stupeur. Il bégaya mais Gabriel continua:
-Toi aussi, il t'as torturé l'esprit avec tout son charabia sur le paradis, hein?
-Oui, mais c'est quand même dingue, je te jure mec ! J'ai essayé de le frapper plusieurs fois mais...
Il soupira avant de se laisser retomber lourdement sur sa chaise.
-Ah, laisse tomber va...

Ils quittèrent ensuite le réfectoire l'établissement sans même finir leur assiette. Gabriel voulait des réponses, son ami également. Il se demandait si, leur duo, ayant réveillé le démon, était le seul a pouvoir le discerner. Il s'approcha alors d'un étudiant mécanicien de sa classe et lui demanda nerveusement ce qu'il avait vu précisément. Celui-ci portait des vêtements sombres et avait la peau très claire. Son look était un mélange de punk et de gothique.

-Excuse moi, Tony, j'aurais aimé savoir, tu as vu quoi précisément le jour où la fille sur le toit a commis sa tentative de suicide?
-Heu... J'ai juste vu la fille en haut du toit, et puis, je l'ai vu tomber, c'est tout.
-Elle était seule en haut? Tu n'as pas vu quelqu'un avec elle? Personne ne l'a poussée, tu en es sur?
-Oui certain, elle était parfaitement seule, mais pourquoi toutes ces questions?
-Pour rien, pour rien...

Les doutes des compères se confirmaient. Ils questionnèrent alors quasiment la totalité des élèves de leur classe avant de se rendre a l'évidence. Smiley, la perfide incarnation du mal était invisible aux yeux de tous. Seul Thomas et Gabriel étaient capables de lui parler. Ils pensèrent ensemble simultanément à Chloé dont l'esprit a du se faire corrompre. L'était-elle également? Pouvais t-elle voir et entendre l'infâme créature? Un lourd silence s'imposa. Voyant l'ambiance glaciale qui régnait, le fameux Tony vint les voir et leur expliqua:

-Vous savez les gars, si vous tenez tant à la voir, vous pouvez lui rendre visite, elle est à l'hôpital Sainte-Marie. En ce moment, tout le monde en parle.

Le duo se figea. La troisième membre de la bande était encore en vie? Smiley aurait donc menti sur toute la ligne? De nombreuses questions fusèrent dans leur esprit et ils décidèrent tout deux d'en avoir le cœur net. Ils décidèrent ensemble de sécher l'après-midi de cours et d'aller rendre visite à leur amie. Ils coururent a en perdre haleine jusqu'à leur destination, et par chance, c'était encore l'heure des visites. Lorsqu'ils entrèrent, le chaos explosa alors à leurs yeux. Les salles d'attente étaient bondées, les infirmiers et les brancardiers couraient dans les couloirs. L'hôpital était bondé. L'hôtesse leur expliqua que de nombreux cas de tentatives de suicide s'étaient répandues dans la ville comme une traînée de poudre. Les adolescents en perdition, et les enfants ignorants étaient les principaux touchés par le fléau. Ils demandèrent à voir leur amie Chloé, et l'hôtesse d'accueil les fit patienter. Plus d'une heure d'attente passa. Une médecin se présenta alors aux jeunes hommes.

