Moi, Hugo Granger-Weasley

Chapitre 9

Je m'approchais de ma soeur, plongée dans un livre dont j'ignorais pour l'instant le titre. Elle ne sursauta pas, et se détourna simplement de sa lecture pour me regarder.

- Salut, dit-elle en souriant.

- Salut, répondis-je sur le même ton. Pas trop fatiguée ?

- Ça va, ça va. Tu sais ce que je lis ? 

- Non, pourquoi ?

- Parce que c'est génial, Hugo. Un des meilleurs livres que je n'ai jamais lu, vraiment.

- Et ça raconte quoi ? demandai-je, intéressé.

- Oh, tu le sais très bien. C'est ton livre. 

Je sentis comme une boule de chaleur pénétrer dans ma poitrine. Je pense que ça me touchais vraiment, mais l'on ne peut pas identifier exactement les sentiments que l'on ressent dans ces circonstances. Alors, je me rapprochais un peu de ma soeur et la prenait dans mes bras. 

- Je t'aime, tu sais ? dis-je en la relâchant.

- Moi aussi, Hugo, moi aussi... tu es toujours là quand papa, maman ou Scorp' ne peuvent pas me parler... me répondit-elle en souriant.

- Toi aussi, tu sais... et... tu sais où est Scorpius ? 

- Dans la cuisine, il prépare à manger pour ce soir. C'est Noël, bientôt... dit-elle un peu anxieuse.

- Je sais, je sais. C'est fou que l'on se mette dans cet état juste à l'idée de voir un peu nos cousins, non ? 

- Oui, je trouve aussi. Bon, au moins il y'aura James. James...

- C'est vrai. Je crois me rappeler qu'il ne supporte pas non plus ses frères et soeurs, non ? Il m'avait dit ça l'an passé.

- C'est pas étonnant, après tout. Albus. 

- Et McLaggen...papa ne va pas supporter. Maman non plus d'ailleurs, ajoutais-je après réflexion. 

- Je ne me souviens pas vraiment de cette histoire. Tu peux me la rappeler ? Si ce n'est pas trop dur, bien entendu...

- Oh, je ne me souviens pas non plus très bien des détails. Tu vois, McLaggen travaillait au Ministère, tu te souviens n'est-ce pas ? On le croisait des fois en y'allant.

- Oui, répondit-elle machinalement.

- Et... à Poudlard, il est sorti avec maman. Enfin... elle l'a fait pour rendre jaloux papa, tu sais, ils faisaient beaucoup ça. Et il se trouve qu'il était toujours "amoureux de maman". 

- Pourquoi tu le mets entre guillemets ?

- Bah, je ne pense pas que ça eut été de l'amour à proprement parler. Papa serait prêt à quitter maman pour elle, tandis que lui ne l'a pas lâchée. Bon, il y'a plusieurs sortes d'attachement, mais tu vois ce que je veux dire. Donc... au Ministère, je crois qu'il était entré dans le bureau de maman et... embrassée de force, disons. 

- Quand même pas...? s'enquit-elle, inquiète.

- Non, non. Papa est arrivé et... à vrai dire... je crois qu'il a assommé McLaggen. St-Mangouste, précisais-je en souriant. Mais bon, il l'avait déjà fait.

- Quoi ?

- Assommer un troll, répondis-je en riant à moitié.

- Eh ben... qu'est-ce que ça va être, ce dîner de famille... au moins, il y'aura James, toi, Scorpius, papa, maman, James, nos grands-parents, Drago Malefoy... enfin les autres quoi.

- C'est vrai, dis-je en sachant qu'un silence s'installerait après cette phrase. 

Un silence entre frères et soeurs. Et ni moi, ni elle n'ignorait que ces silences étaient nos plus précieux moments de parole. 

- Hugo... je pense que tu as oublié pourquoi tu étais venu. Elle rentre à...

- Neuf heures. Merci, Rose. Merci beaucoup. 

Je me levais du canapé et rentrais dans la chambre de mes parents. C'était une belle pièce, dont l'odeur était celle de parchemin neuf et de chocogrenouilles. Encadrées et accrochées au mur des photos magnifiques. Rose et moi bébés, Scorpius et Drago, Harry et eux petits puis adultes, des photos de famille et...deux cartes des fameuses confiseries bondissantes, représentant Hermione Granger et Ron Weasley, reliées par des lianes tracées à l'encre noire. Leur lit, fait de bois, trônait à droite de la chambre. 

Deux heures plus tard, j'entendis ma soeur se lever. Ma mère était rentrée, accompagnée de mon père. 

- Maman ?

- Oui, mon chéri, qu'est ce qu'il y'a ? 

- Je peux te... je peux te parler ? Deux secondes ? 

- Bien sûr. J'arrive, Ron. 

- Ok mais... oui, non mais rien... 

- Qu'est-ce qu'il y'a ?

- J'avais envie... d'être avec toi... mais c'est plus important, ça, donc vas-y.

- Ron... je pars cinq minutes...dit ma mère d'une voix douce.

- Oui, désolé je sais pas ce qui m'a pris, c'est limite égoïste, c'est en ce moment je vais pas hyper bien...

- Non mais maman c'est pas pressé non plus hein, précisais-je, mal à l'aise.

Mon père sourit et poussa délicatement ma mère vers moi. Elle comprit et me suivit, tandis que j'allais dans ma chambre. Nous nous assîmes et elle me regarda longuement. Je savais par expérience qu'elle ne dirait rien si je me taisais. 

- En fait... j'arrive pas à écrire. 

- Mais...

- Je ne suis pas vraiment fier de mon livre. Et l'avis des gens ne pourra rien changer. Le tiens compte plus mais... 

- Mon chéri. Écris. Le plus possible? Écris autre chose si tu veux, essaye de rédiger à nouveau tes devoirs de premières année... mais écris, Hugo

- Mais...?

-  Fais-moi confiance. Hugo. Est-ce que, dans toute ta vie, je t'ai déjà dis quelque chose qui n'a pas marché ? 

Je réfléchi. Je me voyais tout à coup à quatre ans, pleurant dans mon lit à l'idée de sauter une classe. Ça allait bien se passer, m'avait dit ma mère. Ça s'était bien passé. Le jour de mon premier contrôle. Ça allait bien se passer, avait-elle dit à nouveau. Ça s'était bien passé. Le jour de ma première rédaction. Ça allait bien se passer, avait encore dit Hermione Granger. Ça s'était bien passé. Le jour où, petit j'avais voulu descendre un toboggan pour enfant, mais que j'étais resté tétanisé devant les quelques immenses centimètres qui me séparaient du sol. Ne t'inquiètes pas, Hugo, je suis là, je pourrais te rattraper si tu tombes. Ne t'inquiètes pas, Hugo. Ne t'inquiètes pas. Descend, mon chéri. Ça s'était bien passé. Enfin... dans la voiture. Dans la rue. Devant la gare. Dans le café. Dans la gare. Devant le mur. Devant le mur. Devant le mur. Devant le mur.

- Ça va bien se passer, Hugo, dit une énième fois ma mère en me serrant dans ses bras.