Lui :
Mars 2016.
Le corps de cette parfaite inconnue semblait être en parfaite osmose avec le mien.
J'ignore encore l'heure qu'il est, quel jour nous sommes.
Un samedi soir, peut-être même un dimanche matin. Je ne sais pas.
Elisa ? Manon ? Peut-être Claire ? Je n'avais pas prêté attention au prénom de cette fille à la silhouette incroyablement parfaite.
Tout a commencé il y a quelques heures. Comme tous les week-end je suis sorti dans la boîte pour laquelle je bosse. Une fille, puis deux ont commencé à me chercher du regard. A mon plus grand soulagement, aucun de mes amis ne m'avait vu rentrer avec l'une d'entre elle. Je détestais être aperçu aux côtés d'une de mes conquêtes. J'ai toujours préféré que les choses se fassent discrètement.
Au départ, elle désirait uniquement que je la dessine. Elle avait récemment vu mes dessins sur ma page internet.
En y pensant, cela été probablement un prétexte pour parvenir à ses fins.
Après plusieurs minutes à poser gentiment pour moi dans mon canapé, elle avait commencé à gesticuler, à soupirer, puis avait retiré son maillot, puis son jean. Elle avait détaché ses cheveux bruns tout en prenant soin de ne pas me lâcher du regard.
Je n'avais pas réussi à résister longtemps à ses avances. J'étais bien trop faible pour ce genre de choses.
Sa respiration s'était faite de plus en plus régulière, et sa façon de me regarder me plaisait bien plus que cette feuille de papier à dessin qui traînait désormais par terre.
Elle était ensuite venue s'asseoir à califourchon sur moi et m'avait lentement retiré ma chemise.
Je l'avais alors invité dans ma chambre.
Elle m'avait murmuré à l'oreille :
- J'ai tellement, tellement envie de toi Quentin.
La lumière de la ville suffisait à éclairer la pièce et conférait à mon appartement une ambiance de quiétude.
Je déboutonnai mon jean, lui retirai sa culotte sans prêter la moindre attention au genre de sous vêtement qu'elle portait, cherchai d'une main un préservatif sous mon lit et l'enfilai sans grande difficulté et la pénétrai directement.
C'était presque souvent la même chose, le même scénario avec chaque fille. Je ne faisais jamais dans les sentiments, dans le romantisme et la douceur. Je ne m'attardais pas dans les préliminaires. J'étais un brin paresseux, égoïste et fainéant finalement.
On pouvait me considérer comme un de ces macho briseur de cœur, pourtant je n'étais pas cet homme là.
Les femmes savaient toujours à quoi elles s'engageaient lorsqu'elles poussaient la porte de chez moi.
J'étais entrain de retirer son soutien gorge quand elle approcha ses lèvres près des miennes et je détournais le regard :
- Je suis désolé, je n'embrasse pas.
- Je vois. Souffla t-elle d'exaspération.
Elle commença alors à accélérer les mouvements et je ne mis plus longtemps à venir en elle.
Après quelques secondes, la jeune femme se retira et vient se poser à côté de moi.
- Tu voudrais bien me donner un tee-shirt ? Que je puisse dormir sans être entièrement nue dans ton lit.
L'idée avait beau ne pas me déplaire, j'avais omis de dire que je n'aimais pas que mes relations sans lendemain restent dormir chez moi, et encore moins à côté de moi.
Par politesse, j'avais préféré garder le silence.
- Oui sers-toi dans l'armoire.
Je lui montrai du doigts et allumai la lumière de ma table de chevet.
- Demain, libération des lieux à 10h. J'ai un repas de famille.
La jeune femme au prénom toujours inconnu et à la chevelure ébouriffée se tourna et acquiesça.
- Je partirai en même temps que toi.
Elle dénicha un débardeur rose.
- Tu es...
Ses yeux se figea.
- Célibataire.
- Ça fait longtemps ?
Elle enfila le tee-shirt dévoilant une partie de sa poitrine.
Je me racla la gorge.
- Un an, ou bientôt deux. Je ne sais plus.
- Et maintenant ?
- Je profite. Je ne cherche pas la femme de ma vie. Tout ce qui doit arriver arrivera.
Elle soupira.
- Et justement, pourquoi un mec comme toi ne trouve pas ? Tu es plutôt pas mal, tu sais jouer du piano, tes dessins sont de véritables œuvres et ton humour devrait en faire craquer plus d'une !
Je lui répondis de la façon la plus sincère possible en espérant ne pas devoir lui faire une dissertation au beau milieu de la nuit sur ma façon de vivre.
- J'ai besoin d'une femme qui accepte mon passé, qui puisse rire à toutes mes conneries et qui accepte de me laisser cette liberté. Quelqu'un qui puisse comprendre la façon dont je perçois la vie. Qui ne m'imposera aucun rythme, aucune règle. Une femme pouvant être capable de remettre en question toute mon existence et qui aura cette chose qui me donnera l'envie de ne vivre que pour elle.
L'inconnue reprit place dans le lit et se colla à moi.
Je reculai aussitôt.
- Bonne nuit.
- Tu es finalement très humain. Dernière ton allure d'homme insensible. Bonne nuit Quentin.
Je préférai ne pas répondre à ces dernières paroles.Je déteste vraiment les Lundis.
Les week-end ne me permettaient jamais de récupérer les heures de sommeils dont je manquais.
Il était presque 10h lorsque j'arrivais au magasin situé à à peine cinq minutes de chez moi dans un grand parc commercial.
Lorsque je franchis la porte du magasin, Nina la seconde responsable leva la tête vers moi.
- Alors Quentin ! Tes poches sous les yeux viennent de te trahir. Dur week-end ? Dit-elle en branchant l'aspirateur un sourire moqueur en coin.
- Disons que je risque de vider une cafetière. Peut-être même deux, ou trois... répondis-je.Il était 10h lorsque les stores du magasin se levèrent pour entamer ce début de semaine.
Nous étions tous prêt à démarrer cette journée. Sauf moi, qui était voué à passer ma matinée à jouer à l'hôtesse de caisse. Je détestais ça. Malheureusement comme tous les Lundis, et à mon plus grand regret, notre caissière était en repos.
J'étais entrain de compter la monnaie de la caisse lorsqu'une voix m'interpella.
- Bonjour, excusez moi de vous déranger...
Je me retournai aussitôt et fis face à une jeune femme aux longs cheveux blonds et au visage doux.
- Bonjour Mademoiselle, je peux vous aider ?
Elle me tendit une pochette plastique et détourna son regard, visiblement elle semblait gênée.
- Il me semble que vous recrutez pour la saison, alors je me suis permise de venir déposer ma candidature.
Elle me souriait gentiment. Je ne savais pas à cet instant ce qui était le plus beau, la couleur de ses yeux ou son sourire.
Je détournai à mon tour mon regard d'elle.
- Très bien. Votre prénom ?
Je pris un stylo afin de le noter sur un post-it.
- Lou.
Je releva la tête.
- Lou ? C'est un diminutif ou c'est...
- Non, c'est juste Lou. Dit-elle en rigolant.
Soudain, Nina arriva en caisse et nous coupa la parole.
- Quentin, j'ai un client qui a une réclamation concernant un vélo...
Lou la regarda puis me remercia de la tête et repartit aussitôt d'un pas assuré.
Il venait de se passer quelque chose.
La fréquence de mon rythme cardiaque venait de me trahir.