-Bonjour messieurs, vous venez rendre visite à Chloé, c'est bien cela? Je suis Aurélia, la médecin s'occupant du cas de votre amie.
Elle avait de longs cheveux bruns et des yeux bleus clairs comme le ciel. Toutefois, elle semblait avoir du mal à dissimuler sa fatigue. L'hôpital était surchargé et les patients arrivaient comme des gouttes de pluie.
Les trois personnes se fixaient du regard. Gabriel se mura dans le silence, tandis que Thomas engagea la conversation.
-Il me semble vous avoir déjà vu aux alentours du lycée, je me trompe?
-Non, effectivement, j'y dépose ma fille et reviens la chercher le soir, selon son emploi du temps.
-J'imagine qu'elle est également étudiante en médecine? demanda t-il, rhéthoriquement, puisqu'il connaissait déjà la réponse.
-Oui, votre amie Chloé est ma fille. C'est pour ça que j'ai lourdement insisté pour m'occuper d'elle personnellement, expliqua t-elle.
Les deux amis n'en revenaient pas, ce fut la première fois qu'ils avaient l'opportunité de parler a la mère de leur amie depuis le divorce de ses parents. Elle poursuivit alors.
-Vous etes Thomas et Gabriel, c'est bien cela?
-Oui madame ! Répondit Thomas en lui indiquant qui est qui.
-Quand sortira t-elle? Demanda Gabriel, brisant son silence.
-Normalement, dans quelques jours, elle sera parfaitement rétablie, répondit la médecin, arborant un sourire de soulagement. En temps normal, je ne vous divulguerais pas toutes ces informations confidentielles, à cause du secret médical, voyez-vous. Mais elle a énormément confiance en vous, alors ne dites rien à personne, s'il vous plait. Ce sera notre petit secret.
Ils arrivèrent à la chambre de Chloé et entrèrent ensemble.
-Chloé, tes amis sont venus te rendre visite, annonça calmement l'infirmière.
Elle était la, devant leurs yeux. Sur un lit d'hôpital, certes, mais vivante !

Des larmes de joie et de soulagement se mirent a perler instantanément sur leur visage. Elle était vivante, et prise en charge par des gens spécialisés et compatissants. Et cela confirmaient un peu plus leurs doutes. Smiley leur avait menti. Le démon n'a jamais réussi à faire entrer Chloé dans ce sordide endroit que semble être son "paradis fantastique". Les trois amis se retrouvèrent alors, échangèrent et se remirent à rire et à discuter sous l'œil bienveillant d'Aurélia. Elle aussi participait a la conversation comme si elle connaissait le groupe depuis toujours. L'après midi se passa donc sans encombres.
Une fois le soir arrivé, les deux amis quittèrent l'hôpital, rassurés. Ils rentrèrent alors chez eux en se racontant les pires scénarios qu'ils avaient imaginés. Mais alors qu'ils furent sur le point de se séparer pour rentrer chez eux, ils aperçurent un visage connu. Connu mais antipathique. L'instigateur de toute cette mascarade mortelle. Smiley se tenait la, devant eux, la tête baissée mais les regardant froidement. Il semblait avoir perdu son sourire malsain, mais regardait à présent le duo avec des yeux emplis de colère et de haine. Il leva brusquement la tête pour les regarder de haut et gronda d'une voix menaçante:

"le temps est venu de brûler !
J'invoque le pouvoir des anciens, afin que je puisse y retourner !
Que les innocents pleurent et que se sème la panique.
Vous finirez tous, TOUS, au paradis fantastique !"

Avant de disparaître dans un nuage de fumée de couleur violet foncé. Il semblerait que le simple fait d'avoir parlé à Chloé avait énervé l'entité. Comme si le dialogue interférait avec ses ténèbres. Comme si une simple discussion, avait réduit son plan à néant. Le duo se moqua alors du charabia qu'il venait de prononcer et l'insulta copieusement. Ils rentrèrent ensuite chez eux, un large sourire aux lèvres. Il semblerait qu'enfin, la peur et la rage aient changés de camp. Enfin, les amis avaient réussi a retourner la situation en leur faveur. Maintenant que leur amie était saine, sauve, et prise en charge par des spécialistes assurant sa sécurité, la mission qui germa dans l'esprit des compères, était de lui rendre justice. Ils voulaient à présent en finir avec Smiley. Les actions qu'avaient entreprises ce monstre psychopathe avaient leur conséquences. Et parmi ces conséquences, on pouvais compter sur la détermination des compères pour arrêter ce massacre sans nom. La guerre était déclarée.


Ce fut le début de la réaction en chaîne.


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